Nabeul vivra du 14 au 17 avril à l’heure de son festival du Zhar qui mettra en lumière métiers et recettes d’antan sur un fond d’animations à Dar Nabeul. En cette période printanière, l’arôme des fleurs d’oranger (zhar) se fait sentir dans toutes les rues et ruelles de la ville de Nabeul.
Selon la tradition, la distillation de l’eau de fleur d’oranger bigaradier est un rituel séculaire célébré au printemps dans une ambiance de fête, de joie, de rythmes, de couleurs et de senteurs. La ville de Nabeul est connue pour ses vergers de bigaradiers plantés dans les jardins, des patios de résidences, le long des routes et des rues ou dans des vergers qui résistent aux vicissitudes du temps en dépit d’une urbanisation sauvage et rampante.
Selon Anouar Marzouki, président du comité scientifique de l’Association de la sauvegarde de la ville de Nabeul, ce festival rituel a pour principaux objectifs d’animer la vie culturelle et artistique de la ville des Potiers, d’attirer l’attention des responsables sur l’encouragement des plantations des bigaradiers en raison de leur importance décorative, esthétique et environnementale, et pour la promotion et le développement du patrimoine culturel immatériel et, partant, de l’activité touristique de Nabeul au passé prestigieux et ancestral.
Les fleurs d’oranger bigaradier sont cueillies avec délicatesse pour leur importance et leur valeur pour la distillation de leurs essences et nectars aux utilisations multiples. En effet, «Maa zhar» (eau de fleur d’oranger) sont utilisées pour adoucir le café, le thé, donner un arôme aux pâtisseries et aux confiseries, atténuer la chaleur et la fièvre ou pour l’adoucissement de la peau, le démaquillage et les soins de beauté. Ces eaux sont employées dans des aspersoirs en bronze ciselés pour asperger les convives lors des cérémonies de circoncision, de naissance ou de mariage, ainsi que lors des cérémonies religieuses.
Chaque printemps, la région de Nabeul se mobilise pour la cueillette de ce zhar dès la fin du mois de mars et pendant les quatre semaines qui suivent. Chaque matin, les fellahs et leur famille prennent d’assaut les vergers. Ils procèdent, des journées durant, à la cueillette des fleurs. Par groupes de trois ou quatre, les cueilleuses expertes s’attaquent aux bigaradiers, sous lesquels on a préalablement étendu des toiles, en faisant attention à arracher le moins de feuilles possible. D’autres ouvriers ramassent les fleurs qui s’amoncellent au pied de l’arbre, en enlevant les feuilles. Une fois la cueillette terminée, on écoule les quantités de fleurs au marché local d’El Mahfar ou de Bir Challouf qui se tient spécialement à cette occasion. Ce sont plutôt les dames qui viennent acheter les quantités voulues pour la distillation
Rares sont les familles à Nabeul qui ne distillent pas une quantité de fleurs d’oranger. Chaque année la plupart d’entre-elles pratiquent la distillation à domicile selon le système du kattar, cet alambic ancestral. Quatre kg de fleurs peuvent fournir deux flasques d’eau distillée de premier choix et deux bouteilles de second choix. Ainsi, chaque famille prépare elle même sa propre provision en eau de fleurs d’orangers pour divers usages et parfois pour la vente à une clientèle attirée et fidèle au produit maison ou diari. La plupart des familles nabeuliennes pratiquent la distillation à domicile selon le système du kattar, cet alambic ancestral en cuivre ou en zinc.
Kamel BOUAOUINA