Par Raouf KHALSI

Elle y va la fleur au fusil, c’est-à-dire avec courage. Elle a certainement eu son content de sexisme de la part de ceux qui, dédaigneux, négationnistes, ne cessent de voir en elle l’extension du bras de Saied. Quelque part, reflexe partout épidermique, puisque le nouvelle Première ministre française fait déjà face aux mêmes sarcasmes.

Or, à Davos, le Forum des Grands de ce monde, Najla Bouden n’est pas allée la main-tendue, comme pour quémander. Peut-être, s’est-elle remémorée la force de percussion du défunt Président, Béji Caid Essebsi, là où il a retourné certaines situations en faveur de la Tunisie. Même si, sur le fond, son travail s’était concentré sur « une nouvelle image de la Tunisie », s’attelant, entre autres, à un peu trop reluire l’image d’Ennahdha. Au fond, les Occidentaux, ceux-là mêmes qui avait fait le lit de l’islam politique, s’en retrouvaient confortés !

Or, à la différence de BCE, Najla Bouden ne s’est pas laissé entrainer dans les gradations doctrinales. Pas plus qu’elle ne se soit trop attardée sur la conjoncture politique, même si, inévitablement, ses interlocuteurs n’en rataient pas une pour lui faire part de « leurs préoccupations ». Du reste, les esprits malfaisants n’ont pas manqué de bombarder le Forum à coups de pamphlets contre le pays. Ces esprits malfaisants sont bien sûr tunisiens, « exilés » et qui mènent campagne contre leur propre pays ! C’est du déjà-vu.

Klaus Schwab, fondateur du Forum l’a reçue avec beaucoup d’égards. Il voulait comprendre, et elle lui a expliqué, du moins dissipé certains préjugés.

Parce que Davos n’est pas le temple des idéologies. Davos , c’est d’abord un outil économique, dans l’indomptable logique de la mondialisation dont Poutine remet aujourd’hui en question son corollaire unijambiste.

Moment fort que cette longue entrevue avec Kristalina Gerorgiera, Directrice du FMI. Il s’agit de praticité. D’entamer, au plus vite, le virage final vers le déblocage de ces fonds, sans lesquels l’économie tunisienne s’enfoncerait davantage. Inévitablement, il a été question de salaires et de désengorgement de la fonction publique, tout autant que d’entreprises nationales déficitaires. Et, donc aussi, du rôle de l’UGTT dans ce processus.

D’une façon ou d’une autre, on ne pouvait pas esquiver le dialogue national. La Cheffe du gouvernement a préféré parler richesses inexploitées en Tunisie, fuites de cerveaux, et IDE.

Plutôt que de nous nous forcer à désinvestir, venez investir.

Message fort. Ce n’est ni la future république de Saied. Ni la troisième voix de l’UGTT…

C’est de la Realpolitik