Au Royaume-Uni, Liz Truss affronte l’opposition pour son premier jour au pouvoir, lors de sa première séance hebdomadaire de questions. Moins de 24h après être arrivée à son poste de Première ministre britannique, Liz Truss est entrée dans le vif mercredi en affrontant pour la première fois l’opposition travailliste au Parlement, où elle est très attendue sur l’envolée du coût de la vie, alors que le pays face à une très forte inflation. Liz Truss s’est dite par ailleurs « déterminée » à trouver une solution au différend sur le statut post-Brexit de l’Irlande du Nord. Un chantier qui avait déjà été lancé par Boris Johnson et qui envenime les relations entre Londres et Bruxelles.
L’ambiance a été un peu plus calme que sous l’ère Johnson, rapportent des médias britanniques. Même si, quand il s’agit de Westminster, les débats se remportent toujours à l’applaudimètre. Arrivée à la Chambre des Communes sous les applaudissements de son parti, Liz Truss a répondu pendant une bonne demi-heure aux questions du leader de l’opposition, Keir Starmer, du chef des nationalistes écossais, et du reste des députés tous partis confondus. A l’inverse de l’époque Boris Johnson, désormais bien révolue, le « ping-pong verbal » avec Keir Starmer s’est beaucoup plus recentré sur la politique, moins sur des problèmes de personnalité.
La nouvelle Première ministre n’est pas une oratrice hors pair, s’accordent à souligner les médias britanniques. Son style discursif se distingue de celui de Boris Johnson : moins d’exubérance, moins de figures de style, moins d’humour aussi. Liz Truss a martelé sa promesse de fournir des résultats, répétant de nombreuses fois pendant cette demi-heure les priorités de son gouvernement : les services publics, l’économie. Il a surtout été question de la crise énergétique : « Il n’y aura pas de taxe exceptionnelle pour les fournisseurs ». C’est à peu près la seule annonce concrète de ce jour. D’après RFI, la Première ministre dévoilera son plan de lutte contre la hausse des prix demain, là aussi au Parlement.
Par ailleurs, la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss s’est dite mercredi « déterminée » à travailler avec « toutes les parties » pour régler la crise liée au statut post-Brexit de l’Irlande du Nord, rapporte pour sa part l’AFP. A l’origine d’un blocage politique dans la province et d’un bras de fer avec l’Union européenne, le protocole nord-irlandais, négocié au moment du Brexit, crée une frontière douanière de facto entre l’île de Grande-Bretagne et la province britannique, compliquant les approvisionnements et provoquant la colère des unionistes attachés à l’appartenance au Royaume-Uni.
« Nous devons régler les problèmes du protocole nord-irlandais, qui a porté atteinte à l’équilibre entre les communautés en Irlande du Nord. Je suis déterminée à le faire et déterminée à travailler avec toutes les parties pour trouver une solution », a-t-elle déclaré lors de sa première séance de questions au Parlement en tant que cheffe du gouvernement. « Ma préférence va à une solution négociée, mais elle doit alors reprendre les éléments de notre législation sur le protocole nord-irlandais », a-t-elle insisté.
Face au blocage des institutions politiques locales et après des mois de négociations infructueuses, Londres a, en effet, introduit une loi, en cours d’examen parlementaire, pour revenir sur certaines dispositions clés de cet accord de manière unilatérale, s’attirant des menaces de représailles commerciales de Bruxelles. La Commission européenne a, de son côté, déclenché au total sept procédures d’infraction contre Londres pour non-respect du protocole. Ce dernier a été conçu pour répondre à un double objectif : protéger l’intégrité du marché unique européen et éviter le retour d’une frontière terrestre qui risquerait de fragiliser la paix. Or, depuis plusieurs mois, les unionistes refusent de former un exécutif local, censé être partagé avec les républicains du Sinn Fein désormais majoritaires, si le texte n’est pas retoqué.
« Nous ne pouvons pas laisser la situation s’éterniser parce que ma priorité numéro un est de protéger la suprématie de l’accord du Vendredi Saint », a insisté Liz Truss. Le texte n’a toutefois jamais été mis complètement en œuvre car des périodes de grâce sur les contrôles ont été instaurées et prolongées pour des produits comme la viande non surgelée ou les médicaments. Ce différend est également au cœur de tensions entre Londres et Washington, et le sujet a été abordé mardi soir lors du premier entretien téléphonique entre Liz Truss et Joe Biden, aux racines irlandaises.
(avec agences et médias)