Le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonçait au cours d’un discours guerrier le lancement d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine, ouvrant la voie à une invasion du pays. Cinq mois après, le pays est meurtri mais pas vaincu, constate CNews qui dresse par-là même une synthèse de ces cinq mois de conflit.
Sur le terrain, la situation se fige
Après avoir tenté de s’emparer de Kiev, sans succès, l’armée russe a concentré ses attaques dans le sud et surtout l’est du pays. Le Donbass, région minière administrée par les oblasts de Donestk et de Lougansk, est désormais en grande partie contrôlée par les Russes et les séparatistes pro-russes.
Après de longues semaines sans victoire stratégique, la Russie a mis la main sur plusieurs grandes villes comme Kherson et Marioupol au sud, Lyssytchansk et Severodonetsk à l’Est. Les combats se concentrent désormais autour de Kramatorsk et Sloviansk mais la ligne de front évolue peu depuis quelques semaines.
La Russie, qui enregistre des résultats mitigés au regard de sa puissance militaire, grignote peu à peu du terrain mais commence à manquer de bras. L’armée ukrainienne, de son côté, fatigue mais continue de résister en partie grâce aux livraisons d’armes occidentales.
Le 20 juillet, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé à la chaîne Ria-Novosti que les objectifs militaires de la Russie ne se limitaient plus uniquement à l’est de l’Ukraine, mais concernaient également « d’autres territoires » comme « les régions de Kherson et Zaporijjia (dans le sud, NDLR) et une série d’autres territoires ».
Les négociations dans l’impasse
Après plusieurs rounds de négociations en mars et la proposition d’un « compromis » par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, les négociations entre l’Ukraine et la Russie sont au point mort.
Le 20 juillet, dans la même interview accordée à Ria-Novosti, Sergueï Lavrov a déclaré que mener des pourparlers avec Kiev n’aurait « aucun sens dans la situation actuelle », estimant que de précédents contacts avaient « seulement révélé l’absence de volonté, chez la partie ukrainienne, de discuter sérieusement de quoi que ce soit ».
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, principal allié de Vladimir Poutine, a lui assuré que la guerre en Ukraine ne cesserait que si Kiev acceptait ses pertes et finissait par négocier.
Les seuls pourparlers qui se tiennent en ce moment ont trait à la crise alimentaire, provoquée par le blocage des exportations de céréales ukrainiennes et des engrais russes. Une avancée notable a toutefois pu avoir lieu vendredi, l’Ukraine et la Russie ayant signé avec la Turquie et les Nations unies deux accords séparés sur l’exportation des produits agricoles via la mer Noire.
Un drame humanitaire
Sur le plan militaire, le chef d’état-major des armées britannique, l’amiral Tony Radakin, a évalué à 50.000 le nombre de soldats russes tués ou blessés. Kiev a fait état de 10.000 morts dans ses troupes.
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L’ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais leur nombre véritable reste inconnu. Pour la seule ville de Marioupol, ravagée par des bombardements russes massifs, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20.000 morts.
Plus de six millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). Ils s’ajoutent aux quelque 5,5 millions d’Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d’autres États européens depuis le début de l’invasion.
Enfin, les accusations autour de crimes de guerre commis par les Russes se multiplient, comme dans la ville martyre de Boutcha. De nombreux témoignages font également état de viols, un crime utilisé comme une véritable arme de guerre par l’armée russe.
(avec agences et médias)