De petits ajustements suffisent souvent pour que le trio pathologie chronique, médicament et chaleur ne fasse pas virer à l’orage la parenthèse estivale. Décryptage.
Quand les hausses de température embrasent les corps, la chaleur peut se convertir en ennemie tapie en embuscade pour ceux qui cohabitent avec une maladie chronique. La parade ? Anticiper les risques pour savourer sans grains de sable cette saison enchantée.
Diabète et chaleur : ce qu’il faut surveiller
Caractérisée par un taux de glucose durablement trop élevé dans le sang, la maladie peut se voir déséquilibrée par les embardées du thermomètre, malgré un traitement bien conduit
À quoi faut-il faire attention ? La déshydratation est l’ennemi numéro 1. Elle entraîne, en effet, une très forte concentration de glucose dans le sang. Or, cette hyperglycémie entretient et aggrave à son tour la déshydratation, car pour éliminer ce glucose, l’organisme puise dans l’eau du corps et augmente les urines. Par ailleurs, mieux vaut éviter de marcher pieds nus (rochers, prairie…), car » le diabète entraîne, dans certains cas, une atteinte des nerfs des pieds, supprimant la sensibilité. Résultat: La blessure passe inaperçue et la plaie peut s’aggraver, car la cicatrisation est plus difficile « , indique le Dr Marc Popelier, diabétologue, auteur de Idées reçues sur le diabète (éditions Le Cavalier bleu).
Les bons réflexes : Conservez le lecteur de glycémie, les bandelettes et la solution de contrôle au frais et au sec pour éviter les résultats faussés par la chaleur. De fait, prudence face à un taux de glycémie inhabituel ou, à l’inverse, normal, alors que vous ressentez des symptômes inaccoutumés. Prévoir un intermède au frais avant de faire une injection d’insuline, car lézarder au soleil ou se balader déclenche une vasodilatation des vaisseaux, certes indispensable pour évacuer la chaleur de l’organisme, mais qui accélère la vitesse d’assimilation de l’insuline injectée avec, à la clé, un risque d’hypoglycémie. Enfin, hydratez-vous à hauteur de 1,5 à 2 L d’eau ou d’infusion froide par jour, bue à petites gorgées.
Chaleur et hypertension : les bons réflexes
L’hypertension traduit une pression du sang trop forte à l’intérieur des artères.
À quoi faut-il faire attention ? » Certains médicaments antihypertenseurs (Antagonistes de l’angiotensine II; diurétiques; inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC)) sont susceptibles de modifier les mécanismes qui régulent la température corporelle. Cela peut induire une hyperthermie ou une déshydratation, génératrice d’hypotension ou d’hypovolémie, une baisse du volume sanguin « , décrypte le Pr Jean-Jacques Mourad, responsable du Centre d’excellence européen en hypertension artérielle de l’hôpital Saint-Joseph à Paris. Les diurétiques en particulier, en augmentant l’élimination de l’eau, majorent le risque délétère de déséquilibre entre l’eau et les ions du corps (sodium, calcium, potassium…). Sachant qu’il faut éviter que la concentration sanguine en sodium ne baisse.
Les bons réflexes : Mangez impérativement à chaque repas, afin de bénéficier de tous les nutriments des aliments (sodium, potassium…). S’hydrater, car on peut perdre jusqu’à 1L d’eau par heure en transpirant beaucoup. Enfin, » tout changement climatique, alimentaire et sportif peut induire une hausse comme une baisse de la tension. Avant les vacances, cela peut nécessiter de réfléchir avec son médecin à une éventuelle adaptation transitoire du traitement « , conseille le spécialiste.
Troubles respiratoires : la chaleur, un facteur aggravant
L’asthme et la bronchite chronique sont particulièrement vulnérables à l’envolée du mercure.
À quoi faut-il faire attention ? Les effets de la chaleur sur les bronches sont aggravés par la pollution atmosphérique estivale (oxyde d’azote, particules fines, ozone…). Conséquences: des crises plus sévères et plus fréquentes et une inflammation accrue des bronches. Par ailleurs, certains bronchodilatateurs limitent l’évacuation corporelle de la chaleur.
Les bons réflexes : Hydratez-vous pour préserver la fluidité des sécrétions pulmonaires et rafraîchissez-vous. En cas de pollution, limitez le volume d’air inhalé, en vous déplaçant à une allure modérée (pas de sport donc) et aérez largement votre intérieur, mais au moment adéquate : ni en début de matinée, ni en soirée en cas de particules fines et d’oxyde d’azote; ni en milieu ou en fin d’après-midi pour l’ozone.
Je suis suivie pour une dépression
Les traitements visent à restaurer le moral, l’estime de soi autant que la joie de vivre.
À quoi faut-il faire attention ? La maladie perturbe les neuromédiateurs, notamment la sérotonine, en jeu dans la thermorégulation du corps. Résultat, la sudation, indispensable au refroidissement du corps, peut être altérée par certains psychotropes, tels que les antidépresseurs sérotoninergiques.
Les bons réflexes : Se rafraîchir constamment, surtout si l’atmosphère est moite. Comment ? Placez une serviette de bain humide suspendue à un fil devant la fenêtre et provoquez des courants d’air. Buvez un verre d’eau par heure. Un repère ? Des urines foncées ou l’absence d’urines pendant 4 à 5 h signent une déshydratation. En parallèle, vaporisez sa peau avec un brumisateur, s’installe près d’un ventilateur, enfilez un t-shirt humide pour sortir et prenez régulièrement des douches fraîches (non glacées).
Hypothyroïdie et hausse des températures : un cocktail dont il faut se méfier
Dans cette affection, la glande thyroïde ne sécrète pas assez d’hormones, provoquant un ralentissement psychomoteur global.
À quoi faut-il faire attention ? « Les hormones thyroïdiennes interviennent directement dans la régulation de la température interne du corps. Si le traitement est équilibré, l’organisme sait s’adapter « , rassure le Dr Paule Nathan, endocrinologue. Néanmoins, la chaleur reste une agression, susceptible de perturber le traitement. En cas de symptômes, contactez un médecin.
Les bons réflexes : Se reposer au frais, en s’adonnant à la sieste (20 mn, si vous êtes sujette à l’insomnie). Porter des habits amples et clairs, en coton. Asperger sans modération bras et jambes avec un brumisateur.
Patch contraceptif ou anti-tabac : pourquoi il faut se méfier du soleil
Gardez un œil sur vos dispositifs transdermiques. La vasodilatation sous-cutanée induite par la chaleur autant que la sudation ou l’huile solaire, propices à un décollement, pourraient modifier leur absorption par l’organisme.
Calculs urinaires : comment les éviter en été ?
Pr Olivier Traxer, urologue à l’hôpital Tenon à Paris : Il est essentiel de limiter la concentration des urines. Il faut boire 1,5 à 2 L d’eau par jour (2,5 L, si on a déjà eu des calculs, soit 6 à 8 mictions), en privilégiant les eaux riches en magnésium et en calcium (Hépar, Quézac, Contrex). En parallèle, prenez de belles doses de citrate, présent dans les agrumes (2 verres de jus d’orange par jour), et de magnésium (banane, céréales complètes…), car ils inhibent l’agrégation des cristaux d’oxalate et de calcium, les sels minéraux qui composent les calculs. Consommez aussi 2 à 3 produits laitiers. Même si les calculs sont en partie constitués de calcium, supprimer les laitages et l’eau calcique n’empêche pas la formation de calcul. Enfin, réduisez les protéines animales, le sel et les aliments riches en oxalate (chocolat noir, thé, sodas à base de cola, oléagineux).