C’est le chiffre annoncé par la Fédération nationale de l’enseignement de base et qui n’a pas été démenti par le ministère de l’Education. Cela signifie que des milliers d’élèves n’ont pas repris le chemin d’école depuis le 15 septembre, date de la nouvelle rentrée scolaire. L’on se demande pourquoi le Ministère de tutelle n’a pas pris les mesures nécessaires dès l’été, bien avant la rentrée, pour trouver les solutions adéquates à ce problème et réaliser un bon départ dès le premier jour. D’ailleurs, l’année dernière, il n’y avait pas ce genre de problèmes à ce sujet. L’on se demande comment on va s’y prendre pour permettre à ces milliers d’élèves de reprendre les bancs de l’école ?
Pourtant, le Ministère sait que le problème de la pénurie d’enseignants pointe à l’horizon depuis des années. Malheureusement, on a laissé ça à vau-l’eau, et on arrive aujourd’hui dans le goulot de l’étranglement. Et dire qu’Il y a un manque d’information et d’imprévisibilité du côté ministériel concernant ce problème, si bien qu’on peut dénoncer un certain cafouillage et un manque de transparence de la part de certains responsables du ministère lors de leurs interventions sur les ondes des radios ou dans les autres médias. Dans d’autres pays civilisés, quand il y a une situation difficile comme celle-ci, la première chose à faire, c’est de communiquer avec le peuple (parents, élèves, syndicats…) et donner des informations détaillées. Dire jusqu’à quand cela va durer et s’il y a des solutions en vue. Jusque-là, le ministère de tutelle semble se claustrer dans le mutisme, ce qui envenime de plus en plus la colère parmi les élèves et leurs parents, voire de la société.
Pourquoi y a-t-il pénurie d’enseignants ?
Ce manque d’enseignants peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’abord, il y a les enseignants qui refusent de travailler dans des zones rurales où les conditions sont précaires ; ensuite, il y a le fait qu’il n’y a pas eu de recrutement depuis des années dans le secteur de l’enseignement, enfin c’est le cas des suppléants ou des contractuels, auxquels on a fait appel, qui revendiquent leurs droits depuis la rentrée scolaire sans rejoindre leurs postes de travail. En raison d’une pénurie d’enseignants et faute de recrutement, le Ministère a eu recours à un grand nombre d’enseignants contractuels, sans pour autant devenir titulaires, étant payés irrégulièrement, voire sous-payés, ce qui a provoqué ce grand manque d’enseignants, surtout dans les écoles primaires, dès la rentrée scolaire actuelle, sachant que près de 10 000 instituteurs contractuels dont la situation n’a pas encore été régularisée, boycottent la reprise des cours. Rappelons que l’accord du 18 mai 2018 prévoit, notamment la régularisation de la situation des agents temporaires sur plusieurs étapes, en plus de la régularisation de 4 000 enseignants suppléants qui ont enseigné pendant plus de 5 mois et 15 jours de manière
Seuls les élèves sont victimes
Ce manque d’instituteurs ou de professeurs qui a l’air de continuer, en l’absence d’une solution, nuit sérieusement aux élèves des différents niveaux et préoccupe beaucoup leurs parents. Un élève qui avait déjà passé trois mois de vacances d’été se trouve obligé de faire l’école buissonnière dès la rentrée scolaire et ce, depuis un mois. Cela fait au moins quatre mois qu’il n’a touché ni livre ni cahier et, partant n’a reçu aucun nouvel apprentissage. Ainsi, il va rater toute une partie des programmes officiels que les autres élèves, dans d’autres établissements sont en train de suivre régulièrement. Même en cas de rattrapage, les élèves ayant manqué leurs premiers cours, toutes disciplines confondues, auront moins de chance d’assimiler la suite des programmes. Par conséquent, cela pourrait décourager la volonté et le goût d’apprendre et de savoir chez ces élèves victimes de l’absence prolongée des enseignants.
Côté parents, ils s’inquiètent du manque d’enseignants en ce début d’année scolaire. Loin de rejeter la responsabilité de la situation sur les enseignants absents, considérant que c’est une question syndicale qui les concernent, c’est davantage le fait que leur progéniture est aujourd’hui privée d’études qui les met en colère contre les autorités qui n’arrivent pas à mettre fin à cette situation. Il faut imaginer l’embarras et l’amertume des parents d’élèves, surtout dans les zones rurales, qui voient rentrer leurs enfants « bredouilles » chaque jour de l’école, après avoir effectué des kilomètres de marche sur une route montagneuse souvent dangereuse. Motif : pas d’enseignants disponibles ! Des écoles où on enregistre encore un manque flagrant d’enseignants, cela veut dire des jours sans classe, sans enseignement, et ce depuis au moins un mois, ce n’est pas tolérable ! Attendre jusqu’à quand ? N’est-ce pas anormal de ne pas encore trouver de solution à cette situation ?
Hechmi KHALLADI