Thème prépondérant dans la campagne et l’un des sujets les plus importants pour les Français, la sécurité fait partie des thèmes incontournables de cette présidentielle 2022. Les candidats ont déployé de nombreuses idées pour l’améliorer. Tour d’horizon.
Emmanuel Macron
Aucun programme n’a été dévoilé pour le président pas encore officiellement déclaré candidat à sa réélection, mais lors d’une visite à Nice, en janvier dernier, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir doubler la présence des forces de l’ordre sur le terrain, avec notamment la création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural.
Il avait aussi annoncé 15 milliards d’euros supplémentaires pour le ministère de l’Intérieur, et le doublement, en cinq ans, des enquêteurs dédiés aux violences intrafamiliales. Il avait également été question de tripler à 300 euros l’amende pour harcèlement de rue et de généraliser les amendes forfaitaires délictuelles pour les délits sanctionnés par des peines inférieures à un an de prison.
Par ailleurs, le bilan sécuritaire d’Emmanuel Macron semble être le point noir de son quinquennat. Selon un récent sondage du « Figaro », 62% des Français jugent, en effet, que son mandat a été mauvais en matière de sécurité.
Marine Le Pen
Marine Le Pen présente dans son programme la volonté de supprimer les possibilités de réduction et d’aménagements de peine, notamment en cas de condamnation pour violences. Les peines planchers pour les crimes et les délits seront rétablies et la perpétuité réelle mise en place.
Une présomption de légitime défense sera accordée aux forces de l’ordre et 85.000 places de prison seront utilisables d’ici à 2027. Le nombre de magistrat devra être doublé, pour accélérer les procédures judiciaires. Les harceleurs de rue seront inscrits au fichier des délinquants sexuels.
Eric Zemmour
Le candidat de Reconquête Eric Zemmour affirme dans son programme vouloir établir des peines planchers pour chaque crime et délit, rétablir la perpétuité réelle, punir légalement toutes violences physiques (même celles considérés comme bénignes) et expulser tous les délinquants et criminels étrangers.
Pour aider la police, il souhaite faire reconnaître la notion de «défense excusable», permettant aux agents (mais aussi aux citoyens) de se défendre sans risque d’être poursuivis s’ils sont agressés, mais aussi simplifier les procédures ou créer une force nationale anti-drogue.
Il veut aussi expulser automatiquement les trafiquants des logements sociaux, supprimer les aides aux délinquants et à leurs parents et permettre aux propriétaires de récupérer un logement squatté en moins de trois jours.
Valérie Pécresse
La candidate Les Républicains Valérie Pécresse affirme vouloir une police municipale armée dans les communes de plus de 5.000 habitants et la création de « brigades coups de poing » dans les quartiers difficiles, qui associeront la police, la justice et le fisc pour lutter contre les « réseaux mafieux ».
Le programme de Valérie Pécresse propose aussi une peine minimale d’un an de prison pour les auteurs d’agressions contre des policiers, des pompiers, des médecins, des élus… Les peines planchers seront de retour pour les multirécidivistes, la majorité pénale sera abaissée à 16 ans et les aides et logements sociaux pourront être utilisés pour sanctionner un délinquant. Les prisonniers pourraient par ailleurs être mis à contribution financièrement pour payer leur incarcération.
Elle prévoit un grand plan Orsec pour la sécurité, avec notamment 20.000 places de prison supplémentaires, le recrutement de 3.000 juges et 2.000 procureurs, le doublement des centres éducatifs fermés ou la lutte contre la violence conjugale et le harcèlement en ligne.
Anne Hidalgo
La candidate socialiste Anne Hidalgo indique dans son programme que des policiers et gendarmes seront recrutés pour des «besoins locaux précis». Ils devront améliorer le lien avec les habitants et seront formés pour combattre les discriminations, le racisme, l’homophobie ou le harcèlement de rue. Un milliard d’euros sera alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes. La protection des droits de l’enfance sera aussi une priorité.
Anne Hidalgo se dit contre le tout carcéral et souhaite recourir aux alternatives à l’enfermement (amendes, travail d’intérêt général, surveillance électronique…).
