S’il y a bien un sujet sur lequel presque tous les candidats s’accordent, c’est sur la nécessité de réformer l’école de la République. Tous affirment que l’enseignement peut et doit être amélioré, mais les avis divergent sur les problèmes du système éducatif français et sur les moyens d’y remédier.
Certains pointent en priorité du doigt la baisse générale de niveau des écoliers, tandis que d’autres souhaitent davantage mettre l’accent sur la lutte contre les inégalités en milieu scolaire, notamment pour les plus défavorisés, ainsi que sur les carrières des enseignants.
Devenu ainsi l’un des sujets les plus importants pour les Français, l’Ecole fait partie des thèmes incontournables de cette présidentielle 2022. Tour d’horizon.
EMMANUEL MACRON
Toujours pas officiellement candidat à sa réélection, Emmanuel Macron n’a pas encore de programme officiel pour 2022. Cependant, le chef de l’Etat a déjà affirmé vouloir mettre l’éducation «au cœur du projet de la nation».
Dans une interview accordée au Parisien en début d’année, il a affirmé que «le temps de l’enseignement en France n’est pas satisfaisant par rapport au nombre d’enseignants embauchés». Le président devrait donc proposer d’une part la revalorisation des salaires des enseignants, mais surtout, une refonte du système pédagogique pour donner «plus de liberté» aux directeurs d’école pour qu’ils puissent mettre en place leurs propres systèmes éducatifs. Cette plus grande autonomie des établissements est actuellement en phase de test à Marseille, où Emmanuel Macron a lancé un grand plan il y a quelques mois, avec comme l’un des objectifs d’y créer «l’école du futur».
VALÉRIE PÉCRESSE
«Malgré l’engagement quotidien de nos enseignants, un jeune sur cinq a des difficultés de maîtrise de la lecture à 18 ans. Nous sommes les derniers d’Europe pour les mathématiques !», s’alarme la candidate des Républicains dans son programme. Elle propose donc, dans un premier temps, d’augmenter l’enseignement du français et des maths de deux heures par semaine. Valérie Pécresse propose également de mettre en place un examen à l’entrée en 6e, et de placer les élèves qui ont des lacunes dans des classes de «consolidation» avec des effectifs plus petits, pour les mettre à niveau. La candidate souhaite également créer une «réserve éducative nationale», composée de profs retraités volontaires, pour proposer aux élèves des heures d’aide aux devoirs gratuites après les cours, et pour remplacer plus facilement les professeurs absents.
MARINE LE PEN
La candidate du Rassemblement national partage le constat selon lequel le niveau dans les matières fondamentales a baissé. Elle souhaite donc «remettre au cœur des programmes» l’enseignement du français, des mathématiques et de l’histoire. Marine Le Pen souhaite également le retour de l’uniforme à l’école primaire et au collège, pour «rétablir l’autorité de l’institution scolaire», et entend revaloriser les salaires des enseignants et repenser leur formation.
Comme de nombreux candidats, Eric Zemmour souhaite renforcer l’apprentissage des matières fondamentales, pour s’assurer que tous les élèves à la sortie de l’école primaire sachent lire, écrire et compter. Il propose en outre de rétablir le Certificat d’études à la fin du primaire afin de mesurer les acquis des élèves avant l’entrée au collège.
L’ancien polémiste souhaite également mettre en place des classes de niveaux au collège, et favoriser l’accès à l’enseignement du latin et du grec.
Concernant les lycéens, le candidat d’extrême droite souhaite supprimer la réforme du baccalauréat mise en place par le gouvernement actuel, pour rétablir les trois filières générales (Scientifique, littéraire, économique), avec un examen final à l’issue de la Terminale.
Eric Zemmour fait également de la lutte contre la prétendue «idéologie LGBT» et le «wokisme» le fer de lance de sa politique sur l’école. Il dénonce notamment des «lobbies qu’il faut chasser de l’école», comme notamment les associations SOS Homophobie ou SOS Racisme.
NICOLAS DUPONT-AIGNAN
Pour renforcer le niveau des élèves dans les matières fondamentales, Nicolas Dupont-Aignan propose d’augmenter de 9h à 15h le temps hebdomadaire consacré au français et aux mathématiques à l’école primaire. Il avance également l’idée d’un usage très limité des outils numériques dans les classes. Il souhaite en outre la mise en place d’un bilan des acquis avant l’entrée au collège, et les élèves qui ne maîtrisent pas les bases de lecture, écriture, grammaire et les opérations de calculs ne pourront pas entrer au collège.
Tout comme Eric Zemmour, le candidat de Debout la France souhaite rétablir l’examen du bac comme il était avant la réforme de Jean-Michel Blanquer, avec des examens finaux écrits et oraux. Selon lui, le système d’admission post-bac Parcoursup doit également être revu et modifié.
JEAN LASSALLE
Jean Lassalle prône l’allègement des programmes scolaires pour se concentrer sur les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter). Il souhaite également que le nombre d’élèves dans les classes d’école primaire diminue, mais également dans les collèges des REP et REP+.
Attaché aux langues régionales et étrangères, le candidat du parti Résistons souhaite que l’apprentissage d’une seconde langue vivante puisse être proposé aux élèves dès l’école primaire. Il entend également promouvoir et encourager les voyages scolaires, à l’étranger, à la campagne ou à la montagne, qui seraient en partie financés par l’Etat et les collectivités locales.
Jean Lassalle voudrait également revenir sur la réforme du bac et en refaire un diplôme national comme il l’était avant.
