Par Raouf KHALSI

Il est dommage que la société bienpensante n’ait pas pris la mesure de ce qui est en train de se mouvoir dans l’histoire (trop convulsive cette dernière décennie) d’une Tunisie exsangue. On y va avec des clichés réducteurs dans les approches d’analyses, et c’est manquent de discernement dialectique. Sinon, on a assisté, ces derniers jours, à des commentaires passionnels, faits de slogans « vicieux », comme pour conditionner l’électorat. Du reste, les événements se sont succédés à une cadence effrénée. A croire que tout ce qui s’est fait depuis le 25 juillet 2021 ait été concocté dans une cocotte-minute. Sauf que c’est toute la révolution qui a obéi à la surchauffe rapide et serrée de la cocotte-minute ! La démocratie elle-même, dont M. Ghannouchi et ses satellites est dans la logique expéditive du prêt à porter, indépendamment du gabarit, mais juste fondée sur des recettes faussement institutionnelles, celles-là mêmes qui ont floué nos amis occidentaux.

Ceux-ci ont fini par lâcher un peu du lest. Ils ont compris que leur stabilité, du moins la survie de leurs intérêts géostratégiques dans la région, dépendent de la stabilité de la Tunisie. Voilà maintenant, qu’après avoir fustigé Saied, ils se ravisent de faire pédale douce. M. Borell lui-même souhaite que le FMI « s’attendrisse » un peu sur le sort de la Tunisie, tandis que les Américains ont décidé de nous sortir des espaces de leur temps. Parce que la complicité entre un modérateur de la trempe de Tebboune et un Saied qui a enfin compris que la Tunisie ne saurait vivre en autarcie et avec un modèle atypique, eh bien, cette complicité donne naissance à un axe assez solide. Erdogan, le 6ème Califat, tout ça, c’est fini.

Aujourd’hui, c’est donc une journée décisive. Un peu moins de cinq cent observateurs étrangers seront là pour voir et juger.

Bien entendu, les lobbys ont bougé. Les ONG , à l’instar d’Amnesty International (Cf P 3) ont établi leurs rapports. C’est leur droit et c’est leur vocation. Sauf que, si l’on parle de Droits de l’Homme, il faudra quand même nuancer. A la révocation sauvage de 82 magistrats par B’hiri, il n’y a pas eu réaction. On n’a pas vu de soutien américain ou européen au comité de défense des martyrs Belaïd et Brahmi…

C’est que, comme le dit Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà ».

Saied détient-il la vérité absolue ? Ce qu’il prévoit comme régime pour la Tunisie est-il le meilleur possible ?

Le peuple le dira. Et, nous l’espérons, sans conditionnement…