Le drame de Zarzis se poursuit et les recherches de quatre corps parmi les 18 noyés n’a pas abouti et entretemps, la colère monte depuis deux mois. Une enquête judiciaire est ainsi amorcée, des équipes de la 3ème brigade centrale d’investigation de la garde nationale se sont mobilisées pour prendre en charge cette enquête. D’ailleurs, le président de la République presse le ministre de l’Intérieur pour qu’il révèle les vérités autour du drame survenu le 18 septembre. Kaïs Saïed promet même des révélations surprenantes. Saïed était pourtant critiqué par les habitants de la ville pour le laxisme des autorités régionale et centrale, quelques jours après le drame.
Les efforts de la garde nationale ont été jugés insuffisants par les habitants de la ville, les recherches des corps des victimes étaient en majorité assurées par des pêcheurs de Zarzis, d’autant plus que les autorités officielles locales et régionales étaient absentes. Des confrontations avec les forces de l’ordre se sont produites suite à des mouvements de protestations contre l’enterrement de quelques victimes sans concerter ni informer leurs familles.
« Harcèlement et pressions »
En tout cas, les investigations autour du naufrage de l’embarcation et l’enterrement des victimes se poursuivent et les familles des victimes sont de nouveaux en colère. Au delà du laxisme des autorités, ces familles se disent « victimes de harcèlement par des agents de la Garde nationale à Zarzis ». Ce constat fait d’ailleurs l’objet d’un communiqué signé par 36 organisations nationales de la société civile, dont figurent la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’hommes (LTDH), le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), l’Association Tunisienne des femmes démocrates (AFTD) et le Syndicat national des journalistes Tunisiens (SNJT). Le communiqué évoque « un mauvais traitement et un harcèlement dont font l’objet les familles des victimes et les témoins ». Un fait condamné par les associations qui évoquent le risque d’un détournement des investigations. « Nous condamnons le mauvais traitement et l’harcèlement des familles des victimes particulièrement par des agents de la Garde nationale de la ville. « Nous mettons en garde contre toute tentative de pression sur les familles et les témoins pour détourner les investigations », indique-t-on dans le communiqué qui lance également un appel pour l’accélération des procédures judiciaires. Pour les 36 associations signataires, l’enquête en cours doit inclure les autorités officielles et sécuritaires locale et régionale, comme elle doit concerner l’intervention policière musclée pour disperser la manifestation de 18 novembre.
Appels à l’apaisement
Le communiqué prévoit comme titre « le harcèlement et la répression sont la réponse la plus facile pour l’État afin de dissimuler son incompétence et perpétuer une culture d’impunité à Zarzis ».
Il faut dire que la réaction de la société civile Tunisienne est appréhendée d’autant plus qu’elle s’est produite depuis les premiers jours après le drame. Une semaine avant, une délégation de militants pour les droits de l’homme a visité la ville pour soutenir les citoyens et les familles des victimes ainsi que les témoins. Juste après la visite, nombre d’organisations nationales ont appelé à un rassemblement protestataire à Tunis, face au théâtre municipal de Tunis. Lors de ce rassemblement, les manifestants ont appelé à la vérité pour les familles des disparus comme ils ont revendiqué la dignité pour les migrants. D’une façon générale, le rassemblement a été décidé pour soutenir les habitants de Zarzis, les familles des victimes particulièrement ainsi que pour dénoncer le silence des autorités. À Zarzis, les appels à l’apaisement de la situation trouvent de bons échos auprès de la population. D’ailleurs, le bureau local de l’UGTT a reporté la deuxième grève générale.
Zied DABBAR