Sur TikTok, de nombreuses vidéos de parents filmant leurs petits avec, en fond, un son faisant croire qu’ils appellent la « police des enfants » circulent.
Quelques sonneries, une voix synthétique suivie d’une musique classique, puis un timbre masculin annonçant l’appel à la « police des enfants » : voilà à quoi ressemble cette nouvelle blague, plus communément appelée un prank, qui prend de plus en plus d’ampleur sur TikTok. Elle consiste à faire croire à ses enfants que l’on appelle les forces de l’ordre lorsque ceux-ci n’ont pas été obéissants.
Appel à la « police des enfants » : quelles peuvent être les conséquences de cette blague ?
« #Humour », « #tropdrôle »… Si certains parents en rigolent, d’autres semblent plutôt inquiets des répercussions que cela peut avoir sur les plus petits. Selon Myriam Bost, psychologue spécialisée dans le développement de l’enfant et de l’adolescent, ils ont de bonnes raisons de l’être. « L’enfant n’est pas capable de s’imaginer que c’est une blague » assure-t-elle. Cet humour bien particulier peut malheureusement « conditionner le comportement futur » : les conséquences peuvent donc être multiples.
« Tous les enfants ne vont pas réagir de la même manière mais beaucoup vont être impactés » affirme-t-elle. Sur le court terme, Myriam Bost explique qu’ils risquent de ne plus croire leurs parents et d’écouter encore moins. Ils peuvent également développer du stress ou encore faire des cauchemars. Enfin, ils vont assimiler la police à la méchanceté : il y aura donc une « méfiance envers la justice« , ce qui peut conduire les enfants à ne pas solliciter les forces de l’ordre en cas de besoin.
Se moquer des faiblesses d’un enfant peut le marquer à vie
Sur le long terme, les répercussions de cette pratique peuvent être encore plus graves. La spécialiste prend l’exemple d’une vidéo dans laquelle on aperçoit une petite fille qui est brimée car elle n’a pas terminé son assiette. L’obliger à la finir peut influencer son rapport futur à la nourriture, et pourra ainsi lui déclencher des « troubles du comportement alimentaire » (TCA).
Myriam Bost ajoute que les enfants à qui l’on fait cette blague pourront, à l’avenir, souffrir d’un manque de confiance en eux. Selon elle, cette surexposition sur lesréseaux sociaux pourrait même conduire à des problèmes de harcèlement : « On ne sait pas comment ces vidéos vont être (ré)utilisées contre eux« . Pour la psychologue, rire des faiblesses d’un enfant revient donc à lui faire comprendre que se moquer de lui est un comportement « normal« .
« Il y a une banalisation et une minimisation du vécu de l’enfant«
« Ça minimise beaucoup l’émotion que l’enfant peut vivre sur le moment« déplore-t-elle. Les plus jeunes ont « des émotions très intenses« , qu’ils ne retiennent jamais. À force de blagues comme celle-ci, ou comme celle du « Ghost Filter », qui consistait à les effrayer avec l’utilisation d’un filtre de fantôme, le système nerveux des enfants ne parvient plus à les protéger correctement. Ils connaissent en effet plein de « petits moments traumatiques« , qui peuvent avoir un impact important sur leur vie actuelle comme future.
Myriam Bost dénonce donc toutes ces situations dans lesquelles les figures maternelles et/ou paternelles rigolent de la peur de leurs petits. « Il y a une banalisation et une minimisation du vécu de l’enfant« avance-t-elle. Celui-ci fait entièrement confiance à ses parents, qui sont là pour « le protéger et non pour l’exposer à un potentiel danger« . Cet appel à la « police des enfants » part donc d’une simple blague, qui, au final, va avoir bien plus de conséquences qu’on ne le pense.
d’après femme actuelle