Christiane Taubira
Christiane Taubira veut consacrer un milliard d’euros à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Pour cela, elle souhaite qu’un enseignement dans ce sens soit réalisé dès l’école.
Son programme ne fait état d’aucun autre point concernant la sécurité.
Yannick Jadot
L’écologiste Yannick Jadot a prévu de rétablir une police de proximité, mais aussi de limiter les contrôles d’identité. Lors des manifestations, la pratique de non-violence ou de désescalade devra être appliquée par les forces de l’ordre et des caméras devront être portées et activées en intervention. Son programme prévoit qu’une conférence citoyenne sera organisée à propos du maintien de l’ordre dans les quartiers populaires et des personnes s’estimant victimes de racisme.
Les peines de prison courtes seront remises en cause, pour favoriser les travaux d’intérêt général et les mesures alternatives.
Fabien Roussel
Fabien Roussel annonce dans son programme vouloir faire du harcèlement scolaire et du cyber-harcèlement une grande cause nationale. Il veut obliger les plates-formes numériques à coopérer avec la police et la justice.
Il a également fait de la lutte contre le trafic de drogue un axe de sa thématique sécuritaire, en promettant des moyens supplémentaires pour la police et la douane. Face à «la montée des incivilités ou des délits», il affirme que 30.000 agents de proximité seront recrutés, pour assurer la «tranquillité publique» et lutter aussi contre les violences sexistes et sexuelles.
Le communiste dit vouloir lutter contre les contrôles au faciès en mettant en place le récépissé (papier indiquant qu’une personne a déjà été contrôlée).
Jean-Luc Mélenchon
Le candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon veut rétablir la police de proximité et supprimer un grand nombre de pratiques. Ainsi, il souhaite démanteler les brigades anti criminalité (BAC) et les brigades à moto (BRAV-M), interdire la reconnaissance faciale, les tasers, les grenades de désencerclement, les lanceurs de balles de défense (LBD), le plaquage ventral, la clé d’étranglement, ou encore la technique de l’encerclement dans les manifestations.
Jean-Luc Mélenchon explique dans son programme vouloir créer une commission sur les violences policières et mettre en place une autorité indépendante pour décider de sanctions disciplinaires contre les agents.
Philippe Poutou
Philippe Poutou veut la suppression de la BAC et des BRAV-M et désarmer la police, en priorité les agents au contact de la population.
Il explique dans son projet vouloir augmenter les moyens à disposition pour accueillir les femmes victimes de violences et pour lutter contre les «LGBTIphobies».
Nicolas Dupont-Aignan
Parmi les 100 propositions du projet de Nicolas Dupont-Aignan pour la France se trouvent l’application et l’exécution stricte de chaque peine pour chaque délit, les peines planchers pour les récidivistes et l’impossibilité qu’elles soient aménagées pour ces derniers.
Les agresseurs de policiers, pompiers ou surveillants de prison recevront eux aussi une peine plancher. Une «tolérance zéro» sera mise en place pour les violences faites aux femmes, avec 72h pour instruire le dossier et deux semaines pour organiser le procès. L’Etat pourra porter plainte à la place de la victime.
40.000 places de prison devront être construites ou aménagées, 30.000 agents des forces de l’ordre et 10.000 personnels administratifs et techniques seront recrutés pour améliorer le fonctionnement des services.
Jean Lassalle
Le projet de Jean Lassalle prévoit la création d’une Unité de réserve communale de sûreté, qui sera composée de volontaires ayant signé un contrat d’engagement et qui aideront la police municipale lorsque le maire en aura besoin (marchés, événements…).
Il souhaite recruter 6.000 gendarmes et policiers et ouvrir 2.000 bureaux dans les quartiers et les bourgs, sur de vastes plages horaires. Il entend aussi construire plusieurs petites prisons, qui permettront d’assurer que les peines courtes soient appliquées et que la sécurité des détenus soit assurée.
Nathalie Arthaud
Le programme de Nathalie Arthaud ne possède aucun point concernant la sécurité.
(agences)