Par Samia HARRAR
Les « graines » de la discorde servent toujours un dessein précis. Il faut toujours avoir cela à l’esprit, avant de jauger d’une situation, aussi équivoque qu’elle puisse paraître, aussi difficile qu’elle soit, à vivre, pour ne pas s’emmêler les « pinceaux ». Et afin de continuer à y voir clair, sans être sous une quelconque influence. Car il est facile, lorsque l’émotion est au rendez-vous, d’avoir sa vison brouillée, au point de ne plus pouvoir discerner les chausse-trappes et les nids de guêpe, pour débusquer l’ennemi, là où il pourrait se cacher.
Est-ce qu’il était important de souligner, lors de l’enterrement de la martyr de la Palestine, qu’elle était de confession chrétienne ? Est-ce qu’il était de la première priorité, de faire état d’une quelconque divergence de points de vues, laquelle du reste n’a jamais existé, sur la façon de se recueillir sur la dépouille de la journaliste, assassinée par l’armée israélienne, juste pour marquer les esprits, par le pseudo-refus des Palestiniens de confession musulmane, de prier à la mémoire de celle qui fut, pendant deux décennies au moins, la « Voix de la Palestine », sachant que le jour de l’enterrement, les Palestiniens : qu’ils soient chrétiens ou musulmans, étaient liés, cœurs et âmes, dans leur douleur, face à la perte de celle qui a été ciblée par un « sniper » israélien, parce qu’elle était patriote jusqu’au bout des ongles, dans sa façon de témoigner de l’injustice et des atrocités, commises par « Tsahal », sur les Palestiniens, tout en exerçant son métier de journaliste, qui a refusé d’abdiquer jusqu’à son dernier souffle. Un souffle qui lui a été ravi, par ceux qui n’aiment pas que les caméras se posent sur eux, pour attester de leurs crimes qui restent impunis.
Non, ce n’était pas du tout nécessaire, de chercher à éveiller, une quelconque velléité d’antagonisme, qui aurait pu exister, entre les chrétiens, et les musulmans de Palestine. Il il faut y prendre garde, à ne pas s’enferrer dedans.
Que Shireen Abu Akleh ait été juive, musulmane, ou chrétienne, importe peu. Ce qui importe, ce qui est essentiel, ce qu’il faudra retenir, c’est sa dimension humaine, son courage professionnel, et son héroïsme, qui était pour elle un « héroïsme » ordinaire, puisqu’elle le pratiquait tous les jours, au péril de sa vie, dans cette Cisjordanie crucifiée, parce qu’elle n’envisageait pas autrement, son métier de journaliste. Et quand bien même elle savait qu’elle était dans la ligne de mire, de ceux qui l’ont assassiné, elle n’a pas failli à sa mission. Elle en a payé le prix cher…