Depuis plusieurs jours on n’entend parler que de l’envolée des prix des carburants. En raison des dépréciations monétaires, près de 60 % des économies des marchés émergents et en développement, importatrices de pétrole ont enregistré une hausse des prix du pétrole en monnaie nationale selon la Banque mondiale (BM) dans la dernière édition de son rapport  » Commodity Markets Outlook  » publiée le 26 octobre 2022. Le gouvernement qui envisage de lever la subvention sur les carburants a déjà augmenté les prix de ces produits de 15,9 % depuis le début de 2022 à travers le mécanisme d’ajustement automatique des prix, a indiqué Nada Triki, analyste à l’Observatoire Tunisien de l’Economie. Et d’ajouter qu’une augmentation de 41% sera enregistrée, cette année, si le gouvernement applique une augmentation mensuelle de 3 % conformément à la loi de finances pour l’exercice 2022.

La ministre des Finances, Siham Namsia Boughdiri, a annoncé que la levée de la subvention sur les carburants sera définitive, à partir de 2026. Les prix réels seront appliqués, selon les réformes que la Tunisie a adoptées, concernant l’ajustement automatique des prix des carburants, lit-on sur le site de « Mosaïque FM » le 28 octobre 2022.

A noter que les axes de l’accord avec le FMI au niveau des experts, sur le programme qui s’étalera sur 48 mois, d’un prêt estimé à 1.9 milliards de dollars pour soutenir les politiques économiques de la Tunisie, ont été présentés aux représentants des médias, par Siham Namsia Boughdiri, en présence du ministre de l’Economie Samir Saïed, du gouverneur de la Banque centrale et des membres de la Commission de négociations avec le Fonds monétaire international, selon la même source.

Dans une déclaration accordée au « Temps news », le président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur Lotfi Riahi a précisé que  » Le citoyen lambda est frustré à cause de l’envolée des prix des carburants car il ne respecte pas le pouvoir d’achat du Tunisien »

Concernant l’impact de l’augmentation des prix des carburants et la levée définitive de la subvention, Riahi a expliqué que cette décision aura une influence directe sur les prix des autres produits puisque le coût du transport va augmenter à son tour.

Pression du FMI pour lever les subventions

La levée des subventions des hydrocarbures pour un régime de réalité des prix va bloquer l’appareil productif en Tunisie et porter atteinte à l’accès des citoyens à leurs droits fondamentaux, estime une lecture du système de subvention des carburants réalisée par l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE), rendue publique, jeudi, 27 octobre 2022. Et d’ajouter que depuis la signature de l’accord sur le mécanisme élargi de crédit en 2016, la Tunisie subit la pression du FMI pour lever les subventions sur les carburants et se dirige vers la « réalité des prix » en réduisant les écarts entre le prix international et le prix à la pompe et ce, afin de préserver les équilibres macroéconomiques.
L’argument principal du FMI derrière cette réforme, c’est que le système de subvention des carburants, tel qu’il est conçu actuellement est injuste, car il profite aux familles les plus aisées et véhiculées, au dépens des catégories  les plus vulnérables.
Or, souligne encore l’Observatoire, les carburants sont des produits vitaux qui touchent à plusieurs secteurs de l’activité économique (l’industrie, le transport, l’agriculture et la pêche, les commerces et l’hôtellerie…). Ainsi, l’un des impacts directs de l’augmentation des prix est que tout l’appareil économique sera négativement impacté et que le niveau général des prix croîtra.
Une levée des subventions, aura ainsi pour conséquences une hausse des coûts de la production industrielle et, partant, des produits locaux, une croissance des coûts de distribution des produits locaux, une augmentation des coûts de production des aliments de base et une montée des coûts d’exploitation pour les opérateurs privés et publics du secteur du transport, ce qui induira une hausse des coûts du transport.
Il est à mentionner qu’une accélération de l’inflation et une détérioration du pouvoir d’achat pouvant menacer le droit à l’alimentation, une perte d’emplois dans les secteurs touchés (transport, agriculture..) menaçant le droit au travail, une réduction de la mobilité des personnes et donc une restriction de leur accès à la santé et à l’éducation sont ainsi parmi les impacts à craindre d’une levée des subventions des hydrocarbures.

Rappelons que « depuis le début de 2022, le prix des carburants a été augmenté à 4 reprises, une augmentation de 3% en Février, de 3% en Mars, de 5% en Avril puis de 3,9% mi-septembre, après une interruption de 5 mois. »

 

Ghada DHAOUADI

 

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