Clara Egger, candidate à l’élection présidentielle 2022, a profité de la projection en avant-première du documentaire sur les Gilets jaunes, lundi dernier (21 février), dans un cinéma du 6e arrondissement de Paris, pour défendre le Référendum d’initiative citoyenne (RIC).
Ce lundi soir au cinéma Les 3 Luxembourg dans le 6e arrondissement de Paris, avait lieu la projection en avant-première du fil documentaire d’Emmanuel Gras Un peuple. Traitant du sujet des Gilets jaunes, un débat s’est tenu ensuite en présence de Clara Egger, candidat Esprit RIC à la présidentielle 2022. Ardente militante pour le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) constituant, cette enseignante-chercheuse de 34 ans est une experte du RIC, sur lequel elle travaille depuis des années avec son époux Raul Magni-Berton, enseignant à Sciences Po Grenoble et directeur de sa campagne. Le programme entier du mouvement est basé sur la volonté de convaincre les autres candidats d’inscrire le RIC constituant dans leur programme et de continuer à faire connaître ce dispositif auprès des élus.
« Les Français sont des Suédois gouvernés par des Bulgares. » A l’évocation de cette phrase, la petite salle du cinéma « les 3 Luxembourg », dans le 6e arrondissement de Paris, éclate de rire. Quelques minutes seulement après la diffusion en avant-première du film documentaire Un peuple d’Emmanuel Gras sur les Gilets jaunes, ce lundi soir, le public comprend parfaitement l’analogie avec les citoyens qui revendiquent une participation démocratique et des dirigeants épris de verticalité.
Présents pour l’occasion, les protagonistes du film, le réalisateur Emmanuel Gras donc, Agnès, Nathalie et Alan, trois des Gilets jaunes de Chartres que le documentaire suit, sont accompagnés par Clara Egger, professeure en relations internationales à l’Université de Groningen (Pays-Bas) et… candidate à la présidentielle 2022.
Les Gilets jaunes pour tremplin
La présence de Clara Egger n’est pas due au hasard ou à un opportunisme électoral, la candidate est invitée en tant qu’experte du référendum d’initiative citoyenne (RIC), l’une des principales revendications des gilets jaunes. « L’idée du RIC est très ancienne, mais les Gilets jaunes ont été un formidable tremplin pour l‘installer dans le débat démocratique », explique l’enseignante-chercheuse de 34 ans, qui se défend d’être la candidate des « GJ » : « Je suis trop respectueuse de l’aspect apartisan auquel tiennent les Gilets jaunes. D’ailleurs, notre mouvement regroupe des Gilets jaunes mais aussi des personnes qui s’y sont fortement opposées. »
C’est l’autre point commun de son mouvement, Espoir RIC, avec les Gilets jaunes : il regroupe des personnes de tous les bords politiques. Pour une bonne raison puisqu’il n’est pas question de parler ici de sécurité, de pouvoir d’achat ou d’immigration, la candidature d’Espoir RIC ne tourne qu’autour du référendum d’initiative citoyen constituant.
Un couple qui a le RIC au cœur
C’est la raison pour laquelle le groupe s’est rapproché de Clara Egger et de Raul Magni-Berton, son époux, professeur à Sciences Po Grenoble : « Raul et moi travaillons sur le RIC depuis des années. Nous avons participé à la définition du projet ensemble et travaillons le plus souvent en binôme, comme pour l’écriture de notre livre RIC : Le référendum d’initiative partagé expliqué à tous (FYP éditions) sorti en 2019. »
Dans cette aventure, Raul Magni-Berton, directeur de campagne, s’occupe de la partie « Idéologie, stratégie et coordination » pendant que Clara Egger endosse le rôle de porte-parole et de représentante : « Je n’avais pas pour but de me présenter. Puis on me l’a suggéré et je me suis dit qu’écrire des tribunes en tant qu’universitaire, c’est bien. Mais à un moment, on peut passer à l’action. »
Compétence et pédagogie, un profil idoine
Le choix de l’enseignante pour candidate ne manque d’ailleurs pas d’arguments : « C’est facile de ridiculiser une initiative et une candidature quand elle est marquée Gilets jaunes, parce qu’ils ont été beaucoup méprisés. Mais, et c’est triste à dire, c’est plus difficile quand c’est quelqu’un qui a un doctorat sur ces sujets. »
L’autre point qui a pesé dans la balance, c’était la volonté du mouvement de mettre en avant une jeune femme, pour montrer que la démocratie, « c’est la promotion de profils qu’on voit moins en politique ». Raul Magni-Berton souligne aussi les qualités d’oratrice de la candidate, non sans une bonne dose d’autodérision : « Nous disons les mêmes choses, mais quand je parle, les gens sont choqués ou ne comprennent pas. Quand elle parle, tout le monde se dit qu’elle a raison et que c’est ce qu’il faut faire. »
Il faut dire que la jeune femme de 34 ans est intarissable et incollable sur le sujet. Passionnée, elle répond à toutes les interrogations et tous les doutes émis par le public sur le RIC avec une assurance et une pédagogie qui doit faire rougir certains de ses confrères enseignants.
