L’armée israélienne reconnaît sa « probable » responsabilité dans la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh. « Il y a de fortes chances qu’un soldat israélien ait accidentellement tué Shireen Abu Akleh », explique l’entité israélienne. La journaliste vedette d’Al Jazeera avait été tuée en mai dernier, lors d’une opération de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée. Il aura fallu près de quatre mois d’enquête qualifiée d’« approfondie » pour que l’armée israélienne reconnaisse, lundi 5 septembre, sa « responsabilité » dans cette affaire. Et encore, l’armée évoque « la probable » implication de l’un de ses soldats et précise qu’il « n’est possible de déterminer avec certitude l’origine du tir ».
Les circonstances de l’événement, version israélienne, les voici : le matin du 11 mai, des militaires israéliens mènent une opération à Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée. Ils sont en zone urbaine, dense, sous le feu de tirs ennemis, comprendre des groupes armés palestiniens. Durant toute l’opération, les soldats israéliens tirent environ à vingt reprises. La balle qui atteint Shireen Abu Akleh a été tirée « lors d’un feu croisé […] Il y a pu y avoir une erreur d’identification [de cible] », explique l’armée de l’entité israélienne. Ce « probable » tir israélien a été effectué depuis un véhicule blindé. Un soldat disposant d’une lunette de visée a tiré depuis l’intérieur à travers une fente.
L’armée dit « regretter » la mort de Shireen Abu Akleh, mais indique être déterminée à poursuivre ses opérations pour lutter contre le « terrorisme » ; terme utilisé pour qualifier la résistance armée palestinienne. La famille de la journaliste exige que les responsables soient jugés devant la Cour Pénale Internationale et que les États-Unis s’impliquent davantage dans ce dossier puisque la journaliste tuée était également citoyenne américaine.
Lina Abu Akleh, la nièce de Shireen Abu Akleh, a témoigné au micro de RFI : « Peu importe ce que disent les Israéliens, nous connaissons déjà la vérité. Nous n’avons pas besoin qu’ils nous confirment leur implication. Nous le savons déjà. Dès le départ, tout est clair dans cette affaire. Ce que nous voulons, c’est que les responsables de la mort de Shireen répondent de leur crime. Mais ce ne sont pas les meurtriers de Shireen qui lui rendront justice. Nous n’attendons rien des Israéliens. Nous voulons que les Nations Unies et surtout que les États-Unis agissent. Si les Israéliens reconnaissent leur responsabilité dans la mort de Shireen, dans ce cas-là, ils devront rendre des comptes devant la Cour Pénale Internationale. La CPI doit ouvrir une enquête. »
En Israël, aucun procès n’aura lieu et le soldat « probablement » impliqué ne sera pas jugé, indique l’armée.
(avec agences et médias)