Après les affrontements qui ont causé la mort de plus de 30 personnes à Tripoli, le Premier ministre du gouvernement basé dans la capitale libyenne, Abdelhamid Dbeibah, a souligné la nécessité d’élections. Les combats, qui se poursuivent depuis samedi, opposent les milices fidèles au gouvernement basé à Tripoli à d’autres groupes armés alliés à une administration rivale qui cherche depuis des mois à s’installer dans la capitale. « Cette agression a été surmontée, et ils se sont détournés vaincus, traînant les queues de la déception et de la honte en marchant sur le sang des innocents, qu’ils ont versé au nom du pouvoir et de leurs égos gonflés », a déclaré Dbeibah. Ces affrontements ont mis fin à un mois de calme relatif dans la ville, et font craindre une guerre de plus grande ampleur à ses habitants.
Le premier ministre du gouvernement basé l’ouest a appelé dimanche, toutes les parties libyennes à oublier les conflits du passé en soulignant la nécessité de tenir des élections pour éviter un retour aux sommets du long conflit libyen. « Non aux solutions fabriquées de toutes pièces. Oui aux élections. Non à la guerre. Oui, aux élections. Non à la prolongation. Oui, aux élections. Nous partirons tous, mais par les élections », a déclaré le Premier ministre du gouvernement basé à Tripoli.
L’impasse actuelle résulte de l’absence d’élections en décembre et du refus de Dbeibah de quitter le pouvoir. En réponse, le parlement du pays, basé à l’est, a nommé un premier ministre rival, Fathy Bashagha, qui cherche depuis des mois à installer son gouvernement à Tripoli, déclenchant en mai dernier des affrontements qui se sont soldés par son retrait de la ville.
Sur le terrain, La guérilla urbaine dans la nuit de vendredi à samedi entre milices à Tripoli a fait au moins 23 morts et 140 selon un nouveau bilan officiel. D’importants dégâts matériels ont aussi été enregistrés dont des dizaines de voitures calcinées, six hôpitaux ont été touchés par des frappes aériennes. Des organisations de la société ont appelé au calme. « Les institutions de la société civile à Tripoli appellent tout le monde au calme. Rappellent l’interdiction de l’effusion de sang et de l’intimidation des civils, et annoncent que les poursuites légales et pénales toucheront tous ceux qui ont été à l’origine de ces violences à Tripoli. Que Dieu préserve la Libye », a fait savoir Omar Weheba, membre du conseil des anciens au conseil municipal de Tripoli.
Ces combats sont les plus violents depuis l’échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Khalifa Haftar, de conquérir militairement la capitale, Tripoli. Deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir en Libye. Celui basé à Tripoli a accusé le Premier ministre rival Fathi Bachagha, basé provisoirement à Syrte et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, d’avoir voulu « mettre à exécution ses menaces » de s’emparer de Tripoli.
Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l’Est, Fatshi Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force. Un calme précaire régnait sur la ville dans la nuit de samedi à dimanche. Le chef du gouvernement de Tripoli Abdelhamid Dbeibah est ensuite apparu dans une vidéo, entouré de ses gardes, en train de saluer des combattants qui se sont rangés de son côté.
(avec agences et médias)