« Soufiyet  » se veut un rendez-vous incontournable dédié à mettre en avant la présence de la gent féminine dans les domaines des arts, de la culture et de la musique soufie et se présente de ce fait, comme ‘’un grand acquis’’ artistique et patrimonial aux multiples dimensions esthétiques et spirituelles, qui vient consolider la place et la vocation du Centre culturel international de Hammamet en tant que destination phare de la culture soufie.

En ouverture des « Layali Kmar », la chanteuse Dorsaf Hamdani nous a fait voyager au cœur du chant soufi à Dar Sébastien avec son spectacle « Wajd ». Elle a ouvert le bal, vendredi soir, lors d’un concert très fortement applaudi par un public conquis, se laissant volontiers emporter par les airs de son répertoire soufi.

Accompagnée par la troupe Mohamed Lessoued, elle a présenté un répertoire riche, dont la musique allie puissance et légèreté. Ses interprétations étaient plaintives et fortes, aptes à faire passer son message à la perfection.

Le spectacle a plu. Cette fois en particulier, la création n’était pas la plus importante. Du moins, c’était notre sentiment. Le public n’est pas venu à la recherche d’une certaine nouveauté ou motivé par une envie de découverte. Il s’est déplacé pour démontrer son enracinement et  rendre hommage aux saints du pays.

Dorsaf Hamdani a envoûté l’assistance par le cheminement sinueux des harmonies, les éclats rythmiques ou les syncopes qui ponctuellement surgissent du violon, du quanoun ou du bendir. Une musique captivante. Mais aussi des textes et des mélodies enivrantes. Le tout restitué d’une voix légère mais intense de la chanteuse. Ses chants enivrants « Salat Allah wa salama », « Erridha wa nour » et d’autres impressionnent. La communion est immédiate avec le public. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort.

C’est magique dans cet univers soufi si magnifique. Un spectacle haut en couleurs. Sa prestation, il faut le dire, et sa présence imposante sur scène étaient extraordinaires. Dorsaf Hamdani a séduit par sa voix et son charisme. Elle n’a pas pu cacher son émotion tout au long de la soirée, tenant à exprimer son grand amour pour ce chant soufi.

Côté musical, Dorsaf Hamdani a eu l’intelligence de miser sur l’effet sonore des percussions entre tablas et bendirs. Un rythme fort, soutenu et percutant accompagnait tout le spectacle et créait l’ambiance d’une véritable fête. La soirée a été égayée par de nombreux genres de chants soufis mystiques et liturgiques avec le «Dhikr», le «Madh» et  le «Sammaï» Mais cette belle voix tunisienne, ne s’est pas contentée, uniquement, de cette plongée au cœur de la source de spiritualité. Elle a choisi d’explorer une autre voie : celle de Abou Al Hassan Chedhly. Sa prestation, il faut le dire, et sa présence imposante sur scène étaient extraordinaires.

Embrasant l’atmosphère et donnant à la soirée un ton joyeux et énergique, elle a interprété d’autres tubes « Allah Maanaa » et « Inzad  Ennabi ».  Dorsaf change souvent de répertoire, se joue des rythmes, refuse la monotonie. Une leçon de séduction musicale dans le monde du soufisme.

                                     Kamel BOUAOUINA