Et si les enregistrements fuités étaient dans l’intention de nuire à Nadia Akacha elle-même ? Une éventualité qui peut effleurer l’esprit de n’importe qui, d’autant plus que l’ancienne cheffe de cabinet a parlé, dans sa publication annonçant sa démission, de « divergences d’opinion ». Cependant et à supposer que ces enregistrements aient fait l’objet de montages afin de l’impliquer davantage, il n’en reste pas moins que le doute sur l’authenticité de sa voix est d’autant plus dissipé que l’intéressée elle-même a parlé de « manipulations faites à ces enregistrements » sans procéder à aucune mise au point ni aucun démenti. Elle n’a pas non plus, jugé opportun porter plainte. En tout état de cause la justice a été saisie, en vue de se prononcer sur l’authenticité des enregistrements, afin de prendre les décisions qu’elle jugera utiles concernant les coupables.
Quoi qu’il en soit, l’idée de l’intention de nuire à l’ancienne cheffe du cabinet est vraisemblablement à écarter, si l’on se réfère au rôle qu’elle a joué au Palais de Carthage et à ce propos, son ancienne collègue Rachida Enneifer, qui de son côté n’a pas voulu donner de commentaire, eu égard au principe de l’obligation de réserve, s’est dite prête à témoigner à ce sujet devant la justice.
Intrigues sur fond d’intention de nuire
Par ailleurs, le fait qu’elle soit partie à l’étranger juste après son départ de Carthage, qu’elle qualifie de démission mais qui est officiellement un limogeage, ne milite pas en sa faveur, car il traduit son intention de nuire à la personne du Président. D’ailleurs avec le recul, on se demande si cette intention n’existait pas depuis la nomination de l’ancien chef du Gouvernement Mechichi dont elle pourrait être en partie la cause, afin de permettre au parti Ennahdha de mieux étendre ses tentacules. Il ne faut pas négliger aussi, la démission de Rachida Enneifer, qui ne pouvait pas vraisemblablement collaborer en présence de cette cheffe de cabinet en qui le Président a mis toute sa confiance.
Dans ces enregistrements, il y a un étalage de la vie privée du Président, et cela ne discrédite en rien sa personne en tant que Chef d’Etat, mais constitue le délit de diffamation dont seraient coupables aussi bien Nadia Akacha, si jamais l’authenticité de sa voix est établie, mais aussi tous ceux qui ont diffusé ces enregistrements sur les réseaux sociaux.
L’inconvénient dans tout cela c’est la confiance qu’a placée le Président en la personne de sa conseillère et dont elle se serait avérée indigne, car elle aurait joué plutôt la femme d’intrigue qui a favorisé les copinages et les intérêts privés sur celui du pays.
En fait qui est Nadia Akacha ?
Une ancienne enseignante à la faculté de droit que Kais Said a peut-être connue à l’époque où il enseignait à la même faculté à l’Ariana. D’ailleurs, Kais Saied continue à avoir cette attitude de faire appel à d’anciens collègues de faculté, ou d’éminents professeurs. Cela prouve ses bonnes intentions et l’absence d’arrière-pensée dans ses idées. Evidemment Nadia Akacha n’était pas une lumière mais elle était une enseignante ayant des connaissances en droit constitutionnel, comme lui finalement. C’est la seule raison qui l’a incité à faire appel à elle, sans savoir qu’elle serait peut-être plus douée en matière d’intrigue qu’en celle du droit. Nous croyons pouvoir aisément parler d’intrigues, quand on écoute les enregistrements fuités où elle fait étalage ( sous réserve de l’authenticité de sa voix) de la vie privée du Président et de sa famille. Ce qui est pour le moins qu’on puisse dire assez mesquin pour ne pas employer d’autres qualificatifs plus acerbes.
Accusations mensongères et diffamations ?
Dans une communication fuitée avec un inconnu, on apprend que le Président souffrirait « de troubles psychiatriques et qu’il prendrait régulièrement des cachets ». Ce sont des affirmations très graves concernant l’état de santé du chef de l’Etat. Ce qui se contredit avec le rythme de travail qu’il mène, car il travaillerait 20 heures par jour selon ce qu’a déclaré dernièrement l’ancienne conseillère Rachida Enneifar. Ce qui est plutôt un signe de bonne santé, car il pourrait à la limite être surmené, mais sans inquiétude sur son état général.
Tandis qu’on apprend d’après l’un de ces enregistrements : « qu’il serait malade mais qu’il serait dans le déni. Il va donc selon cet enregistrement, droit au mur, même sur le plan personnel et psychologique, il irait mal, très mal. Il y a un médecin qui suit son état. Il a prévu qu’il aurait une grande crise et il l’aura parce que ce genre de pathologie dégénère en l’absence de soins et d’encadrement. Sa famille aggrave son cas et le rend fou » Bref des commentaires qui sont loin d’être ceux d’une ancienne première conseillère du Président. C’est trop dire ; même pas ceux d’une femme de chambre.
On en déduit que le Président est mal entouré et surtout mal conseillé. Pour preuve, cette conseillère qui se serait est érigée en ennemi, après avoi été écartée. D’autre part il n’y a pas pour le moment une équipe homogène de conseillers qui sont censés diriger le Président sur la bonne voie. Il n’y a pas également une équipe efficace de communication, destinée à informer l’opinion publique sur les intentions du Président et les décisions qu’il estime prendre dans l’intérêt de la pérennité de l’Etat.
Ahmed NEMLAGHI