L’agence de notation financière internationale Fitch Ratings a souligné, jeudi, que la Tunisie est désormais en mesure de conclure un nouvel accord de financement avec le Fonds Monétaire International (FMI), sans qu’il n’y ait consentement préalable avec l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), étant donné que la nouvelle constitution qui vient d’être adoptée permet de fournir, a-t-elle dit, une » base plus solide pour les élections législatives ».
Selon Fitch, cet accord devrait être conclu avant la fin de cette année, ajoutant que les divergences entre le gouvernement et l’UGTT pourraient néanmoins « constituer encore des obstacles à la conclusion de cet accord ».
« La centrale syndicale a exprimé sa volonté de travailler avec le gouvernement sur les réformes. Cependant, elle n’a pas caché ses inquiétudes quant au nouvel ordre institutionnel. Une forte opposition sociale pourrait retarder la conclusion de cet accord avec le FMI ou diminuer la capacité du gouvernement à maintenir le programme de réformes sur la bonne voie », a-t-elle souligné.
L’agence de notation financière internationale a estimé que les bailleurs de fonds internationaux restent « disposés à soutenir le pays après l’approbation par référendum, et sans troubles sociaux d’une nouvelle constitution, bien qu’avec une faible participation ».
« Maîtriser les flux migratoires en Méditerranée »
« Nous pensons que les créanciers officiels sont toujours disposés à apporter leur soutien, en partie parce qu’ils perçoivent ce soutien comme un moyen pour renforcer la stabilité dans la région et maîtriser les flux migratoires à travers la Méditerranée », observe Fitch Ratings, précisant que le soutien financier des ces créanciers reste lié à un accord avec le FMI.
La même source a indiqué que la conclusion de cet accord nécessite la mise en œuvre préalable de certaines mesures importantes visant notamment à rééquilibrer les dépenses plutôt qu’à les réduire.
A défaut d’un tel financement, les réserves internationales de la Tunisie pourraient se dégrader progressivement et le dinar tunisien devrait se déprécier davantage. « Cela augmenterait la charge de remboursement associée à la dette souveraine libellée en devises étrangères, que nous estimons à environ 49 % du PIB », a indiqué Fitch.
Sans réforme crédible, la Tunisie pourrait finalement être considérée comme nécessitant un traitement de la dette du Club de Paris avant de devenir éligible à un financement supplémentaire du FMI, avec des implications pour les créanciers du secteur privé, prévient la même source.
Les représentants du FMI avaient déclaré, le 19 juillet dernier, à l’issue de leur mission en Tunisie, que des « progrès notables avaient été accomplis vers la mise en œuvre d’un programme de réformes ».
En mars 2022, Fitch avait abaissé la note de la Tunisie de « B- » à « CCC », déclarant que les retards dans la conclusion d’un accord avec le FMI, ou dans la mise en œuvre d’un accord, pourraient entraîner une action de notation négative.
La « CCC » de la Tunisie avait été placée, le 14 juillet dernier, sous observation de critères (UCO) , après avoir introduit des modificateurs +/- dans la catégorie « CCC ». Les souverains notés « CCC » pourraient voir leur note changer d’un cran, migrant potentiellement vers « CCC- » ou « CCC+ », ou rester à « CCC ».