En marge d’une campagne référendaire, chargée décidément de différentes critiques sur fond de la controverse suscitée par la récente rectification du projet de constitution, la vice présidente de Afek Tounes, Rym Mahjoub s’est confié au Temps News, notant que cette rectification n’a pas changé la position de son parti ni son évaluation de la situation, rejetant dès le début tout le projet du président.
« L’ajout de l’expression « dans un régime démocratique » au chapitre 5 ne signifie pas pour autant la disparition de ce que nous considérons comme « dangers » et « menaces » pour nos acquis. En contrepartie, la division du pouvoir législatif en deux chambres, la question du conseil des districts et l’affaire du retrait de confiance des députés, représentent aussi pour nous l’un des aspects négatifs de ce processus, et cet aspect n’était pas révisé ni rectifié » a-t-elle ajouté, considérant que le vote par « non » représente un acte de résistance contre tout un projet « unilatéral » , alors que le boycott du référendum, et contrairement à ce que beaucoup pensent, favorise la démarche du Président et augmente la proportion favorable au vote par « oui ». « Chaque jeu a ses lois, et nous avons décidé de les accepter et de participer au référendum en votant dans le but de mettre fin à toute cette voie » a martelé Mahjoub.
Interviewée par le Temps News, Rym Mahjoub a indiqué, en outre, que son parti compte continuer sa campagne référendaire en visitant d’autres régions prochainement, malgré la violence perpétrée contre Afek Tounes récemment à Sidi Bouzid. Et d’ajouter : « Ce qui est plus grave que l’attaque que nous avons subie, est l’absence de la sécurité censée nous protéger, malgré nos appels répétés. Normalement, les différentes opinions doivent être acceptées et toute personne a le droit d’être protégée et sécurisée pendant la campagne. »
« Le fait que nous appelons au vote par « non » ne justifie pas notre exposition à divers types d’insultes et aux tentatives d’agression », explique encore Mahjoub. « Nous avons vécu une situation pareille en 2012 et 2013 avec « les comités de défense de la révolution », et en fait, il s’agit des mêmes personnes, certains d’entre eux appartenaient aux milices du RCD à un moment donné, ensuite ils sont devenus actifs dans les comités de défense de la révolution. »
Rym Mahjoub se livre encore : « Même au niveau virtuel, nous sommes confrontés à la violence sous forme de vidéos, de commentaires et de pages sur les réseaux sociaux, et nous allons porter plainte contre eux. C’est vraiment malheureux, car nous pensions que nous nous dirigeons vers le progrès, mais il semblerait que nous fassions face parfois à des gens qui ne savent pas faire la part des choses, et qui n’arrivent pas à faire l’équilibre entre la politique et la diversité d’opinion », soulignant que le pays ne peut pas avancer tant qu’il y a encore ceux qui essaient d’éliminer leurs adversaires politiques et d’imposer leurs points de vues en exerçant la violence.
S’agissant des critiques autour du rôle de l’ISIE, la politicienne a également mentionné que le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Instance n’est pas prête. Et d’ajouter : « On trouve plusieurs irrégularités. Un certain opérateur téléphonique tunisien propose même des offres à travers des SMS pour ceux qui voteront oui. Quant aux résultats, il est vrai qu’on ne peut pas parler de falsifications à l’intérieur des urnes comme cela arrivait auparavant, mais d’autres facteurs peuvent dominer le processus électoral et influencer les électeurs, tout comme ce qui s’est passé à 2014 et pendant le reste des élections, qui n’étaient pas falsifiées mais n’étaient pas aussi transparentes et honnêtes comme ils disaient ».
Quant à la possibilité de coordonner avec d’autres organisations et partis adoptant la même position que Afek Tounes par rapport au référendum, Rym Mahjoub nous affirm qu’elle ne préfère pas parler des « fronts », mais de l’intention de planifier des actions référendaires communes, avec les entités politiques et civiques portant la même position.
Rym CHAABANI