Suite à une déclaration exprimant l’intention du ministre de la Santé Ali Mrabet de promulguer une loi obligeant les jeunes médecins à passer une période de 5 ans de service dans les hôpitaux tunisiens avant de pouvoir partir en étranger, dans le cadre d’une sorte de « service national », l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a publié un communiqué dénonçant le contenu de cette déclaration.
Une demande d’accès à l’information a été déposée, d’autre part, auprès du Bureau de contrôle du ministère suite à l’ignorance de toutes les demandes individuelles et officielles d’avoir une information complète concernant ce sujet, selon l’OTJM.
« Patriotisme » des jeunes médecins
Tout en mettant l’accent sur le danger du discours remettant en question le patriotisme des jeunes médecins, la présidente de l’OTJM, Oumaima Hassani a mentionné, lors d’une interview avec le Temps News, qu’à la fin de la formation, le médecin tunisien effectue déjà une année de service civile obligatoire contre une faible rémunération et sans aucune couverture sociale ou sanitaire.
Dr Hassani a souligné, par ailleurs, que suite à une proposition de l’organisation des jeunes médecins en 2016 et adoptée ensuite par le ministère de la santé, les jeunes médecins travaillent principalement à l’intérieur (dans les hôpitaux régionaux) juste après le concours de spécialité. La première promotion des médecins concernés se rendra volontairement dans les hôpitaux régionaux en 2023.
En outre, elle a dit qu’ils se considèrent, en tant que femmes et hommes de terrain, comme des partenaires dans la réforme du système sanitaire et qu’ils sont partisans du dialogue, mais si la possibilité d’échange de points de vue est bloquée, l’escalade demeure dans ce cas et l’organisation sera prête à agir en faveur du secteur de la santé publique comme elle l’a toujours fait et à défendre les droits de ses partisans.
#Balancetonhopital
En 2019, et suite au décès de douze nourrissons dans le service de néonatalogie de l’hôpital Wassila Bourguiba, à Tunis, l’OTJM avait lancé une initiative accompagnée du hashtag #Balancetonhopital afin de jeter la lumière sur la dégradation de la situation de la santé publique en Tunisie. Dans une page Facebook qui avait dépassé les 40 000 à l’époque, les jeunes médecins ont pu publier leurs propres témoignages concernant la situation des hôpitaux tunisiens et surtout celle des hôpitaux régionaux.
L’opinion publique a pu voir à travers des photos et des vidéos, des médecins qui assurent la ventilation manuellement lors d’une panne d’électricité, des chats et des rats qui circulent à l’intérieur de l’hôpital et des services infestés de rats, des tuyaux de canalisation qui éclatent en plein bloc..
Il convient de noter aussi, qu’en Juin 2021 et au pire moment de la crise du COVID et du manque d’oxygène, les membre de l’OTJM ont lancé des campagnes de collecte des dons et ont fourni aux hôpitaux ( à Tunis, Kairouan, Sousse, Le Kef, ect..) des concentrateurs d’oxygène et d’autres équipements médicaux.
Bien que ces conflits reposent la nécessité d’impliquer toutes les parties concernées dans un débat sérieux et urgent, ça nous ramènent également à la situation parfois catastrophique des infrastructures dans les établissements de santé qui affecte négativement tout le staff médical et les conditions de son travail, ainsi que les citoyens et les patients et leur droit à la santé dans des conditions respectables et humaines.
Rym CHAABANI