Le site « Meshkal » a tenu une conférence de presse au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour présenter le rapport sur « Le coût du pétrole dans le désert tunisien » où on a passé en revue une série de preuves exclusives sur le sujet des déchets de la production pétrolière qui ne sont pas éliminés ou correctement traités par des sociétés privées d’élimination des déchets, contractantes avec des compagnies pétrolières spécifiquement actives dans le désert de Tataouine.
Rappelons qu’en janvier dernier et avant de publier son article concernant cette affaire, Meshkal a visité Tataouine où son équipe a pu avoir de nombreux témoignages et preuves indiquant que les déchets dangereux produits comme sous-produit de l’extraction de pétrole et de gaz dans le désert ont été soit déversés directement dans le sol, soit effectués sans traitement chimique approprié et dans des fosses trop pleines.
Dans ce contexte, on parle d’une absence de surveillance officielle qui a permis une telle violation selon l’équipe qui tient à mentionner qu’elle n’a pas pu vérifier si le problème était systématique ou occasionnel.
Parmi les difficultés que le site a déclaré avoir rencontrées au cours de l’enquête, le manque de transparence en ce qui concerne la politique gouvernementale de gestion des déchets est mentionné à travers :
-La difficulté d’obtenir des réglementations établies sur la méthode de l’élimination des déchets dans le secteur pétrolier, des informations qui ne sont pas facilement accessibles en ligne ou directement.
-Absence de la confirmation si les entreprises opérant dans le désert de Tataouine sont en place conformément aux lois établies par la gestion des déchets lorsqu’elles sont contactées.
-Nombre de visites/surveillance par des représentants de l’État pour s’assurer qu’il y a une telle conformité non accessible au public.
Pour sa part, Ghaya Ben Mbarek, journaliste dudit site, a déclaré que beaucoup pensent que le lac d’El Borma est en fait un véritable lac, mais qu’il n’est que le résultat de l’accumulation continue des déchets, soulignant le sentiment de peur que l’équipe a ressenti, lors de l’enquête, chez les citoyens là-bas puisque travailler dans le désert est leur seule source revenu , en plus du sentiment de méconnaissance après avoir précédemment essayé de faire connaître ce qu’ils sont en train de vivre sans trouver aucune réaction en contrepartie.
Concernant les dégâts sanitaires, l’activiste Sabrine El Wafi (originaire de Tataouine) a déclaré au cours de la conférence qu’un certain nombre de travailleurs dans le champ pétrolier de la région ont été atteints d’ostéoporose parce qu’ils n’avaient pas reçu les vêtements de protection et qu’ils ont été ensuite renvoyés. Elle a mentionné aussi la perte pour un chamelier de 14 chameaux après avoir bu l’eau du lac d’El Borma, et a également noté que la proportion d’eau dans les puits dans les zones agricoles a diminué.
Par ailleurs, Ben Mbarek a souligné la nécessité que ces informations soient accessibles à tous les journalistes et espère que davantage de professionnels agissent pour découvrir ces informations (absentes ou cachées) et pour communiquer avec les citoyens à Tataouine afin d’attirer l’attention de l’opinion nationale et publique quant à cette affaire.
Rym CHAABANI