Maire de Paris depuis le 5 avril 2014, Anne Hidalgo est la première femme à occuper ce poste, après Jacques Chirac, Jean Tibéri et Bertrand Delanoë. Après avoir été réélue à la tête de la capitale le 3 juillet 2020, l’élue a été investie par le PS pour être la candidate du parti à l’élection présidentielle de 2022. A moins de deux mois du premier tour de la présidentielle 2022, on vous présente tout ce que vous devez savoir sur cette candidate.
Fuir la dictature franquiste
Née en 1959 en Espagne, Anne Hidalgo vit quelques années dans son pays d’origine, avant d’émigrer en France avec ses parents et sa petite sœur pour « fuir la dictature franquiste et la misère », écrit-elle. La famille s’installe à Vaise, un quartier du nord-ouest de Lyon, où grandit la future maire de Paris. En 1973, alors âgée de 14 ans, elle est naturalisée française avec ses parents.
Le chemin vers la Mairie de Paris
Reçue au concours national de l’inspection du travail en 1982 à l’issue de ses études, elle travaille ensuite comme inspectrice du travail pendant près de dix ans, avant de s’engager en politique. En 1994, elle prend sa carte au Parti socialiste, et ne le quittera plus. Entre 1997 et 2002, elle occupe plusieurs postes au sein de cabinets ministériels, dans le gouvernement de Lionel Jospin.
En 2001, elle se présente aux municipales dans le 15e arrondissement et devient conseillère de Paris. Elle rentre alors au Conseil de Paris, où la gauche – avec l’élection de Bertrand Delanoë à la tête de l’Hôtel de Ville – est pour la première fois majoritaire dans la capitale. Elle est alors nommée première adjointe, chargée de l’égalité femme/homme et du bureau des temps.
Un poste de première adjointe, qu’elle conserve lors de la réélection de Bertrand Delanoë en 2008, désormais chargée de l’urbanisme et de l’architecture. En parallèle, elle est depuis 2004 élue au conseil régional d’Ile-de-France, où elle siège dans plusieurs commissions. Elle démissionnera de ce poste dix ans plus tard, lors de son élection en 2014.
À la tête de la première ville de France
Alors que Bertrand Delanoë renonce à briguer un troisième mandat, Anne Hidalgo annonce dès 2012 son envie de se présenter aux élections municipales de 2014 à Paris. En 2013, elle est officiellement désignée par les militants socialistes pour diriger la campagne municipale.
Le 30 mars 2014, à l’issue du second tour des élections, sa liste est battue dans le 15e arrondissement par celle du maire sortant Philippe Goujon, qui obtient 63,4 % des voix, mais les listes qu’elle conduit dans tout Paris remportent tout de même la majorité au Conseil de Paris contre celles de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Une semaine plus tard, elle est élue par ses pairs maire de la capitale, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. Depuis, elle applique sans sourciller une politique écologiste de gauche, entre réduction de la place de la voiture en ville, développement des équipements cyclistes et augmentation du nombre de logements sociaux.
En parallèle, Anne Hidalgo entretient un réseau à l’internationale et se targue elle-même de «dialoguer depuis de nombreuses années avec les chefs d’État du monde entier». Elle préside l’Association internationale des maires francophones et devient, entre 2016 et 2019, la première femme à présider le C40, réseau qui regroupe les 100 plus grandes villes du monde. Un réseau qu’elle juge être «une force pour faire entendre la voix de la France, en Europe et à l’international».
Vivement critiquée sur sa politique, y compris par des non-Parisiens, Anne Hidalgo souffre d’une mauvaise publicité sur les réseaux sociaux. En 2021, le mouvement «Saccage Paris» – qui s’évertue à dénoncer la mauvaise gestion de la capitale à coups de photos de rues sales – prend une tournure politique, relayé par les élus de l’opposition. Une vindicte populaire qui n’empêche pas l’édile parisienne d’être réélue à son poste le 3 juillet 2020, avec 96 voix sur 163.
Une ambition nationale
En 2020, en l’absence de candidat naturel du Parti socialiste, les rumeurs sur l’éventuelle candidature d’Anne Hidalgo à l’élection présidentielle de 2022 commence à se faire pressente. Mais interrogée à ce sujet, Anne Hidalgo balaie l’idée et promet de se consacrer à son mandat local. En juin 2020, elle assure même devant les caméras qu’elle ne sera pas candidate.
Mais en septembre de la même année, celui qui a piloté sa campagne pour sa réélection à la tête de la mairie, Jean-Louis Missika affirme à Libération qu’il «pense que c’est très contradictoire dans sa tête». Et d’argumenter : «D’un côté, elle a très envie d’inaugurer les JO et une carrière internationale lui conviendrait bien, mais si j’en crois l’histoire récente, quand on est maire de Paris, on a souvent envie de devenir président».
Et force est de constater que son ancien adjoint à l’urbanisme avait vu juste, puisque début 2021, entourée d’une équipe de fidèles, Anne Hidalgo crée la plateforme «Idées en commun» et commence à faire de plus en plus de déplacements en région. Dès lors, dans ses discours, elle ne s’adresse plus seulement aux Parisiens mais à tous les Français.
Le 12 septembre 2021, elle officialise sa candidature depuis Rouen. «Aujourd’hui, je suis prête. C’est pourquoi avec cette force chaleureuse qui m’entoure, humblement, consciente de la gravité de cet instant, et pour faire de nos espoirs la réalité de nos vies, j’ai décidé d’être candidate à la présidence de la République française», s’est ainsi exprimée l’édile face à ses principaux soutiens.
« Ensemble, changeons l’avenir »
Le 23 octobre 2021, en marge de son lancement de campagne à Lille, l’élue parisienne distille les premières mesures de son programme présidentiel. Sur le plan économique et social, elle se prononce en faveur d’une revalorisation des salaires, notamment des professeurs, de l’encadrement des loyers, du droit de vote à 16 ans. Elle porte aussi l’objectif d’atteindre l’égalité salariale totale entres les femmes et les hommes d’ici à la fin du quinquennat.
Quatre mois plus tard, et alors que sa campagne peine à décoller, la maire de Paris dévoile son slogan : «Ensemble, changeons l’avenir». «Il n’y a pas de fatalité à vivre un avenir sombre, offert aux extrêmes. Ensemble, nous pouvons mener notre transition écologique tout en relevant le défi social et n’oublier personne», clame-t-elle dimanche 20 février dans un tweet.
Forte du dépôt de ses 500 parrainages mais créditée de 2 % des intentions de vote, elle appelle maintenant les électeurs de Christiane Taubira à se joindre à elle. «Je veux faire changer les choses et qu’on ait un autre avenir possible pour nos enfants. Je ne veux pas qu’on soit réduit à un choix entre réélire un président qui a quand même mis le pays dans cet état», s’est-elle récemment exprimée.
(agences)