A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du théâtre (le 27 mars de chaque année), la Station d’Art B7L9 à Bhar Lazreg (La Marsa) organise le dimanche 27 mars 2022 à 15h00 une manifestation comme chaque année, où sera lu le message diffusé à l’échelle internationale pour commémorer cet événement et d’autres écrits relatifs au quatrième art.
Cette année, la station d’art B7L9 accueille la compagnie Polaris (avec Sonia Zarg Ayouna, Rhaiim Bahrini, Mohamed Chawki Khouja, Ali Ben Said, Imen Mannai, Safa Rahmen et Nacer Dridi).pour une heure de lecture de textes autour du quatrième art ainsi que des Textes d’Antonin Artaud, Louis Jouvet, Claude Régis et Yoshi Oida.
Le programme prévoit par ailleurs la lecture du Premier message écrit à l’occasion de la journée mondiale du théâtre par Jean Cocteau en 1962. Soixante ans après, ce texte traduit en langue tunisienne sera lu en public qui pourra profiter des intermèdes musicaux en live.
Pour l’année 2022, le message de la Journée mondiale du théâtre écrit par le metteur en scène de théâtre et d’opéra et directeur de festivals Peter Sellars (USA) sera lu en arabe et en français.
Voici le texte intégral du Message dans lequel l’auteur souligne les enjeux de taille qui se posent surtout en cette période de Corona:
« Alors que le monde est suspendu, chaque heure et chaque minute, à un flux continu d’informations, puis-je vous inviter tous – en tant que créateurs -, à entrer dans notre propre regard, dans notre propre réalité et dans notre propre perspective d’un temps et d’un changement épiques, d’une conscience et d’une réflexion épiques, d’une vision épique ? Nous vivons une période épique de l’histoire humaine et les changements profonds et massifs que nous ressentons, dans les relations des êtres humains à eux mêmes, dans les relations des uns envers les autres comme dans les relations aux mondes non-humains, tendent à dépasser notre capacité à saisir, à articuler et à exprimer. Nous ne vivons pas réellement dans le cycle de l’actualité 24h/24, nous vivons aux frontières du temps. Les journaux et les médias sont totalement démunis et incapables de gérer ce que nous expérimentons.
Où est le langage ? Quels sont les gestes et quelles sont les images qui pourraient nous permettre d’appréhender les profonds glissements et les ruptures drastiques que nous vivons ? Comment pouvons nous transmettre le contenu immédiat de nos vies, non comme un article de presse mais comme une expérience vécue ? Le théâtre est la forme artistique de l’expérience humaine. Dans un monde submergé de vastes campagnes médiatiques, de simulations de l’expérience et de prévisions épouvantables, comment pouvons-nous aller au-delà de la répétition sans fin des chiffres pour faire l’expérience du caractère sacré et infini d’une vie singulière, d’un écosystème particulier, d’une amitié, de la qualité de la lumière dans un ciel étrange ? Deux ans de COVID-19 ont obscurci les perceptions des humains, rétréci leur vie et rompu leurs liens, nous reléguant à un étrange point zéro de l’existence incarnée et reliée. Quelles graines doivent être plantées et replantées au cours de ces années ? Quelles sont les espèces invasives et envahissantes qui doivent être complètement et définitivement éliminées ? Tant de gens sont sur la brèche. Tant de violences éclatent de manière irrationnelle ou inattendue. Tant de structures établies se sont révélées être les agents d’une cruauté inlassable.