L’union générale Tunisienne du Travail (UGTT) refuse la participation à la commission consultative. C’est Noureddine Tabboubi qui confirme le constat, hier, à l’issue d’une nouvelle réunion du comité directeur de l’organisation. « Nous ne sommes pas concernés par le dialogue. Nous ne serons pas présents tant que le président de la République ne procèdera pas à une révision de sa démarche. Le décret n’implique que celui qui l’a préparé », explique-t-il tout en critiquant implicitement le coordinateur de la commission consultative qui annonce l’amorçage du dialogue national, même en l’absence de l’UGTT.
À vrai dire, la position de l’UGTT, prise à l’unanimité au sein du comité administratif, comme au bureau exécutif est appréhendée avant même la publication du décret 30. La situation se complique davantage après la publication des textes d’applications des décrets présidentiels, quelques heures après la conférence de presse organisée par le bureau exécutif de l’UGTT. Les revendications du principal syndicat du pays ne trouvent pas d’échos auprès du président de la République. Quid alors des autres organisations ?
L’UGTT se trouve seule ?
Le constat diffère par contre à la ligue Tunisienne des droits de l’homme (LTDH) qui décide la participation aux travaux de la commission consultative. Au sein de la ligue, la décision est contestée par quelques membres du comité directeur qui refusent la position officielle. Quelques anciens dirigeants ont même signé un communiqué pour appeler l’actuel bureau directeur à revoir sa décision et joindre l’UGTT dans son refus au dialogue tel qu’initié par le président. Le comité tient par contre à sa position et rejette tout appel au retrait du membre qui représente la ligue à la commission consultative.
Parallèlement à ces tractations au sein des deux principales composantes du quartet du dialogue national, lauréat du Nobel pour la paix en 2015, l’ordre des avocats, membre également du quartet, décide la participation au dialogue. Ibrahim Bouderbala, est désigné président de la commission consultative pour les affaires économiques et sociales. Bouderbala, actuel bâtonnier des avocats, est l’un des principaux alliés du président de la République défend toujours la démarche de Saïed. La quatrième organisation formant appartenant également au quartet, est l’union Tunisienne de l’industrie, du commerce et l’artisanat (UTICA) n’émet aucune réserve quant à la participation à la commission consultative. Jusqu’aujourd’hui, l’UTICA est concernée par le dialogue national, d’autant plus que Samir Majoul président de la première centrale syndicale s’est entretenu avec le président de la République le jour même de la publication du décret 30.
Réunions stériles
Majoul discutait avec Saïed de la situation économique et sociale actuelle comme il n’émet aucune réserve quant à la démarche annoncée depuis Carthage. Dans la foulée de ces réunions et de ces tractations, il s’avère que le dialogue national divise les principales organisations nationales qui ont chapeauté le dialogue initié après le gel des travaux de l’assemblée nationale constituante (ANC). Hormis l’UGTT, les trois autres organisations formant auparavant le quartet confirment leur participation à la commission consultative présidée par Ibrahim Bouderbala. Le quartet est divisé, malgré les tentatives de réunion. Des tentatives qui précèdent même les mesures annoncées le 25 juillet 2021.
Ces initiatives sont également enclenchées après la date précitée. En novembre 2021, le siège de la LTDH a abrité une réunion entre les présidents de quatre organisations, Jamel M’sallem, Noureddine Tabboubi, Samir Majoul et Taoufik Bouderbala. La deuxième réunion n’a pas eu lieu, et l’accord de principe n’a rien abouti pour la simple raison que des divergences sont marquées au sein du quartet. L’UGTT poursuit, seule, ses appels au dialogue national.
Zied DABBAR