Le rêve a été enfin exaucé par l’ouverture récente du Musée national d’art moderne et contemporain à la Cité de la Culture Chedly Klibi avec l’exposition intitulée : « 150 ans d’arts plastiques ». Toutefois, des lacunes restent à combler.
La visite, pour qui s’arrêterait devant chaque œuvre, nécessite au moins une heure de temps pour voyager à travers les différentes périodes de l’histoire de l’art en Tunisie durant un siècle et demi. Des bancs y sont prévus pour se reposer. Les travaux, mis à vue, sont issus du Fonds national d’art plastique et visuel du ministère des affaires culturelles. Quant aux salles d’exposition, assez vastes, elles se situent à deux niveaux. Ce musée n’a rien à envier aux musées d’art moderne et contemporain à travers le monde. Car il est conçu dans les normes internationales de conservation et de présentation des œuvres d’une valeur inestimable. Ecoles, tendances, groupes et expérimentations, constituent cette grande collection qui traverse les années depuis la seconde moitié du dix neuvième siècle (1850), à nos jours (2021.) Un trésor qui nous fait retrouver plusieurs générations d’artistes plasticiens tunisiens ou ayant vécu en Tunisie et qui passe en revue quatre périodes : de celle beylicale, à celle coloniale et de la période abstraite, à celle de l’art contemporain. Cela est constitué de dessins, de peintures, de gravures, de sculptures, de céramiques, de photographies, de tapisseries et d’installations. Nous retrouvons les travaux d’artistes qu’on a parfois côtoyés ou qui étaient nos amis ou nos maîtres grâce à leur amabilité et leur ouverture d’esprit. Nous pensons à Noureddine Khayachi, Hédi Turki, Zoubeir Turki, Ammar Farhat, Abdelaziz Gorgi, Mahmoud Shili, Aly Ben Salem, Hédi Selmi, Néjib Belkhoja, Ali Aissa (Alyssa) et Othmane Khadhraoui.
Des lacunes à combler, des fautes à corriger
Dans cette plus grande exposition historique et contemporaine d’arts plastiques jamais réalisé en Tunisie, nous avons malheureusement relevé des oublis et des bévues au niveau des dates de décès de quelques artistes qui accompagnent un tableau et qui n’accompagnent pas un autre. C’est le cas d’Adel Megdich qui est vivant sur un tableau et qui est parti en 2022, sur un autre, ce qui constitue la réalité. Pour Hassen Soufy, le doyen de nos peintres et que Dieu nous le garde, il est mentionné qu’il est mort en cette année 2022. Non, mais zut ! En êtes-vous sûrs ? Cela nous avait surprit et troublé, sachant pourtant, qu’il est en vie. D’un autre côté, et si on ne se trompe pas, nous n’avons vu aucun tableau d’Habib Bouabana (Boa.) Il se pourrait que le ministère des affaires culturelles n’ait acquis aucune œuvre de ce grand artiste tunisien. L’Etat, dans son processus d’élaboration d’un musée dédié à l’art moderne et contemporain, doit-il seulement compter sur ses acquisitions ? Il pourrait passer, peut-être et de ce fait, à côté du travail d’un génie. Une pièce de musée, n’est pas nécessairement et au départ, une propriété de l’Etat. Car elle demeure à rechercher et à dénicher, quitte à faire appel au privé et aux collectionneurs, avec un certificat d’authentification de l’œuvre, à l’appui.
Lotfi BEN KHELIFA