Objectif crédibilité pour le RIC
Quelques instants après la projection du documentaire, face à un spectateur dubitatif sur le RIC, Clara Egger assène calmement ce qui pourrait être une punchline de préambule : « On parle souvent des défauts ou des risques du RIC, pourtant on reste myopes sur ceux du système actuel. »
Ensuite, comme un parallèle à Alan, qui dans le documentaire, se désole de voir les politiques exprimer leur peur de voir les Gilets jaunes tomber dans les extrêmes, Clara Egger rappelle que pour le RIC, la ritournelle est la même : « On entend toujours que ça va être le retour de la peine de mort ou une autre berezina. Pourtant les faits sont là. »
La chercheuse peut alors enchaîner les exemples et études comme autant de remparts aux réticences : La Suisse y a recours, plusieurs états des Etats-Unis, l’Uruguay, les Pays-Bas et dernièrement Taïwan s’y adonnent aussi. Et ces pays n’ont pas sombré dans le chaos.
La confiance au peuple
Au contraire même selon Clara Egger : « L’utilisation du RIC produit plus de transferts des riches vers les pauvres, moins de niches fiscales, moins de grands travaux inutiles qui ne servent que la gloire d’élus, plus de droits, notamment pour les minorités. Il faut faire confiance aux gens, ils ne s’intéressent pas qu’à leurs petits intérêts personnels. »
Mieux selon la chercheuse, une étude suisse montre que le fait de pouvoir se prononcer sur des propositions et voter régulièrement, augmente les connaissances et compétences politiques des citoyens. Un effet qui serait semblable à plusieurs années d’études pour les personnes qui n’ont pas atteint le baccalauréat.
Surtout, cette possibilité de participer à la vie démocratique du pays redonne foi aux abstentionnistes d’après Espoir RIC qui publie sur son site de nombreux témoignages. Dans le public du cinéma « les 3 Luxembourg », l’impression est la même pour Sidonie, 21 ans : « Je ne sais pas pour qui voter parce qu’aucun candidat ne me convainc. Mais avec le RIC constituant, je pourrais choisir le moins mauvais, et influencer sa politique par le RIC, en militant. » Pour Clara Egger, le RIC constituant serait une épée de Damoclès sur la tête des élus qui leur rappellerait leur mission, être au service des citoyens.
Convaincre les élus… et les autres candidats
La candidate ne se fait pas d’illusion quant à ses chances d’accéder à l’Elysée. « Ce n’est pas le but, confirme-t-elle même en riant, ce que nous voulons, c’est infuser l’idée du RIC chez les autres candidats pour les convaincre de l’inscrire dans leur programme. » Déjà repris par Charlotte Marchandise et Alexandre Langlois, l’idée intéresse également Jean Lassalle qui avait déjà déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour l’imposer.
La proposition du député des Pyrénées-Atlantiques n’avait obtenu que 6 voix favorables, soit 1 % des suffrages. La preuve du décalage entre les élus et leurs électeurs selon Raul Magni-Berton : « Le dernier sondage IFOP réalisé à ce sujet montre que 73 % des Français y sont favorables. Ceux qui y sont réticents sont les élus et les classes les plus riches, qui sont les seules à se sentir bien représentées. Dans un pays ou la majorité ne représente que 13 % des votants et où un Français sur cinq se pense dans un régime totalitaire, il y a urgence à l’appliquer. »
Armée aujourd’hui de ses seuls 16 parrainages (2 de plus étaient en cours de validation par le Conseil constitutionnel ce lundi), Clara Egger continue de démarcher. Pour obtenir la signature des élus, bien entendu, mais aussi pour continuer de présenter le RIC et convaincre de sa nécessité. Pour la candidate d’Espoir RIC, l’arrivée future du référendum d’initiative citoyenne constituante ne fait d’ailleurs pas de doute : « La question n’est pas de savoir si le RIC sera appliqué un jour, mais plutôt de savoir quand. »
(reportage par Romarik Le Dourneuf pour 20minutes)