Par Raouf KHALSI
Le Président était clair, même avant le 25 juillet : refaire le régime ! Il l’est moins depuis le coup d’éclat de l’article 80. On ne se laissera pas parasiter par les jérémiades de son ancienne Cheffe de cabinet. Jérémiades drapées d’humour cynique et de bas étage. Voilà, elle nous explique pourquoi le 25 juillet aurait pris une autre trajectoire ! Bonne leçon de science-po.
Il reste que nous nous sommes dans un paysage politique clairsemé, juste pour faire le constat d’un oxymore qui ne dit toujours pas son nom, mais qui est bien réel.
Tout, maintenant, gravite autour de deux « axes » fondamentaux, mais tout aussi inextricables.
Que Saied s’évertue à apurer les instances constitutionnelles, cela devait absolument se faire. Parce que ces instances, INNLUC, ISIE, Conseil Supérieur de la magistrature, n’étaient pas sûres et qu’elles n’avaient pas vraiment brillé par leur impartialité. Ce ne sont pas les Instances qui prêtent à équivoque. Mais ceux qui les animaient.
Avec des Instances autrement recomposées, il y a cependant le risque que Saied ne tombe dans les travers « personnifiés » du bonnet blanc, blanc bonnet. Parce que, quoi qu’il fasse, les affreux croque-mitaines n’ont pas dit leur dernier mot. Ils ne déposent pas les armes. On voit bien, d’ailleurs, que les ennemis de Saied veulent donner l’impression d’avoir retrouvé leur vitalité et qu’ils font tout pour se monter requinqués. C’est de la comédie.
En revanche, si les Instances peuvent être travesties et alignées en ordre de bataille derrière Saied, rien de bon ne se fera sans vrai dialogue national. L’UGTT, principale force d’interposition, mais aussi première force de proposition, refuse un dialogue national à la carte. Comme son nom l’indique, un dialogue est essentiellement fait d’échanges dans un sens dialecticien. Un dialogue aux contours préétablis, à la thématique « verrouillée » tournerait au monologue. Cette cacophonie est d’autant plus significatrice que les organisations nationales révèlent des divergences de vues entre elles, peut-être même habilement provoquées par Saied lui-même, pour noyer dans l’œuf les réminiscences nostalgiques du Quartet.
A supposer même qu’il ait lieu (et il aura lieu) le dialogue tournerait autour de la conjoncture socioéconomique, encore que l’UGTT ne mette pas trop la pression sur Najla Bouden.
Mais au-delà, le dialogue peut-il être bâti sur des décombres ? Sur les décombres d’un Etat de non droit ? Quel sens aura-il si la Justice balbutie encore et qu’elle ne parvienne toujours pas à se débarrasser elle-même de ceux qui l’ont asservie ? Saied serait inspiré de penser à la désaffection de la manifestation de dimanche dernier…