Au cœur de la ville de Nabeul, à Zkak El Mssetra , une des ruelles qui serpentent la vieille ville ,  dans une maison traditionnelle ( arabe ) qui architecturalement  donnait le dos à la rue, préservant ainsi, les secrets et les mystères d’un corps humain de type féminin , et l’excluant du système de communication et d’échange  avec le monde extérieur,  étranger , au titre d’une source de dangers qui pourraient violer les mystères d’un corps féminin plein de mystères .

Ce corps, longtemps considéré dans la logique d’un héritage socioculturel androcentrique du masculin, comme l’être de l’intérieur, et réduit injustement à une taille et à une dimension qui ne sont pas les siennes , fait aujourd’hui l’objet d’un grand débat philosophique pour casser intelligemment et via la pensée philosophique des murs socialement isolants, et culturellement étanches à toute communication constructive, innovatrice et libératrice .

Comme par hasard, ce temple de la philosophie (nabeul book club) a choisi d’y siéger et d’initier les jeunes et les moins jeunes sans distinction aucune à la réflexion philosophique pour un meilleur bien-être social et intellectuel.

Le principe d’initiation de nos enfants à la réflexion philosophique relève même de celui de Socrate, ‘’Parles pour que je te vois ‘’.

Dans ce club de philosophie, ( nabeul book club) à Dar JEELEN ce magnifique temple du savoir , des jeunes de huit à dix-huit ans, réunis autour  de ce qui nourrit l’âme et l’esprit pour réapprendre à voir le monde , et pour  « Vivre leurs pensées et penser leurs vies » avec un corps humain sain et équilibré, dans un corps social homogène, harmonieux ,et imperméable aux considérations séparatrices et stigmatisantes, un corps social qui puise son sens et sa légitimité dans le respect de l’autre, et dans la culture de différence, qui seule pourrait nourrir et entretenir l’échange harmonieux et la richesse humaine . Quelle belle initiative ! Elle a réveillé en moi un souvenir de 2018 où Mon ami le penseur Youssef Seddik pionnier de l’initiation des adolescents à la réflexion philosophique a animé une séance autour du thème sus indiqué dans un stand d’exposition à la foire du livre.

Pour les moins jeunes et pour un large public mixte et bien garnis d’éminents intellectuels, le Prof Jomaa, dans une gymnastique de l’esprit associée à une intelligence verbo-linguistique de marque, nous a régalé par la profondeur de sa  réflexion sur « Le corps , art et résistance » et  sur le sens et la construction des exploits et des performances , illustrés et rapportés juste après par notre champion olympique Oussama Mellouli dans un cursus de référence où « corps et esprit » en parfaite harmonie étaient derrière ses réussites et ses performances historiques .

Bravo aux organisateurs, bravo aux publics bien garnis de jeunes et de moins jeunes des deux sexes, qui par sa participation active et positive a enrichi les débats, sans tabous, et sans complexe aucun.

Le club de philosophie de Nabeul, ce temple du savoir, qui par l’initiation de nos jeunes et de moins jeunes à la réflexion philosophique, à l’appropriation libre d’un corps humain conscient et harmonieux dans un corps social homogène, sans stigmatisation aucune, est un acquis précieux pour les tunisiens et plus particulièrement pour les Nabeuliens. Faut-il que cette unité soit clonée et géographiquement multipliée ! Pourquoi ne pas imaginer où rêver d’une Tunisie dans une dynamique intellectuelle et culturelle avec autant de club de philosophie, d’art et de culture  que de mosquées !  Dans un monde qui change à une vitesse vertigineuse, la Tunisie a besoin de se construire dans une synergie positive et de s’actualiser dans la culture de différence.

Youssef Seddik pionnier dans le domaine de l’initiation de la réflexion philosophique, n’a-t-il pas parlé dans son livre ‘’ Juifs , Chrétiens et Musulman : Une culture qui sépare, une culture qui rassemble!

Bon courage aux initiateurs, bravo à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de ces journées philosophiques Nabeuliennes.

Hedi Cherif

Sociologue