L’absence d’un gymnase au Lycée Mohamed Dachraoui à Menzah 9, ou plus précisément sa transformation en salle de classe depuis pratiquement trois ans, remonte récemment à la surface sur fond de Bac sport. Elèves, parents et enseignants n’ont pas manqué d’exprimer leur indignation face à une situation, pour le moins que l’on puisse dire handicapante, non seulement pour les élèves, notamment à l’examen du baccalauréat, mais décidément pour tout le monde au Lycée.
Tout le monde, manifestement, sauf… la directrice de l’établissement, pointée s’il en est du doigt par des sources indignées au sein du lycée qui se sont confiées au Temps News, photos et images à l’appui, déplorant par la même occasion le nombre élevé des élèves inscrits à l’établissement. Un nombre qui dépasserait de loin la capacité d’accueil « normale » du lycée, témoigne la même source. Une situation déplorable, s’indigne-t-on, provoquée justement par la directrice en question qui aurait délibérément transformé le gymnase du lycée en question en salle de classe afin de pouvoir contenir, tant soit peu, le nombre surélevé des élèves.
Tout au long de l’année scolaire, les élèves de ce lycée, accompagnés par leurs enseignants, se trouvent obligés, à en croire les mêmes sources, de suivre les cours d’éducation physique dans un terrain de sport découvert dans le complexe universitaire Farhat Hached à Al Manar, à 20 minutes à pied du lycée. « En plus d’être en très mauvais état, surtout pendant l’hiver, ce terrain concassé, vous l’aurez bien deviné, ne permet même pas aux élèves de suivre les cours de gymnastique, une matière obligatoire, notamment pour l’examen du baccalauréat », nous confie, par ailleurs, une source syndicale.
Et d’ajouter : « Les élèves vivent cette situation contraignante depuis trois années scolaires, avec toutes les conséquences, notamment en termes de sécurité des élèves et des enseignants, respectivement contraints de suivre et d’assurer ces cours à l’extérieur du lycée, mais surtout sur le plan financier pour les parents d’élèves, et en particulier ceux du baccalauréat, qui se trouvent obligés, par la même force des choses, d’inscrire leurs enfants dans des salles de sport privées, afin de pouvoir pallier au manque flagrant de leur formation au lycée, qui, doit-on le rappeler, est établissement scolaire étatique ».
« Le sport est une matière essentielle, non seulement, dans le parcours scolaire des élèves, notamment à l’examen du baccalauréat, mais aussi en termes d’orientation universitaire après le bac », s’indigne la même source qui pointe du doigt, par la même occasion, la gestion laxiste du ministère de l’Éducation, l’absence de contrôle et le manque de discipline qui ont conduit la directrice de l’établissement à transformer à sa guise un gymnase en salle de classe.
Et d’insister : « Les élèves et les professeurs d’éducation physique sont exposés aux différents « dangers de la rue » (agressions, chiens errants etc..), étant donné que l’espace n’est pas protégé, en plus d’être à l’extérieur du lycée ».
Avant de conclure : « L’éducation a perdu, à travers les années, le principe d’égalité des chances et la notion de l’évaluation a perdu carrément sa crédibilité. Ce crime est commis contre nos élèves et contre l’Ecole publique sur fond de silence de l’autorité de tutelle et la propagation d’une culture d’impunité et la facilité de transgression de la loi. »
Question qui reste, et qui laisse par là-même à réfléchir : si un lycée en pleine capitale, situé, qui plus est, dans un quartier pour le moins que l’on puisse dire relativement huppé, ne dispose même pas d’un gymnase pour les cours de sport, que dire, alors, de cette flopée d’établissements scolaires aux conditions vraiment déplorables, dispersées un peu partout en Tunisie, notamment en milieu rural et parfois dans des no-mans-land qui ne disposent même pas de l’eau potable.
Leçon du jour : la négligence chronique de l’Etat, devenue proverbiale dans les arrières fonds du pays, ronge décidément les milieux autrefois appelés « favorisés ». Encore quelques années et ce sera évidemment trop tard pour jouer aux services de secours…
Slim BEN YOUSSEF