C’est la fin d’une longue course au pouvoir : deux mois après la démission du Premier ministre Boris Johnson et en pleine crise du coût de la vie, Liz Truss a été nommée à la tête du gouvernement britannique à l’issue d’un vote, ouvert aux quelque 200 000 membres du Parti conservateur. La cheffe de la diplomatie a devancé l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak. La ministre de 47 ans, restée fidèle jusqu’au bout à Boris Johnson quand les démissions au sein de l’exécutif se comptaient par dizaines début juillet, devient la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May dans l’histoire du Royaume-Uni.
La nouvelle locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10 % et devrait encore considérablement augmenter, et une hausse exorbitante des factures d’énergie qui menace les familles comme les écoles, les hôpitaux et les entreprises. « Je présenterai un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie », a promis Liz Truss après l’annonce de sa victoire. « Je m’attaquerai à la crise énergétique en m’occupant des factures d’énergie des gens, mais aussi en m’occupant des difficultés à long terme d’approvisionnement en énergie », a-t-elle ajouté, promettant une « grande victoire » à son parti lors des législatives prévues en 2024.
Liz Truss a séduit en promettant des baisses d’impôt massives et en adoptant un ton très dur contre les syndicats. De son côté, Rishi Sunak, richissime ancien banquier, a perdu des points en prônant un réalisme économique loin des « contes de fées » et a été vu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages britanniques. Dimanche, Liz Truss a assuré sur la BBC qu’élue, elle agirait « dès la première semaine » pour aider les Britanniques avec leurs factures d’énergie, refusant toutefois de préciser la nature concrète des mesures qu’elle comptait prendre. Elle a aussi souligné qu’elle présenterait « d’ici un mois » un projet de réforme fiscale pour faire face à la crise.
Boris Johnson a refusé de soutenir publiquement l’un ou l’autre des prétendants et a estimé dimanche dans un message d’adieu dans le Sunday Express qu’il était temps de « soutenir le nouveau dirigeant de tout notre cœur », estimant qu’ils étaient tous les deux « plus que capables » d’occuper le poste. Il n’a toutefois pas écarté un retour en politique. Il ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d’été de Balmoral en Écosse, une première pour la souveraine de 96 ans, qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.
Liz Truss suivra pour devenir la 15e cheffe de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, former son gouvernement et affronter mercredi le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer pour la première fois au Parlement.
(avec agences et médias)