La Russie a reconnu l’indépendance des régions prorusses de Donetsk et Lougansk lundi. La déclaration de Vladimir Poutine a immédiatement provoqué une litanie de condamnations de la communauté internationale – à l’exception de la Chine et du Venezuela – suivie par une flopée de sanctions. Tour d’horizon.
L’Allemagne suspend l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2
C’est probablement la sanction la plus symbolique : l’Allemagne a décidé de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2. Le coup d’arrêt, peut-être définitif, de ce chantier pharaonique a été donné par le chancelier allemand lui-même, alors que l’Ukraine réclamait sa suspension à cor et à cri.
Le projet va faire l’objet d’une « réévaluation » politique par le ministère de l’Economie en raison de la « situation géopolitique » nouvelle, a précisé Olaf Scholz. Nord Stream 2 relie la Russie à l’Allemagne via un tube de sous la mer Baltique d’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012.
Promu par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards d’euros, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l’énergie – dont le français Engie. Le projet fait toutefois polémique depuis sa naissance. Le vice-président du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev a réagi sur les réseaux sociaux à l’annonce de Berlin. « Bienvenue dans un nouveau monde où les Européens paieront bientôt 2.000 euros le mètre cube de gaz ! », a-t-il ironisé en allemand.
L’Union Européenne bannit Moscou de son marché
L’Union européenne voulait faire « très mal » à Moscou. Dans cet objectif, les 27 ont décidé d’un « paquet de sanctions » et ce, à l’unanimité précise Jean-Yves Le Drian. Ils vont cibler les relations économiques entre les deux régions et l’Union européenne, ainsi que « la capacité de l’Etat russe et de son gouvernement à accéder à notre marché financier et aux marchés de capitaux européens pour refinancer leur dette », a détaillé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
« Les sanctions cibleront également 27 individus et entités qui contribuent à miner ou menacer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, sa souveraineté et son indépendance », a ajouté Josep Borrell.
Soit « les acteurs du secteur de la défense qui jouent un rôle dans l’invasion » du pays, « ceux qui ont lancé une campagne de désinformation contre l’Ukraine » et « les banques qui financent les responsables russes et d’autres opérations dans ces territoires » séparatistes. Ces mesures de rétorsion pourraient peser sur la valeur du rouble, et par ricochet le pouvoir d’achat des consommateurs russes pour les produits importés. Elles devraient être adoptées dès ce mercredi soir ou jeudi.
Les Etats-Unis attaquent sur trois fronts
Joe Biden a dénoncé le « début d’une invasion russe en Ukraine ». Face à la situation, Washington a décidé d’attaquer sur trois fronts : la dette souveraine, le financement des dépenses militaires à travers deux banques publiques et cinq oligarques proches du président russe Vladimir Poutine. « Nous avons coupé le gouvernement russe, la Banque centrale russe et les fonds souverains russes de tout nouveau financement en provenance des Etats-Unis », a détaillé le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Daleep Singh.
Deux banques publiques russes, Vnesheconombank (VEB) et Promsvyazbank (PSB), sont également visées. La première est la « tirelire » du Kremlin, selon Daleep Singh. Quant à PSB, elle est « cruciale pour le secteur de la défense », a précisé le département au Trésor. Concrètement, « ces banques ne peuvent plus effectuer de transactions avec les Etats-Unis ni avec l’Europe (…) et leurs actifs dans nos systèmes financiers respectifs seront gelés », a dit Daleep Singh. Si la Russie « poursuit son agression », les Etats-Unis sont « prêts à prendre de nouvelles mesures ».
Le Royaume-Uni « frappe très fort »
A l’instar de ses anciens partenaires de l’Union Européenne, le Royaume-Uni n’a pas tardé à annoncer des sanctions à l’encontre de Moscou. Afin de « frapper la Russie très fort », Londres a sanctionné trois milliardaires russes dont les actifs ont été gelés au Royaume-Uni et qui ne pourront plus se rendre sur le territoire britannique.
Boris Johnson a aussi annoncé des sanctions à l’égard de cinq banques russes : Rossiya, IS Bank, General Bank, Promsviazbank et la Banque de la mer Noire. « Il ne s’agit que d’une première série de sanctions économiques britanniques contre la Russie car je crains qu’il ne faille s’attendre à davantage d’attitude irrationnelle de la part de la Russie », a déclaré le Premier ministre. L’ambassadeur de Russie à Londres a par ailleurs été convoqué mardi au ministère britannique des Affaires étrangères.
Le Canada suit ses alliés
Aux prises depuis plusieurs semaines avec une contestation des restrictions sanitaires, le Premier ministre canadien s’est penché vers l’international. Comme une kyrielle de ses homologues, Justin Trudeau a annoncé une « série de sanctions » économiques contre la Russie « jusqu’à ce que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit rétablie ».
Le Canada va notamment « interdire aux Canadiens d’effectuer toute transaction étrangère » avec les territoires séparatistes prorusses de Lougansk et de Donetsk, imposer des sanctions aux parlementaires russes qui ont voté en faveur de la « décision illégale de reconnaître ces territoires » et « interdire aux Canadiens de participer à des achats de la dette russe ». En outre, des « sanctions supplémentaires » seront imposées contre les banques russes soutenues par l’Etat et le Canada va « interdire toute transaction financière avec elles », a-t-il ajouté.
Pas de visa au Japon
Les sanctions de Tokyo comprennent l’interdiction de délivrer des visas aux personnes liées aux « deux soi-disant républiques », ainsi que le gel de leurs avoirs et l’interdiction du commerce avec ces régions. Elles interdisent également l’émission et le commerce d’obligations d’État russes au Japon.
Tokyo a annoncé l’interdiction de l’émission d’obligations russes au Japon, le gel des avoirs de plusieurs personnalités russes ainsi que la restriction des voyages au Japon. « À l’avenir, si la situation empire, nous travaillerons avec le G7 et d’autres communautés internationales pour prendre rapidement de nouvelles mesures », a déclaré le Premier ministre Fumio Kishida.
L’Australie vise les « voyous »
Le Premier ministre australien Scott Morrison a pris pour cible des membres du Conseil de sécurité russe, les accusant de « se comporter comme des voyous ». Huit de ses membres se voient imposer des interdictions de voyager et des sanctions financières.
(agences)