Par Raouf KHALSI

Le Sieur Montesquieu, théoricien de la  « Séparation des pouvoirs » n’a plus bonne presse aux yeux de Kais Saied. Nous sommes, en effet, dans un Etat d’exception, et cela déplait forcément aux démocraties occidentales. C’est, dès lors, un bombardement dans les règles, au nom de la sempiternelle démocratie. Mais c’est, quand même, selon la règle des deux poids deux mesures. Qui, dans les démocraties occidentales, ose se frotter au Pharaon égyptien ?  Un pays comme la France, des temps de François Hollande, s’est empressé de lui fournir ses Rafales, avions de chasse hautement performants. Un régime militaire, qui n’a rien de démocratique a, en effet, besoin d’être chouchouté…

Il se trouve, néanmoins, que la démocratie est flexible dans ces pays qui s’en arrogent le monopole. Et la démocratie qui, apparemment, leur sied le mieux, c’est la démocratie de la mouvance islamiste, celle bâtie sur les assassinats politiques, sur la pléthore des instances constitutionnelles, toutes taillées sur mesure pour exécuter un certain agenda.

La constitution de 2014 a ceci de spécifique, c’est qu’elle a été noyautée par les instances qu’elle a elle-même enfantées. Et, lorsqu’on y ajoute un code électoral savamment orienté pour favoriser l’émergence d’une paralysante ploutocratie, la démocratie elle-même s’en retrouve défigurée. Sinon, figée et privée du sens de l’ascèse, de l’éthique constitutionnelle.

Depuis l’activation de l’article 80, puis le décret 177, Saied n’a plus de contrepoids à son arrogante conquête du pouvoir absolu.

Le pays pouvait-il continuer à s’enliser sous le joug d’une caste l’ayant asservi ?

En tous les cas, on le voyait venir : Kais Saied s’est fait un point d’honneur à démanteler, l’une après l’autre, ces instances ayant fonctionné comme des loges secrètes, hormis un discours de façade.

Sans doute, dans son puritanisme victorien, Saied pousse-t-il l’ascétisme à des limites qui font qu’il est, aujourd’hui, dépeint comme « un dictateur en herbe » par les amis occidentaux qui épient le moindre de ses mouvements et qui brandissent leur épée de Damoclès (le FMI) sur la tête du gouvernement.

Et, alors, on voudrait comprendre : faut-il que la corruption continue de sévir pour que les donateurs internationaux nous gratifient de leurs largesses ?

La dissolution du Conseil supérieur de la magistrature peut-elle constituer une pierre d’achoppement ?

Une justice au service de la démocratie peut-elle continuer à occulter les hauts faits des assassinats politiques ? Saied prend sur lui de lever ce voile de mystère sur les forces occultes ayant dispersé le dossier Belaïd