Le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia (FdI), emmené par sa présidente Giorgia Meloni, est devenu dimanche la première formation politique italienne, en arrivant en tête des élections législatives, selon les premiers sondages de sortie des urnes. « Et maintenant, qu’est-ce qui nous attend ? », s’inquiète La Repubblica. La victoire de Giorgia Meloni et de ses alliés « change l’histoire du pays », par un vote semblant « absoudre, dans l’indifférence, le fascisme historique », écrit le quotidien italien de centre gauche. Focus sur les principales réactions à chaud, depuis dimanche, dans la presse internationale.
Pour le New York Times, l’Italie « a tourné dimanche une page de l’histoire européenne », alors que « des partis autrefois tabous et marginalisés, revendiquant des héritages nazis ou fascistes, entrent dans le courant dominant – et remportent des élections – à travers l’Europe ». La victoire des Fratelli d’Italia intervient deux semaines après celle des Démocrates de Suède (SD), un parti issu de la mouvance néonazie devenu la première formation de droite du pays nordique.
La coalition que forme Meloni avec la Ligue de Matteo Salvini, l’autre parti d’extrême droite italien, et Forza Italia, le parti conservateur de Silvio Berlusconi, rassemblerait 43 % des voix, lui assurant une confortable majorité à la Chambre des députés et au Sénat. Forte de ces résultats, la présidente de FdI a revendiqué dimanche soir le poste de Première ministre, assurant qu’elle gouvernerait « avec l’objectif d’unir le peuple ».
Avec une Italie bientôt dirigée par l’extrême droite, l’Europe « entre pour la seconde fois en terrain inconnu », après l’expérience du Brexit, observe El País. « Aucun pays d’Europe occidentale n’avait jusqu’ici été dirigé par une droite d’inspiration néofasciste, affichant de façon décomplexée son euroscepticisme et son nationalisme populiste belliqueux », note le quotidien madrilène.
« La sensation d’instabilité est inévitable » pour le Vieux Continent, car « l’arrivée de Meloni au pouvoir met fin à une longue série de gouvernements » se revendiquant de la « démocratie libérale », renchérit Clarín en Argentine. « Meloni représente une option différente, celle des ‘patriotes’, qui s’opposent au système européen » et refusent « l’abandon de souveraineté ».
Die Zeit remarque que Mme Meloni ne s’est pas privée d’exacerber « le ressentiment antieuropéen pendant la campagne électorale », répétant à l’envi que « les intérêts nationaux du pays [devaient] passer avant les intérêts européens ». Mais le quotidien allemand veut croire que la future Première ministre sera rattrapée par le principe de réalité : « le pays, lourdement endetté, est dépendant de l’aide financière de l’UE. Et sa promesse de remettre l’Italie sur pied sera extrêmement difficile à tenir sans les fonds de l’UE ».
De fait, si elle est confirmée au poste de Première ministre, Meloni n’aura pas la partie facile, estime The Guardian : l’Italie traverse en effet « l’une de ses périodes les plus délicates », étant confrontée « aux défis gigantesques posés par la crise énergétique, la hausse de l’inflation, une éventuelle récession et une vague hivernale de Covid-19 ».
Enfin, la Romaine de 45 ans, à l’expérience gouvernementale très limitée – elle fut ministre de la Jeunesse entre 2008 et 2011 – devra aussi surveiller ses alliés, « notamment Salvini, un leader assez incontrôlable et en chute libre, en position de faiblesse dans son propre parti et sans crédibilité internationale », écrit le titre conservateur espagnol ABC. Quant à Silvio Berlusconi, 85 ans, « au crépuscule de sa carrière politique, il ne lui sera pas non plus d’un grand secours ».
(avec agences et médias)