La fondation Hasdrubal, présidée par Raouf Laamouri, a réussi son challenge en organisant samedi un concert musical où musique, peinture et poésie ont meublé toute la soirée. Un concert où la musique se regarde et où la peinture s’écoute avec Les Toiles Musicales .Dans ce beau cadre d’Hammamet, ce récital musical  exceptionnel  était  accompagné d’une projection vidéo, mettant ainsi en perspective les liens entre la musique et la peinture. Le spectateur était  convié à un véritable voyage au cœur des toiles des grands maîtres de Belkhoudja, Ben Salem, Sehili, Ghorbel, Bettaieb… Cette  promenade musicale au cœur des tableaux  a commencé avec  Marie Francoise Laffrat  Jost et Jean Cyrille Gandillet  qui ont pu exprimer leurs talents et démontrer leur virtuosité auprès d’un public autant enchanté qu’ébahi.

Pour une ouverture, tous les ingrédients majeurs étaient là : un cadre merveilleux baigné de lumière automnale, l’HAsdrubal,  et un public nombreux réuni dans une douce atmosphère.Patrice Fontanarosa et  Gersende Mondani, deux violonistes aux passés différents mais pourtant au présent si proche se sont retrouvé sur scène dans cet univers sans frontières pour nous interpréter des œuvres de Glière et Bartok. C’est debout, sous une salve d’applaudissements, que le public a remercié ces deux artistes de haut standing. Leur musique qui est à la fois sensibilité et sensualité, participe à cette force qui nous pousse les uns et les autres, les uns vers les autres. Elle est une révélation vers la beauté du monde, exaltation des sentiments, discours amoureux, amour-passion au service des forces de vie. Au cours d’un itinéraire imagé et coloré, les deux virtuoses firent découvrir, ou redécouvrir pour certains, les richesses musicales de grands compositeurs . Dans son univers aussi bien graphique que lyrique, les formes dansent avec les couleurs… un résultat énergisant !

Patrice Fontanarosa, accompagné du pianiste Stéphanie Fontanarosa, invita  le public  pour un long voyage musical à travers les envolées passionnantes de la musique classique.  Tous les présents ont pu découvrir la magie de cette musique si colorée et si entraînante. Ce soir, ils  ont joué  avec beaucoup de prouesse, parvenant ainsi à traduire et à transmettre les sonorités raffinées de Vitali, Massenet, Kreisler et Dvorak . Le résultat fut une performance de haute facture.

Après le poème « Septembre » de l’écrivain Hammam Hannachi, le violoniste Zied Zouari propose une évasion dans son univers atypique mêlant les musiques afro-arabe aux sonorités jazz, groove et électro.  Il fait partager aux auditeurs un voyage initiatique dans son univers musical personnel, mêlant avec virtuosité, classique,et jazz, en passant par toutes les musiques du monde.. Les horizons musicaux furent aussi  divers que variés, avec des créations composites mais toujours originales et riches.

Comme à l’accoutumée, la prestation d’Aida Niati a fonctionné comme une belle toile agrémentée de la profondeur du verbe et de la mélodie.  Elle a enchanté le public en interprétant « Habbit Nechki » « Mizen Eddenia » « Chera Lemdina » . Des chansons aux paroles poétiques, célébrant l’amour, l’espoir, la nature, la beauté sur des compositions enlevées teintées, tantôt d’espoir et tantôt de mélancolie.  L’interaction avec son public reste unique et se fait encore plus sentir dans la salle. Sa  voix, fragile et majestueuse, a ébloui ses fans, venus l’applaudir à chaque tube. Ses touches  expriment des tableaux multicolores, une sensibilité et des couleurs d’ici et d’ailleurs avec des influences parfois mystiques, appréciées par l’assistance. Chaque note raconte une histoire. C’est magique dans cet univers musical si magnifique. Un spectacle haut en couleur, en peinture, en poésie. La scène d’Hasdrubal lui donne de l’énergie et lui permet de clôturer la soirée avec Patrice Fontanarosa et  Gersende Mondani,Zied Zouari, Stéphanie Fontanarosa et  Jean Cyrille Gandillet. Aida  a conquis le public avec sa voix profonde et limpide, sa musicalité envoûtante et son charisme aidant, montrant toute l’étendue de son talent en livrant de belles chansons : « le chant des oiseaux » « Hymne à la paix »… Bref, Raouf Laamouri a gagné son pari et partage avec ce grand public que cette « nouvelle » vision de l’hôtellerie selon laquelle l’art et la culture sont de formidables atouts pour transformer l’Hôtel en un lieu de vie animé où il fait bon séjourner.

                                                     Kamel Bouaouina