Par Raouf KHALSI
Consultation nationale, consultation électronique, « guillemets », pas guillemets, tout cela n’est que pure phraséologie.
Sans doute « ce que veut le peuple », tient-il à la clarté, revendication légitime, dès lors que le paysage politique ne cesse de s’assombrir, et cela fait que nous sommes en plein dans les équations à plusieurs inconnues, sinon que nous pataugions en plein dans des dilemmes drapés de mystères aussi. A la limite, c’est du pur pléonasme.
D’ici le 20 mars, le rang des sondés ira certainement crescendo. Atteindra-t-on, cependant, le cap des 2 millions 700 mille votants ayant propulsé Saied à Carthage ? Là, tout dépendra de lui.
Il est certain que, à choisir entre le parlementarisme ruineux de ces dix dernières années et le retour au régime présidentiel, nostalgiques, les Tunisiens opteront pour leur roman des origines.
Sauf qu’ils ne sont pas près de donner de blanc-seing, ni de renoncer (paradoxal) aux seuls vrais acquis de la révolution. Et, encore moins, à l’Etat de droit, seul rempart contre la personnification du pouvoir.
Un jour, tout juste après le 25 juillet, Saied s’est écrié, imitant De Gaulle dans une réplique célèbre à l’endroit de Beuve-Mery, fondateur du journal Le Monde : « Pourquoi voulez-vous qu’à cet âge, je m’improvise dictateur !».
Nous doutons que Saied soit tenté de franchir « le rubican ». Mais il ira jusqu’au bout de « son projet » pour le pays : ça c’est certain.
Sauf que le peuple « veut » aussi que se manifeste le rassembleur. Le leader. L’homme qui n’exploite pas les divisions des Tunisiens.
La consultation cimentera-t-elle une vision constructive et uniforme sur les sujets brulants du pays ? Les problèmes ne sont-ils que politiques ? Et les avatars socioéconomiques qui se dressent tels des épouvantails sur le chemin du gouvernement Bouden ?
Si le Président plane, Najla Bouden est en train de se battre pour trouver des issues à la crise. On a bien vu à quel point les salaires du mois de janvier ont exacerbé les passions, puisque les fake news ont provoqué une véritable déferlante, ce qui n’est pas pour apaiser les tensions sociales. Et, alors, sans faire dans le négativisme, on verra ce que donnera cette consultation, même si elle prend les allures de plébiscite avant même que ne se meuve le référendum. De Gaulle aussi le faisait. Mais le plus urgent, c’est de permettre à Najla Bouden d’être dans son rôle. Qu’on cesse de lui faire de l’ombre…