Durant des mois, cette affaire a défrayé la chronique. C’est que le personnage central qui y est accusé n’est autre qu’une star de la chanson tunisienne. Avec lui, d’autres personnages ayant pignon  sur rue.

Un premier temps, Nour Chiba a été suspecté d’avoir constitué une association de dealers. L’imagerie populaire n’y est alors pas allée de mainmorte.

Après les investigations de la Brigade des stups, le parquet émit un mandat d’écrou à l’endroit de tous les prévenus.

Sauf que, pour une fois, les tribunaux ont fait preuve de célérité, et cela fait que l’affaire a été rapidement traitée (ce qui a donné lieu à un autre flot de suspicions) et, finalement, le Tribunal de première instance de l’Ariana a décidé le non-lieu en faveur des prévenus et qui ont été aussitôt remis en liberté.

Au delà de cette affaire, de ses tenants et aboutissements, nous sommes, certes, face à un cas d’espèces, mais ce sont les avatars de l’article 52 qui ressurgissent.

Là, il ne s’agit plus de l’affaire Nour Chiba et de ses « compagnons d’infortune ». Puisque, dès lors que le Tribunal a prononcé un non-lieu, c’est qu’aucune charge n’a été retenue contre eux.

Il y a juste à rappeler que feu le Président Béji Caid Essebsi avait proposé la dépénalisation de la consommation de cannabis, juste en faveur des consommateurs qui s’y sont donné une première fois, mais sans mesures de clémence pour les dealers. Le projet n’a pas été adopté, sans doute par fausses pudeurs.

Parce que, finalement, cet article 52 et la loi sur les stupéfiants, sont tout simplement outranciers. C’est le régime Ben Ali qui l’avait mis  en place, à la suite de l’affaire « Couscous Connection » dans laquelle était accusé son défunt frère, Moncef.

Depuis, les prisons regorgent de consommateurs qui se font avoir, alors que les dealers courent allégrement.

Aujourd’hui, sur les 23 mille détenus dans les prisons tunisiennes, le tiers est représenté par des prévenus dans des affaires de drogue, dont la plupart en instance de jugement.

Pour un simple joint, des jeunes voient leur avenir et leurs études compromises. Généralement, la peine est d’un an d’emprisonnement (la loi dit deux) et mille dinars d’amende. Pour les dealers et ceux qui gèrent des réseaux, c’est ,au minimum, vingt ans.

Sauf que le projet BCE entendait tendre la main et donner une chance de réhabilitation aux simples consommateurs « primaires ».

Nour Chiba et les autres prévenus dans la même affaire ont bénéficié d’un non-lieu. Mais ils ont, quand même, été entraînés dans la boue. C’est le tribut de la célébrité. Notre propos, cependant, tient à l’impérieuse nécessité de réviser l’article 52, fragment d’une loi liberticide instituée par Ben Ali, juste pour dépénaliser  « Couscous Connection » aux yeux de la France.

Raouf Khalsi