Des partisans du parti Ennahda, du mouvement Al Karam, du collectif « Citoyens contre le coup d’Etat », du « Front de salut national » et d’autres formations politiques ont manifesté ce dimanche 15 mai à l’Avenue Habib Bourguiba, contre le Président de la République, Kais Saied, réclamant sa destitution en brandissant le slogan « Dégage ».
Les manifestants, qui se sont rassemblés devant le Théâtre municipal de Tunis, ont dénoncé les mesures et décisions exceptionnelles prises par le président Saïed depuis le 25 juillet 2021. Selon eux, « ces mesures, qui menacent de faire glisser le pays vers un régime autoritaire, ont sapé la légitimité et enfreint la Constitution ».
Les opposants à la politique du président Kais Saied ont par ailleurs scandé des slogans appelant à son départ. Plusieurs mesures de sécurité strictes ont été prises et de nombreuses unités sécuritaires ont été déployées pour contrôler les entrées et sorties de l’avenue Habib Bourguiba, et pour s’assurer que l’entrée des manifestants s’organise sans heurts, et sans problèmes.
Jaouhar Ben Mbarek, coordinateur du collectif « Citoyens contre le coup d’Etat », a indiqué que la manifestation de ce dimanche représente « un maillon d’une série de mouvements qui ont été organisés depuis septembre 2021 contre les mesures de coup d’Etat prises par le Président de la République ». Cette manifestation continue de brandir, d’après lui, les mêmes slogans scandés depuis septembre dernier contre ce qu’il qualifie de « coup d’Etat », accusant Kais Saied de concentrer le pouvoir et de pousser le pays vers une crise politique sans précédent.
Il a estimé, en outre, que « Saied a contribué, par ses mesures unilatérales, à l’augmentation de la violence dans la société par son discours violent, tendu et divisant la population », notant que la situation actuelle du pays se caractérise par une crise économique et financière étouffante, impliquant pauvreté, marginalisation, chômage et absence de produits de base.
Tout en admettant que la situation économique résulte en partie des gouvernants tout au long de ces dix dernières années, Ben Mbarek a estimé toutefois que les dix derniers mois, qu’il a qualifiés de « noirs », ont contribué à affaiblir davantage le pouvoir d’achat des Tunisiens. Mbarek a tenu le président de la République pour responsable de ces difficultés, comme en témoigne, selon lui, la régression de la plupart des indicateurs économiques et financiers, considérant que le processus engagé par Kais Saied et toutes les démarches et décisions qu’il a prises sont « inacceptables ».
Il a critiqué, à cet égard, la modification apportée par le Chef de l’Etat à la composition de l’ISIE. Estimant que la consultation électronique sur les réformes politiques envisagées avait échoué, Jaouhar ben Mbarek a affirmé que : « Le peuple tunisien boycottera le référendum du 25 juillet 2022 ». Au sujet de l’élargissement du Front de salut national, il a indiqué que l’annonce de sa composition officielle aura lieu dans les prochains jours, révélant qu’il y aura des surprises et que le front rassemblera toutes les forces démocratiques « .
De son côté, Ajmi Lourimi, dirigeant d’Ennahdha, a indiqué que le champ des opposants au coup d’Etat et aux mesures d’exception en Tunisie » s’est élargi de façon notable. Il a critiqué « la situation sociale et économique dans le pays depuis le 25 juillet et la politique de destruction en Tunisie qui était classée parmi les pays démocratiques et s’est substituée en un Etat autoritaire ».
Lourimi a estimé que le président Kais Saied a contribué avec ses mesures d’exception à l’isolement du pays et à son propre isolement de manière à aggraver la crise du pays qui a eu une incidence considérable sur le quotidien des tunisiens. Lourimi a estimé que le dialogue national doit rassembler et non diviser les Tunisiens et dépendre de la volonté du président. D’après lui, la démarche proposée pour le dialogue « est unilatérale et est de nature à saper les coutumes de l’Etat ».
Notons que le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine a inspecté les différentes formations sécuritaires déployées à l’avenue Bourguiba sans donner une déclaration aux médias.