Les autorités sanitaires américaines ont annoncé la première identification dans le sud des Etats-Unis de l’agent de la mélioïdose, « Burkholderia pseudomallei » une bactérie responsable d’une maladie sans doute sous-estimée qui pourrait s’avérer plus mortelle que la dengue et autant que la rougeole. Pas de panique mais une vigilance accrue : il s’agit d’une maladie rare et grave déjà endémique en Asie du sud-est et au nord de l’Australie, responsable chaque année d’environ 165.000 cas et de 89.000 décès.

Alerte en 2020 puis en 2022, quand deux cas de cette maladie ont été rapportés chez des personnes non apparentées vivant dans la côte du golfe du Mexique. Cela a alors incité les responsables sanitaires de cette région, avec l’accord des patients, à effectuer, différents tests, dont des prélèvements de terre et d’eau dans leur environnement proche. L’identification de la bactérie Burkholderia pseudomallei a finalement été avérée dans les échantillons environnementaux domestiques. Mais les autorités sanitaires précisent ne pas savoir depuis combien de temps elle y est présente ou encore si elle peut aujourd’hui être trouvée ailleurs aux États-Unis.

Une enquête est toujours en cours mais les premiers résultats des études de modélisation suggèrent que les conditions environnementales trouvées dans les États de la côte du Golfe, chauds et humides, sont propices à la croissance de l’agent infectieux. Une preuve supplémentaire des effets du réchauffement climatique, déjà soulevée en 2016. Une étude alors parue dans Nature Microbiology avait en effet indiqué que cette affection pourrait être largement sous-estimée et finalement plus meurtrière que la dengue et autant que la rougeole.

A ce jour, les responsables sanitaires ont prié les personnes présentes sur la côte du golfe du Mississippi ayant des problèmes de santé pouvant les exposer à un risque plus élevé (diabète, maladie rénale chronique, maladie pulmonaire chronique, consommation excessive d’alcool) de prendre des précautions pour se protéger. Ils encouragent aussi les médecins de tout le pays à se renseigner sur la mélioïdose et à être conscients de sa potentielle présence. Ils doivent, par ailleurs, toujours signaler les éventuels cas aux autorités sanitaires, la maladie étant à déclaration obligatoire au niveau national.

Appelée également maladie de Whitmore, la mélioïdose se caractérise par des infections respiratoires graves et une septicémie dont la mortalité est estimée entre 10% et 50%. Elle concerne surtout les personnes travaillant dans le secteur agricole, les mines et la construction, des cas d’importation étant toutefois régulièrement rapportés chez des touristes ou des migrants. Cette affection peut être contractée de trois manières : par voie transcutanée, quand une plaie superficielle entre au contact du sol ou de l’eau contaminée, par voie aérienne par des aérosols contaminés ou encore par voie digestive lors de l’ingestion d’eau.

Le traitement repose sur des antibiotiques administrés pendant plusieurs mois mais aucun vaccin n’existe à ce jour. Toutefois, il est possible de se protéger en évitant tout contact avec le sol, l’eau boueuse, en protégeant les plaies ouvertes avec des pansements imperméables. Porter des gants et des bottes imperméables lors des travaux agricoles et de jardinage réduit aussi le risque.

(avec agences et médias)