Les tractations autour du dialogue national, autour de la commission consultative, plus précisément, se poursuivent et ne se ressemblent pas. Les doyens des facultés de droit et des sciences juridiques et politiques refusent de faire partie à la commission consultative. L’information est révélée à travers un communiqué, non signé, diffusé sur les réseaux sociaux, Facebook principalement. Document, par la suite, « authentifié par Salma Belkessam, dans une communication téléphonique avec le plateau « Rendez-vous 9 ».
Mais avant, seules la ligue Tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Union nationale de la Femme Tunisienne ont confirmé leur participation à la commission consultative. Une participation, d’ailleurs, contestée auprès des anciens dirigeants au sein de la LTDH. Ces dirigeants appellent dans, un communiqué, à soutenir la position de l’UGTT qui annonce déjà son boycott de la commission consultative. Chronologiquement parlant, la position de la première centrale syndicale est annoncée par le comité administratif. Elle est, en tout cas, annoncée par Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l’UGTT qui appelle le président de la République à faire des concessions. En terme de timing, le boycott du dialogue national est accompagné par l’annonce d’une grève générale dans le secteur et la fonction publics. Le premier syndicat du pays revendique des augmentations salariales pour la fonction publique alors que le gouvernement rejette catégoriquement toute augmentation. On négocie la diminution de la masse salariale avec le Fonds monétaire international (FMI). Et, depuis, les interprétations ne font pas défaut. Une partie des coordinations du président accuse l’UGTT de vouloir faire tomber le gouvernement. Dans tous les cas, l’UGTT se retrouve accusée de servir les intérêts d’Ennahda et ses alliés. Une réaction s’impose donc auprès du bureau exécutif qui décide une conférence de presse pour mieux expliquer sa position.
Grève générale reportée
Avec l’absence de Noureddine Tabboubi qui suivait la réunion depuis son bureau, la conférence tenue hier à Tunis, enregistre, par contre la présence de Houcine Abbassi, ancien secrétaire général de l’organisation en soutien à la position de l’UGTT quant au dialogue national. C’est Sami Tahri qui prend parole pour évoquer les trois thèmes de la conférence. Le premier est d’ordre politique et il est présenté par lui même, alors que deux autres secrétaires généraux adjoints vont animer les deux autres thèmes économique et social. D’une façon générale, les trois interventions font révéler autant de constats. L’UGTT tient encore au dialogue national, mais rejette la démarche unilatérale du président de la République. Entre autres, l’organisation soutient encore le processus politique engagé depuis 25 juillet, d’autant plus qu’Ennahda et ses alliés sont rejetés. Sami Tahri annonce à ce propos que la réunion du comité administratif est encore ouverte. La position de l’UGTT peut changer à condition que Kaïs Saïed réagisse favorablement. De toutes les façons, le président est appelé à faire des concessions alors que le gouvernement est rappelé aux négociations pour des augmentations salariales, dans la foulée de ses négociations avec le FMI. Sauf que pour l’UGTT, la grève, telle que décidée par son comité administratif, est reporté. Aucune date n’est d’ailleurs fixée. Syndicalement parlant, cela signifie que l’organisation est prête à faire des concessions en cas de réaction favorable du gouvernement qui ne partage, d’ailleurs pas, la même vision économique avec Kaïs Saïed. À ce propos, l’UGTT appelle à l’application des accords antérieurs comme elle revendique la majoration du salaire minimum garanti. C’est dans ce sens que la reprise des réunion 5 plus 5 est exigée. De nouveau, l’UGTT se montre ouverte en cas de réponse favorable du gouvernement. Politiquement parlant, le report de la grève s’avère une obligation et non pas un choix pour le leadership de l’organisation. L’UGTT doit éviter toute confrontation avec le pouvoir pour ne pas servir indirectement Ennahda et ses alliés qui prônent le retour du parlement. Entretemps, l’organisation syndicale appelle le président à un dialogue ouvert et direct. « Nous refusons toute médiation avec le président pour la simple raison que le dialogue doit être direct avec l’organisation », explique Sami Tahri qui évoque également la possibilité de mesures en cas de blocage. « Tout est possible, tout a son propre son timing », dit-il , en précisant qu’il est encore optimiste quant au dialogue national. La balle est actuellement dans le camp du président.
Zied DABBAR