Le 9 décembre 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) célébrait le quarantième anniversaire de l’éradication de la variole. Plus de deux ans plus tard, une maladie proche de la variole est « ressuscitée » : la variole du singe. Notre ministère de la Santé a affirmé que la Tunisie n’avait enregistré aucun cas de variole du singe. Aucun cas «pour le moment» ou «jusqu’à présent». Une épidémie serait, donc, tout à fait possible chez nous. Mais attention pas de panique.

Tous les pays, tout comme la Tunisie, en avaient presque fini avec la Covid-19, du moins il y a moins de «tapage» sur le coronavirus, qui est passé au second plan face à d’autres actualités. Voilà que, maintenant, une maladie contagieuse est «ressuscitée», comme pour nous pourrir la vie : la variole du singe.

Tout le monde, ou presque, connaît la variole, appelée aussi «petite vérole», cette maladie infectieuse d’origine virale, très contagieuse et épidémique, et don l’Organisation Mondiale de la Santé avait confirmée l’éradication le 9 décembre 1979, suite à des campagnes de vaccination massive, et officialisée cette éradication en mai 1980. Toutefois, des échantillons de ce virus ont été conservés «à des fins de recherche par des laboratoires habilités par l’OMS».

«Infection à orthopoxvirus la plus importante»

La variole est «une maladie exclusivement interhumaine», cependant il existe des virus génétiquement proches dont la «monkeypox» ou «orthopoxvirus simien», soit pour les non-initiés scientifiques la variole du singe, «dont le réservoir est constitué des rongeurs et écureuils des forêts d’Afrique centrale et occidentale» ; forêts qui dépendant de conditions atmosphériques propices aux pluies ou brumes très fréquentes et abondantes. Bien qu’elle soit, donc, véhiculée par des rongeurs et des écureuils, elle «est appelée variole du singe parce qu’elle a été identifiée pour la première fois dans des colonies de singes maintenues pour la recherche en 1958. Il n’a pas été détecté chez l’homme avant 1970». Pour l’OMS, cette variole est «reconnue comme l’infection à orthopoxvirus la plus importante depuis l’éradication de la variole».

Selon les chercheurs, ce virus de la variole du singe «peut se transmettre occasionnellement à l’homme en contact avec ces rongeurs et possède les mêmes symptômes cliniques que la variole soit une éruption pustuleuse, de la fièvre, et des symptômes respiratoires. En 2003, Hureaux dans son «Traité de virologie médicale» faisait état d’une mortalité humaine due à la variole du singe de 3 % . En 2007, l’Institut français de veille sanitaire donnait un taux de mortalité en Afrique par la «monkeypox» de 10 %. Il est à noter que «la transmission inter-humaine (de ce virus) était très faible, mais est en augmentation depuis les années 2000». L’OMS a déclaré que «ces derniers temps, 3 à 6 % des cas signalés ont entraîné la mort dans les pays endémiques, souvent chez des enfants ou des personnes souffrant d’autres pathologies», en précisant qu’«il est important de noter que cela peut être une surestimation car la surveillance dans les pays endémiques est limitée».

Et voilà que «tout d’un coup», la variole du singe «réapparaît». Sans faire dans le cynisme, l’Afrique a été évincée par la Chine, dans le cas du coronavirus ; il fallait bien remettre en avant, d’une manière «négative» ou d’une autre, le continent noir, et remettre au goût du jour la vaccination en anneau, c’est-à-dire «empêcher la propagation d’une maladie en vaccinant les personnes les plus susceptibles d’être infectées. Cette stratégie vaccine les contacts des patients confirmés et les personnes qui sont en contact étroit avec ces contacts» ; soit, si l’on y réfléchit bien, toute la population mondiale. D’ailleurs, c’est ce que certains chercheurs, notamment français, proposent contre la reprise épidémique de la Covid-19.

