Selon les indicateurs de l’emploi et du chômage du troisième trimestre 2022 publiés mardi par l’Institut national de la statistique (INS), le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur a augmenté pour atteindre 24.3 % au troisième trimestre 2022 contre 22.8 % au deuxième trimestre de la même année. Au troisième trimestre de l’année 2022, 37,8 % des personnes actives âgées de 15 à 24 ans étaient au chômage, contre 37,2 % au deuxième trimestre de cette année. Ce taux est de 38,5 % chez les jeunes hommes et de 36,2 % chez les jeunes femmes.

D’après les mêmes chiffres, au troisième trimestre de l’année en cours, la population active s’inscrit en baisse, s’établissant à 4 011,7 mille individus contre 4 080,5 mille au deuxième trimestre de l’année en cours, soit une diminution de 68,8 mille individus.

 L’enseignement technique et professionnel revalorisé ?

En effet, le taux de chômage tunisien est à deux chiffres de longue date. Du coup, l’économie nationale doit se coltiner ce chiffre tout en souffrant d’un déficit endémique dans certains métiers et qualifications. C’est pour cela que le ministre de l’Education, Fathi Sellaouti a assuré, à maintes reprises, que le marché de l’emploi en Tunisie cadre plutôt avec les diplômés de l’enseignement technique et professionnel. Il a ajouté qu’il y a tout un programme pour promouvoir ce type d’enseignement, du collège au diplôme, et il a insisté sur la nécessité de changer la perception de cet enseignement chez les familles tunisiennes. Il est désolant de voir chaque année, des flots de diplômés sortant des diverses institutions d’éducation et de formation au chômage, sans formation réelle et sans beaucoup d’espoir de trouver un emploi.  Ce qui explique l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande sur le marché de travail.

Pas d’études sur le réel besoin du marché du travail

D’ailleurs, le taux de chômage des diplômés du supérieur prouve qu’il n’y pas eu de travaux de prévision pour connaître les réels besoins de l’économie tunisienne par niveaux et types de qualification et changer de stratégie malgré les appels incessants aux réformes, sachant que près de 20% des diplômés du supérieur ont été contraints de suivre des trajectoires qui les ont conduits en fin de compte à se retirer du marché du travail ou même à n’avoir jamais eu l’opportunité d’y entrer.

D’ailleurs au mois de juillet, la Coordination des diplômes du supérieur sans emploi a appelé le président de la République, Kais Saïed, à accélérer la publication d’un décret présidentiel garantissant l’emploi au sein de la fonction publique, des chômeurs de longue durée parmi les titulaires de diplômes universitaires en remplacement de la  loi n° 2020-38 du 13 août 2020, portant dispositions dérogatoires pour le recrutement dans le secteur public dont le Chef de l’Etat a refusé l’application.. C’est ce qui a été rapporté par l’Agence TAP. La représentante des diplômés au chômage, Yousra Naji, a appelé à la nécessité d’inventorier les postes vacants sur tout le territoire de la République par un comité nommé par le Président de la République et un représentant des titulaires de diplômes supérieurs pour assurer la transparence, en plus de l’élaboration d’une plateforme qui classe cette catégorie selon l’âge et l’année d’obtention du diplôme et qui détermine leur nombre dans les différents gouvernorats de la République. Vaste programme s’il en est, qui ne relève pas du luxe, qui devrait cependant être entrepris sans plus tarder. Il y va de l’avenir de nos jeunes diplômés.

                   Leila SELMI