Contrairement à L’Ordre national des avocats et à l’Union tunisienne de l’industrie, du Commerce et de l’artisanat (UTICA) qui semblent cautionner aveuglément les moindres faits et gestes du locataire de Carthage et, à un degré moindre, aux réactions plutôt timorées de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, l’Union générale tunisienne du travail assume pleinement son rôle de contre-pouvoir, au point d’incarner l’opposition au président Kaïs Saïed.
Après avoir rejeté sans sourciller le projet de « nouvelle République » qui fera table rase de de l’héritage constitutionnel et institutionnel de la deuxième République, annoncé le 1er mai par le locataire de Carthage, l’organisation ouvrière a exprimé hier son opposition à un dialogue national conforme aux désidératas du chef de l’Etat. « L’UGTT ne L’organisation ne participera à un simulacre de dialogue national dont les résultats sont connus d’avance », a martelé hier le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, en marge d’une conférence sur la construction d’une coalition des syndicats africains.
« La position officielle relative au dialogue national tel qu’imaginé et voulu par le chef de l’Etat sera communiquée la semaine prochaine à l’issue des réunions du conseil des secteurs et de la commission administrative nationale de l’organisation, mais je peux d’ores et déjà dire que l’UGTT rejette un dialogue factice qui se réduirait à une simple photo à usage communicationnel », a-t-il ajouté.
Le responsable syndical a également estimé que la Tunisie « a plus que jamais besoin d’un dialogue national pour dégager un consensus sur les réformes à engager dans le cadre d’une approche participative effective ».
Le président Kaïs Saïed a annoncé, le 1er mai, le lancement imminent d’un dialogue national, une mesure réclamée aussi bien par les acteurs politiques locaux que par les partenaires étrangers de la Tunisie, pays du G7 et Union européenne en tête, depuis l’instauration de l’état d’exception le 25 juillet dernier.
Dans une allocution prononcée dimanche 1er au soir pour la fête musulmane de l’Aïd,il a indiqué qu’une commission allait « gérer le dialogue national », auquel participeront quatre organisation : l’UGTT, l’UTICA, la Ligue tunisienne des droits de l’homme et l’Ordre national des avocats.
Dans son allocution, le président a exclu toute participation à ce dialogue, qui se basera sur les résultats de la consultation nationale en ligne, de « ceux qui ont saboté, affamé et maltraité le peuple », sous-entendu les partis comme Ennahdha, Qalb Tounes et la coalition Al-Karama.
A noter que le président de l’Ordre national des avocats, Brahim Bouderbala, a révélé lundi que le dialogue national allait être « entamé dans les prochaines heures », tout en affichant un soutien inconditionnel au Chef de l’Etat. « Les participants sont tous ceux qui ont positivement réagi au processus entamé à la date du 25 juillet 2021. Nous sommes dans une phase de construction. Ceci nécessite un échange d’idées. Toute personne estimant que le 25 juillet 2021 était un coup d’Etat anticonstitutionnel n’aura pas sa place dans le dialogue… Le président de la République cherche un dialogue sérieux afin de bâtir la Tunisie de demain… Je soutiens toute décision servant les intérêts du pays », a-t-il dit.
Dans un communiqué publié le samedi dernier à l’occasion de son 45ème anniversaire de sa création, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme a affirmé sa disposition de participer « à tout ce qui pourrait aider à sortir de la situation actuelle, à condition que cela soit sur la base d’une vision participative, engageant toutes les parties et sans cadre imposé et préétabli », tout en estimant que l’Etat d’exception décrété le 25 juillet denier constitue «un tournant qui pourrait aider le pays à sortir de la crise de la décennie noire, durant laquelle les gouvernements successifs ont échoué à lutter contre la corruption, à réaliser les revendications de la révolution et à mettre en place des alternatives économiques et sociale en rupture avec le passé ».
Walid KHEFIFI