Des pays non endémiques touchés

En 2020, l’OMS a développé un «cours d’introduction aux contextes d’épidémies en Afrique» de la variole du singe, pour offrir «aux personnel de santé publique et aux agents de santé des informations approfondies pour comprendre l’épidémiologie, les modes de transmission, la présentation clinique, le diagnostic et le traitement de la variole du singe, ainsi que les stratégies nécessaires pour la prévention, Ce cours offre aussi des suggestions pour mener une enquête et mettre en œuvre une réponse efficace à une flambée de variole du singe». Les supports des cours ont été mis à jour en 2021. Mais avec la flambée épidémique qui touche actuellement plusieurs pays les orientations de l’OMS sont en train d’être revues.

D’autant plus qu’actuellement la «monkeypox» touche, également, des pays non endémiques. Selon l’OMS, «au 19 mai 2022, des cas ont été signalés dans plus de 10 pays dans des zones non endémiques. D’autres cas sont en cours d’investigation» et qu’à «l’exception de cas sporadiquement rapportés chez des voyageurs en provenance de pays endémiques, les cas dans les zones non endémiques qui ne sont pas associés à des voyages en provenance de pays endémiques ne sont pas typiques. À l’heure actuelle, il n’existe pas de lien clair entre les cas signalés et les voyages en provenance de pays endémiques, ni avec des animaux infectés».

Entre le 13 et le 21 mai, 92 cas dans des pays non endémiques ont été signalés et 28 cas suspects. Au 25 mai, plus de 180 cas ont été confirmés dans 16 pays non endémiques à travers le monde, notamment au Royaume-Uni, en Espagne, au Portugal, en France, soit 90 % des cas en Europe, une vingtaine de cas ont été identifiés en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada).

Mieux prévenir que guérir ?

Pour le moment, aucun cas de variole du singe n’a été enregistré en Tunisie, c’est ce qu’a annoncé le ministère de la Santé mercredi 25 mai. Cependant, une réunion d’experts, de spécialistes, des représentants de la santé militaire et des organismes gouvernementaux concernés, a eu lieu la veille audit ministère. Cette réunion a concerné le suivi de la situation épidémique mondiale et les mesures devant être prises pour s’en prémunir. Ne dit-on pas mieux prévenir que guérir ?

En tout cas, notre ministère de la santé se prépare à toute éventualité en surveillant l’évolution de la «monkeypox» à travers le monde et l’OMS à remettre au goût du jour la vaccination contre la variole. En effet, d’après cette organisation «il existe plusieurs vaccins disponibles pour la prévention de la variole qui offrent également une certaine protection contre la variole du singe». Cependant, les stocks de vaccins contre la variole détenus par l’OMS ont été mis au point il y a plus de 40 ans et devaient être revus. «Un vaccin plus récent qui a été développé pour la variole (MVA-BN – également connu sous le nom d’Imvamune, Imvanex ou Jynneos) a été approuvé en 2019 pour être utilisé dans la prévention de la variole simienne et n’est pas encore largement disponible. L’OMS travaille avec le fabricant pour améliorer l’accès. Les personnes qui ont été vaccinées contre la variole dans le passé bénéficient également d’une certaine protection contre la monkeypox. Les vaccins originaux contre la variole ne sont plus disponibles pour le grand public et il est peu probable que les personnes âgées de moins de 40 à 50 ans aient été vaccinées, car la vaccination contre la variole a pris fin en 1980 après qu’elle soit devenue la première maladie à être éradiquée. Il est possible que certains membres du personnel de laboratoire ou de soins de santé aient été vaccinés avec un vaccin antivariolique plus récent».

D’autre part, toujours selon l’OMS, «un antiviral développé pour traiter la variole (le tecovirimat, commercialisé sous le nom de TPOXX) a également été approuvé pour le traitement de la variole du singe en janvier 2022». Selon l’AFP, l’union européenne prépare des achats groupés de vaccins et autres traitements contre la variole du singe. Alors, doit-on se préparer à une vaccination de masse comme pour la Covid-19 ? Cela est fort possible…

Zouhour HARBAOUI