« Les Etats-Unis devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », avait menacé Pékin.

Le monde est suspendu ce mardi 2 août au trajet de l’appareil Spar-19 de l’US Air Force, censé transporter la présidente de la Chambre des représentants américaine de la Malaisie jusqu’à la Corée du Sud… sauf qu’il fera d’abord escale à Taïwan.

L’hypothèse, soulevée ces derniers jours par la presse internationale, s’est confirmée alors que l’avion a fini par indiquer sa destination en cours de vol. Jusqu’à 300 000 personnes suivaient en direct, ce mardi, le trajet de Nancy Pelosi sur le site FlightRadar. Le « Financial Times » évoque une rencontre entre Nancy Pelosi et la présidente de Taïwan mercredi matin.

« Les Etats-Unis devront payer le prix »

Nancy Pelosi avait auparavant atterri ce mardi matin sur une base aérienne malaisienne avant de rencontrer le Premier ministre et le président de la chambre basse du Parlement. Après Singapour et la Malaisie, son itinéraire prévoit des étapes en Corée du Sud et au Japon. Mais le flou était sciemment entretenu autour d’une possible visite à Taïwan, provoquant le courroux de la Chine.

Pékin considère l’île comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire, et a plusieurs fois mis en garde Washington contre une visite de la haute responsable qui serait vécue comme une provocation majeure. « Les Etats-Unis auront assurément la responsabilité (des conséquences) et devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », avait indiqué ce mardi devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

Dans le même temps, quatre navires de guerre américains, dont un porte-avions, ont été positionnés par les Etats-Unis dans les eaux à l’est de l’île dans le cadre de déploiements « de routine », rapporte l’agence de presse Reuters.

De son côté, la Russie, proche du gouvernement chinois, a accusé les Etats-Unis de « déstabiliser le monde ». « Pas un seul conflit réglé dans les dernières décennies, mais plusieurs provoqués », a déclaré sur son compte Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Nancy Pelosi a « le droit de visiter Taïwan »

Si la Maison-Blanche se montre gênée par la situation, John Kirby, son porte-parole, a affirmé que Nancy Pelosi avait « le droit de visiter Taïwan ». « Il n’y a pas de raison pour que Pékin fasse de cette visite, qui ne déroge pas à la doctrine américaine de longue date, une forme de crise », a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis pratiquent à l’égard de Taïwan une diplomatie dite d’« ambiguïté stratégique », consistant à ne reconnaître qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taipei mais en s’abstenant de dire s’ils défendraient ou non militairement l’île en cas d’invasion. John Kirby a réitéré que cette politique restait inchangée.

Le gouvernement taïwanais s’est pour sa part abstenu de tout commentaire concernant une visite de Nancy Pelosi. Le Premier ministre Su Tseng-chang n’a pas confirmé la visite lorsque les journalistes lui ont posé la question, mais a remercié Nancy Pelosi pour son soutien.

La menace quotidienne d’une invasion chinoise

Les 23 millions de Taïwanais vivent sous la menace constante d’une invasion de la Chine, cette crainte s’étant renforcée depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, qui a fait de la réunification une priorité.

La semaine dernière, à l’occasion d’un entretien téléphonique avec le président américain, Xi Jipping avait appelé les Etats-Unis à ne « pas jouer avec le feu ». « Telle que nous la voyons, pareille visite semble très dangereuse et très provocatrice », a renchéri lors d’une conférence de presse l’ambassadeur chinois aux Nations unies, Zhang Jun. « Si cette visite a lieu, elle affaiblira également la relation entre la Chine et les Etats-Unis, je suis sûr que les Etats-Unis comprennent cela ».

Pour appuyer leur message, les militaires chinois ont diffusé lundi sur internet une vidéo au ton martial montrant des soldats criant qu’ils sont prêts au combat, des chasseurs en train de décoller, des parachutistes sauter d’un avion ou encore une pluie de missiles qui anéantissent diverses cibles. En réponse, le ministère de la Défense taïwanais s’est dit « déterminé » dans un communiqué à protéger l’île contre les menaces de la Chine.

(avec agences et médias)