Rien ne va plus entre le ministère du Transport et les syndicats. Les appels à la grève se multiplient aussi bien dans les rangs des professionnels du secteur du transport irrégulier des personnes (taxis individuels, taxis collectifs et voiture de louage) que dans les sociétés de transport public, toutes catégories confondues. Le groupement professionnel du transport irrégulier des personnes relevant de la confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) a lancé un appel à la grève, le jeudi 5 mai, en signe de protestation contre les difficultés dans lesquelles se débat le secteur.
Ces difficultés découlent essentiellement de la flambée des prix du carburant consécutive à la mise en œuvre du chantier de la levée des subventions recommandé aux autorités par les bailleurs de fonds, Fonds monétaire international (FMI) en tête, en contrepartie du déblocage de nouveaux prêts destinés à rétablir les équilibres budgétaires.
Déplorant le « mutisme » du ministère de tutelle, le groupement professionnel du transport irrégulier des personnes a appelé dans ce cadre les diverses parties concernés à « resserrer les rangs pour défendre leurs droits et faire face, par tous les moyens, à la politique de marginalisation et de démolition du secteur ».
D’autre part, la fédération générale du transport rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT)a annoncé, hier, l’organisation d’un rassemblement de protestation devant le ministère de tutelle le 5 mai pour dénoncer « l’indifférence des autorités face aux revendications des salariés dans les diverses entreprises opérant dans le secteur » et l’intention du gouvernement de privatiser des entreprises publiques de transport.
« Le ministre du Transport a coupé les ponts du dialogue avec les syndicats. Il ignore depuis sa prise de fonctions de multiples demandes d’audience qui lui ont été adressées pour examiner la situation des sociétés du transport et les revendications de leurs salariés », explique le secrétaire général de la fédération, Wajih Zidi. Et d’ajouter : « Le ministère refuse également d’accorder des licences d’exploitation de taxis individuels, de taxis collectifs et de voiture de louage en attendant la promulgation d’un nouveau décret qui a fait l’objet d’un recours auprès du Tribunal administratif, ce qui risque de porter préjudice aux professionnels du secteur ».
Le responsable syndical a également fait savoir que les salariés des sociétés transport réclament par ailleurs la mise en place d’une stratégie de modernisation du secteur du transport public, qui souffre de la vétusté du parc roulant, du manque de pièces de rechange et de la multiplication des agressions contre les agents.
Selon lui, certains lobbys poussent au pourrissement et à la démolition de plusieurs fleurons du secteur, comme Tunisair, la compagnie tunisienne de navigation (CTN) ou encore la Société nationale des chemins de fer en vue de justifier leur cession à des investisseurs privés locaux et étrangers.
Le secrétaire général de la fédération du transport a d’autre part brandi la menace d’une grève générale dans l’ensemble des sociétés de transport au cas où le ministère continuerait à marginaliser les syndicats et à faire la sourde oreille à leurs requêtes.
Walid KHEFIFI