ANNE HIDALGO
La première proposition d’Anne Hidalgo dans son programme pour l’éducation repose sur la revalorisation des salaires des enseignants, qui seront «portés progressivement au niveau de celui des cadres, en commençant par les débuts de carrière». La socialiste souhaite également que les «valeurs de la citoyenneté et du respect», telles que la lutte contre les discriminations (antisémitisme, racisme, LGBTQIphobie, sexisme), fassent partie intégrante des missions de l’école et des programmes scolaires.
Elle prévoit aussi la fin du système Parcoursup, qu’elle juge «anxiogène», pour créer une autre procédure aux «règles transparentes, justes et humaines».
JEAN-LUC MÉLENCHON
Lutter contre les inégalités sociales, augmenter le niveau scolaire et enseigner les valeurs de la République et la citoyenneté : voici ce qu’envisage Jean-Luc Mélenchon pour l’école. Il souhaite, dans un premier temps, garantir un environnement de travail digne pour tous les élèves et les enseignants en lançant un plan d’urgence pour la rénovation des établissements scolaires, «en prenant en compte les enjeux sanitaires et environnementaux».
Le candidat de la France insoumise souhaite réduire les effectifs des classes pour mieux prendre en charge les élèves, mais aussi garantir la gratuité des cantines, transports et sorties scolaires et la distribution gratuite de fournitures scolaires pour tous, afin de gommer les inégalités à l’école. Il propose également des enseignements spécifiques sur la lutte contre les inégalités, le sexisme, les discriminations racistes et LGBT.
Le recrutement d’enseignants, de conseillers principaux d’éducation (CPE), et la revalorisation des salaires font aussi partie de son programme.
Concernant le baccalauréat, Jean-Luc Mélenchon souhaite abroger la réforme du lycée général, pour ne plus que les élèves aient à renoncer à certains cours. Il propose également de supprimer le contrôle continu au bac et au brevet des collèges pour «garantir l’égalité et l’anonymat des candidats».
YANNICK JADOT
«Notre ambition est de rompre avec une culture de l’enseignement intensif et des évaluations anxiogènes pour faire la place aux pédagogies favorisant l’accrochage scolaire et aux apprentissages par l’expérience», explique l’écologiste dans son programme. Pour remplir cet objectif, le candidat souhaite donc dans un premier temps recruter 65.000 enseignants supplémentaires, repenser leur formation pour qu’elle soit plus en adéquation avec sa vision du système éducatif, et revaloriser leurs salaires.
Yannick Jadot entend également réformer la carte scolaire pour mettre fin à la «ségrégation sociale» dans les écoles.
Enfin, dès le collège, le candidat EELV souhaite instaurer des heures de «savoirs pratiques», comme la réparation, la cuisine, le jardinage, ou la construction.
Il souhaite également revaloriser les filières professionnelles, et garantir «une offre de filières attractive et adaptée aux enjeux de la transition».
CHRISTIANE TAUBIRA
Christiane Taubira souhaite faire de la mixité sociale à l’école le pilier de sa politique sur l’éducation. «L’enseignement privé sous contrat, désormais financé par les fonds publics, doit entrer dans la carte scolaire et contribuer à la mixité sociale», estime-t-elle. Ainsi, les écoles privées rentreraient dans le système d’affectation des élèves dans un établissement situé dans un secteur géographique où ils sont domiciliés.
La candidate assure également qu’elle veillera «au respect des valeurs de la République» à l’école. Elle est par ailleurs favorable à un «enseignement sur les violences sexistes et sexuelles dès l’école élémentaire, qui donnerait notamment des repères aux enfants s’ils sont victimes ou témoins, avec des sessions de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles à l’école dès 6 ans.» Au collège, elle souhaite également renforcer les cours d’éducation sexuelle.
FABIEN ROUSSEL
«Il y a besoin d’une culture commune de haut niveau pour répondre aux défis de l’avenir», analyse le candidat du Parti communiste français. Pour favoriser l’enseignement et l’apprentissage, il propose dans un premier temps d’augmenter progressivement le nombre d’heures de cours des élèves de maternelle jusqu’à 27 heures, et 32 heures pour les élèves de collège. En augmentant le temps scolaire, Fabien Roussel souhaite ainsi supprimer les devoirs à la maison. Le travail sera fait à l’école, encadré par des enseignants, pour que les élèves puissent profiter de leur famille une fois à la maison ou puissent avoir davantage de temps pour des activités extrascolaires.
Pour favoriser la réussite des écoliers, il propose également de réduire les effectifs de classe, à 15 enfants en petite section de maternelle, 20 en maternelle et au primaire, puis 25 dans le secondaire.
Ne voulant pas augmenter le temps de travail des enseignants, le communiste souhaite créer 90.000 postes supplémentaires, et leurs salaires seront augmentés. Fabien Roussel souhaite également lancer un grand plan de construction et de rénovation des écoles pour garantir aux enfants un environnement sain pour l’éducation.
PHILIPPE POUTOU
Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste n’a pas encore publié de programme détaillé sur ses propositions pour l’école. Cependant, en 2017, il prônait déjà la limitation des effectifs de classe à 20 élèves jusqu’au lycée, l’enseignement d’une éducation non-sexiste, et la création massive de postes de fonctionnaires dans l’éducation nationale. Philippe Poutou proposait également la suppression des subventions publiques aux écoles privées.
NATHALIE ARTHAUD
Avec un programme très axé sur la lutte contre le capitalisme et la défense des droits des travailleurs, Nathalie Arthaud n’a que très peu de propositions concrètes sur l’école. En 2017, elle proposait simplement la création d’un service public de la petite enfance, et l’embauche massive d’agents du service public, y compris pour l’éducation.
(agences)