La situation économique tunisienne demeure floue. Les indicateurs économiques sont contradictoires : certains sont rassurants ; d’autres sont frustrants. Les négociations avec le FMI trainent depuis plusieurs mois. Plusieurs Tunisiens se plaignent, notamment sur les réseaux sociaux, de la détérioration du pouvoir d’achat. Le rapport publié par l’agence de notation Moody’s, ce mardi 28 juin 2022, a rendu la situation plus compliquée. Moody’s déclare que « ses perspectives pour le secteur bancaire tunisien sont négatives » sur fond de troubles politiques et économiques persistants.
Ce n’est pas la première fois : l’agence de notation financière américaine « Moody’s » avait annoncé, le 14 octobre 2021, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long termes, en devises et en monnaie locale. La Tunisie avait passé, dès lors, de la note « B3 » à « Caa1 », avec perspectives négatives. L’analyste à l’agence, Mickaël Gondrand avait indiqué le 25 janvier 2022 que la Tunisie est appelée à identifier avec plus de « clarté », ses sources de financement, pour stabiliser sa note souveraine.
Solde budgétaire
Le solde budgétaire de la Tunisie a enregistré un excédent de 88 millions de dinars (MD), durant les quatre premiers mois de l’année 2022, contre un déficit de l’ordre de 1298 MD, durant la même période de 2021, selon les résultats provisoires de l’Exécution du Budget, publiés, mardi, par le ministère des Finances.
L’amélioration du solde budgétaire est expliquée par l’accroissement des ressources budgétaires de 20,7%, à 12,5 milliards de dinars, due surtout à l’augmentation de recettes fiscales de 17% à 11,5 milliards de dinars. De même, les recettes non fiscales ont évolué passant de 498 MD, en avril 2021 à 733 MD en avril 2022.
Les charges budgétaires ont augmenté à un rythme moins important de 4,5%, à 12,2 milliards de dinars. Cette hausse revient à l’accroissement de dépenses de rémunération de 3% à 6,9 milliards de dinars, de dépenses d’intervention de 10,7%, à 2,6 milliards de dinars et de charges de financement de 7%, à 1,4 milliard de dinars.
Les ressources de trésorerie se sont élevées à 3,1 milliards de dinars, à fin avril 2022, soit en baisse de 31%. Ces ressources ont été mobilisées essentiellement pour le remboursement du principal de la dette.
Commerce extérieur
Durant les cinq premiers mois de l’année 2022, les exportations ont enregistré une hausse de (+25,1%) contre (+24,7%) durant la même période de l’année 2021. Elles ont atteint le niveau de 23283,3 MD contre 18610,5 MD durant la même période de l’année 2021, lit-on dans un rapport intitulé « commerce extérieur aux prix courants, mai 2022 » publié par l’Institut national de la statistique le 11 juin 2022.
Selon la même source, les importations ont enregistré une hausse de (+35,3%) contre (+16,8%) durant les cinq mois de l’année 2021. En valeur, les importations ont atteint 33212,7 MD contre 24551,6 MD durant la même période de l’année 2021.
A la suite de cette évolution au niveau des exportations (+25,1%) et des importations (+35,3%), le solde commercial s’établit à un niveau de (-9929,4 MD) contre (-5941,1 MD) durant les cinq mois de l’année 2021. Le taux de couverture a perdu 5,7 points par rapport à la même période de l’année 2021 pour s’établir à (70,1%), a expliqué l’INS.
En somme, force est de constater qu’entre les chiffres tunisiens et les perspectives américaines de Moody’s, il y a un écart indéniable. Trop contradictoires, les indicateurs économiques prêtent à confusion.
Ghada DHAOUADI