Suite à l’accueil de Brahim Ghali le chef de la république sahraouie (RASD) et du front Polisario par le président de la république Kais Saied, dans le cadre du sommet TICAD 8, beaucoup ont considéré qu’il s’agit d’un début de crise diplomatique entre la Tunisie et le Maroc. Ensuite, et comme réaction face à la circulation des photos de cet accueil, certains marocains ont considéré sur les réseaux sociaux qu’il s’agit d’une provocation explicite et ont également dirigé toute une compagne virtuelle à ce propos. Un moment après, et en signe de protestation, le Maroc a décidé de rappeler « immédiatement » son ambassadeur en Tunisie et a également annulé sa participation au sommet.
D’autre part, un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères marocain a considéré qu’il s’agit d’un ensemble « d’actes négatifs » menés récemment par la Tunisie « à l’égard du Maroc et de ses intérêts supérieurs ». Il a été indiqué, en outre, que l’accueil réservé par le président Saied à Ibrahim Ghali représente « un acte grave et inédit ».
« Après avoir multiplié récemment les positions et actes négatifs à l’égard du Royaume du Maroc et de ses intérêts supérieurs, l’attitude de la Tunisie dans le cadre du processus de la Ticad (forum de coopération Japon-Afrique) vient confirmer de manière flagrante son hostilité. En effet, la Tunisie, contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, a décidé unilatéralement d’inviter l’entité séparatiste. L’accueil réservé par le chef de l’Etat tunisien au chef de la milice séparatiste, est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives », a indiqué le communiqué marocain.
Il convient de noter, dans ce contexte, que la République sahraouie ( RASD ) fait partie des 55 pays africains membres de l’Union Africaine. En 1984, le Royaume du Maroc s’est retiré de l’organisation de l’unité africaine (fondée en 1963 et remplacée ensuite par l’Union Africaine ), et ce, en opposition à l’admission de l’adhésion de la République Arabe Sahraouie Démocratique à l’organisation à l’époque. Après quelques années, et précisément en 2017, le Maroc est devenu à sa demande à nouveau membre de l’Union Africaine .
La Tunisie refuse les accusations marocaines et rappelle son ambassadeur à Rabat :
Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères tunisien n’a pas pris beaucoup du temps pour publier, à son tour, un communiqué exprimant l’étonnement de la Tunisie face à ce qui a été considéré comme préjugé inacceptable contenu dans la déclaration du Royaume du Maroc concernant la participation de la délégation de la République arabe sahraouie démocratique au sommet du TICAD que notre pays accueille les 27 et 28 août 2022.
« Tout en soulignant sa volonté de préserver ses relations amicales, fraternelles et historiques de longue date avec le peuple marocain, la Tunisie rejette catégoriquement le langage contenu dans la déclaration marocaine accusant notre pays d’adopter une position agressive envers le Maroc et de nuire aux intérêts marocains.
Tout en soulignant également que, sur la base des constantes de sa politique étrangère, la Tunisie met l’accent sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et le respect de leurs choix, elle souligne également son rejet de l’ingérence dans ses affaires intérieures et la suprématie de sa décision nationale », a indiqué le communiqué en soulignant la décision de la Tunisie de rappeler immédiatement son ambassadeur à Rabat pour consultation.
La Tunisie a également indiqué à travers ce communiqué que la république sahraoui a participé auparavant à la sixième session de la TICAD tenue à Nairobi/Kenya en 2016 et à la 7eme session tenue à Yokohama/Japon en 2019, et a également participé à d’autres réunions régionales telles que le Sommet Afrique-Europe (UA-UE) tenu en février 2022 à Bruxelles avec la participation du Royaume du Maroc à tous ces sommets mentionnés.
Quant aux invitations, le communiqué du ministère des affaires étrangères Tunisien a affirmé que l’Union Africaine a fait circuler, dans une première phase, une note invitant tous ses membres à participer.
Pourquoi cet acharnement marocain contre la Tunisie ?
Après la publication de la réponse Tunisienne, une partie des Tunisiens et d’internautes ont partagé massivement le communiqué du ministère des affaires étrangères Tunisien en considérant qu’il s’agit d’une réponse équilibrée et honorable et que la Tunisie a parfaitement défendu sa souveraineté tout en citant un ensemble de faits et d’arguments raisonnables et logiques. Toutefois, beaucoup ont décrit les récentes déclarations et décisions marocaines comme attaques et acharnement gratuit et incompréhensible, surtout que le Royaume marocain n’a pas exprimé des réactions pareilles en marge de la participation du la république sahraouie à plusieurs récents sommets et a été aussi présente et représenté sans contester.
D’autres ont rappelé, en outre, de l’attaque sioniste à Hamam Chott datée du 1er octobre 1985 qui a causé le décès de 50 palestiniens et 18 citoyens tunisiens, et ont notamment posé la question : Pourquoi le Maroc n’a pas respecté les sentiments du peuple tunisien et de « forces vives » alors en normalisant les relations avec l’occupant israélien ? Et loin de la Tunisie et des émotions des tunisiens, lorsqu’on parle de « l’invitation des milices », peut-on ignorer, en revanche, la criminalité continue dont le monde témoigne ?
Rym CHAABANI