Une fois le jeûne rompu, les familles tunisiennes se prêtent aux traditions de la soirée : la consommation de feuilletons. Et cette année, la tendance des plateformes se confirme et pourrait bien redynamiser la culture Tunisienne.
Cela semble acquis : la saison de la production télévisuelle se résume au Ramadan. Sinon, quelques films tunisiens viennent remplir les salles, signifiant la demande existante pour une production plus régulière de contenus locaux.
Cette année, Sami El Fehri s’attaque au sujet et propose une plateforme de streaming à son nom ou l’on retrouve la deuxième saison du feuilleton « Foundou ». Il l’explique dans ses spots publicitaires : les plateformes sont le seul moyen pour proposer des feuilletons tout au long de l’année.
Pénurie
Mondialement, les plateformes de streaming se livrent une guerre d’influence majeur. Netflix, Amazon Prime, Disney+ ou Hulu étoffent régulièrement leurs catalogues de films, de séries et stand-up pour attirer des abonnements. Cela s’inscrit dans un contexte où les télévisions s’affaiblissent financièrement et n’ont plus les moyens de produire autant qu’auparavant. De plus, les annonceurs se font de plus en plus rare et la rentabilité de la diffusion d’un film ou d’une série n’est plus garantie.
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En Tunisie, la pénurie est bien plus visible. Les entreprises prêtes à garantir des fonds publicitaires se font rares. La recherche d’alternatives à la télévision se fait dans différents domaines : le football, par exemple, ou les droits TV sont sources de désaccords majeurs entre la fédération Tunisienne de football et la télévision nationale. Cette année, plusieurs clubs de football ont même décidé de diffuser directement leurs matchs sur leurs réseaux sociaux. La télévision ne répond plus aux moyens nécessaires à la production de contenus et sa recherche d’une rentabilité immédiate bloque les créateurs.
Lien direct
Une plateforme qui produit pour les consommateurs en échange d’un abonnement payant. C’est ce que propose Sami El Fehri. A hauteur de 600 millimes par jour et 8 dinars par mois, la plateforme s’engage non seulement à diffuser mais aussi a produire. Une pratique nouvelle, de par sa tarification mais qui s’inspire des réussites antérieures de la plateforme Artify qui s’était chargée de la diffusion de la deuxième saison de Nouba et de Maestro.
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La nouveauté est donc dans la production. Si la plateforme réussit à séduire un nombre suffisant d’abonnés, elle aura la capacité d’enrichir son catalogue de nouveaux contenus. C’est le modèle économique qui fait désormais loi dans le cinéma. Avec la prolifération du streaming illégal en Tunisie et les habitudes de consommations, c’est un pari ambitieux que tente le magnat des médias. Une prise de risque nécessaire pour les feuilletons, mais pas que. L’extension de ce modèle économique peut aussi se faire au niveau du sport, des jeux-vidéos et surtout de la musique. Il s’agit de réduire les intermédiaires entre le consommateur et le producteur et de centraliser le tout dans une plateforme.
Les conséquences de ce modèle peuvent évidemment entraîner des pertes à la télévision et aux salles de cinéma. Mais s’ils n’ont pas choisi de faire de la création de contenu leur priorité, c’est qu’ils peuvent s’en passer.
Amine SNOUSSI