Après plus de deux ans de crise, l’ouverture des frontières entre la Tunisie et l’Algérie était tant attendu. Le retour des touristes algériens représente certes un atout indéniable pour la relance du secteur touristique. Dans le cadre des préparatifs, le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, a fait savoir, dans une déclaration accordée aux médias, que « des mesures exceptionnelles ont été prises pour bien accueillir les touristes algériens ». Entre autres mesures, le ministre a annoncé que les automobilistes algériens pourront se garer où bon leur semble et ne seront pas soumis aux procédures de pose de sabots en cas d’infraction à la règle sur le stationnement : « Nos amis algériens viennent faire leurs courses dans nos centres commerciaux et nos avenues marchandes et il arrive qu’ils ne fassent pas attention aux signalements d’interdiction de stationnement. Afin de ne pas leur causer de gêne, nous avons décidé qu’ils ne seront pas pénalisés » a déclaré le ministre. Une mesure qui a suscité de vives critiques auprès des internautes tunisiens sur les réseaux sociaux, qui ont trouvé cette annonce injuste.

Certes les Tunisiens ont de très bons rapports avec leurs  pairs algériens. Mais il est clair, que dans un contexte de grave crise économique et de détérioration du niveau de vie en Tunisie, cette mesure est estimée discriminatoire envers les Tunisiens puisqu’ils ne jouissent pas de leur plein statut dans leur pays.

 « Soucieux de traiter avec souplesse tout le monde, sans exception »

D’ailleurs, suite à ce tollé, le ministère de l’Intérieur a indiqué, dans un communiqué publié le mercredi 13 juillet 2022, qu’il est « soucieux de traiter avec souplesse tout le monde sans exception » sur la question des grues de fourrière et des sabots de police. Il a précisé qu’il agira dans le cadre de l’égalité devant la loi, en attendant l’approbation d’un nouveau plan de circulation en coordination avec tous les intervenants.

Le problème des grues de fourrière a toujours fait polémique en Tunisie puisqu’il évoque parallèlement un très grand problème, qui est celui du stationnement. En Tunisie, trouver une place de parking le matin en se rendant au travail constitue le cauchemar quotidien de la majorité des fonctionnaires. Un constat qui pousse plusieurs d’entre eux à se garer d’une manière anarchique pour pouvoir se rendre au travail à l’heure. Le problème est que le fameux « changuel » est toujours au coin de la rue à guetter, sans pitié, ces personnes pour leur affliger un sabot ou carrément remorquer la voiture à la fourrière. Il est inadmissible aujourd’hui avec la cherté de la vie et le manque de parking gratuit, de privatiser toutes les zones de stationnement. Les salaires sont déjà minimes, et si on doit, en plus de cela, consacrer un montant mensuel pour le stationnement, il ne restera plus rien dans la poche des Tunisiens.

Tohu-bohu et comportements anarchiques

En banlieue Nord, Notamment la Marsa, garer la voiture du côté de la corniche pour se balader et profiter de la plage à coté, est un luxe que la majorité ne peuvent pas se le permettre, puisque presque toutes les zones de stationnement sont payantes, y compris les zones résidentielles et ce, jusqu’à 1h du matin.

Certains efforts ont été entrepris dans ce sens pour essayer d’alléger un peu ce calvaire. Le gouvernorat de Tunis avait annoncé, fin juin, qu’il sera désormais interdit aux grues de fourrières, d’embarquer les voitures durant le weekend. Ainsi les grues seront interdites à partir du samedi à 13 heures et jusqu’au lundi à 8 heures. Cette décision a été prise après que de nombreux citoyens se sont plaints de certains abus des employés sur ces grues, dont les dommages causés aux voitures et la paralysie du trafic routier.

Pendant la saison estivale, le problème de stationnement prend toujours de l’ampleur avec l’arrivée des touristes et la multiplication du nombre des automobilistes. Il faudrait absolument et d’une manière urgente trouver une solution à ce phénomène et alléger les lois et les pénalités. Rien ne justifie l’anarchie, mais faute de solution, c’est la seule solution envisageable quand une personne se trouve dans une situation paralysante. Pourquoi ne pas proposer comme en Europe les disques de stationnement gratuit pour une durée limitée dans quelques zones ? Tant de solutions peuvent être trouvées pour venir au secours des automobilistes, il suffit d’avoir la volonté de le faire…

 

Leila SELMI