Le secrétaire général adjoint et porte-parole de l’union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Tahri a estimé, que le volet fiscal du projet de la loi de finances pour l’année 2023, ne répond pas aux objectifs de la justice fiscale et nécessite une révision prenant en considération le côté social et l’amélioration du pouvoir d’achat. Tahri a ajouté dans une déclaration à la TAP que le gouvernement n’a divulgué récemment, auprès d’une délégation de la centrale syndicale, que la partie fiscale du projet de la loi de finances. Les procédures fiscales devaient comporter différentes mesures, a fait remarquer Tahri, dont la révision du tableau d’impôts des salariés et la création d’impôt sur la fortune.
Le nouveau projet de la loi de finances doit traduire les engagements du gouvernement concernant les mesures sociales notamment l’accord du 6 février 2021 et l’augmentation des salaires, a soutenu Tahri.
Appui aux catégories sociales démunies
La semaine dernière, lors d’une rencontre organisée, entre plusieurs membres et experts de l’UGTT avec la ministre des Finances, Sihem Nemsia, concernant le projet de lois de finances 2023, ces experts ont exprimé la nécessité de fixer le nombre de bénéficiaires du régime forfaitaire. Les membres du bureau exécutif de l’UGTT ont également mis l’accent sur la nécessité de renforcer les garanties nécessaires aux catégories vulnérables et moyennes à l’effet de les aider à faire face aux difficultés de la conjoncture actuelle. Me Nemsia a, par ailleurs, mis l’accent dans ce cadre sur l’importance de la dimension sociale dans le projet de loi de finances, soulignant que le gouvernement porte un intérêt particulier aux mécanismes d’accompagnement du programme en question, notamment en termes de sensibilisation des faibles et moyennes catégories sociales.
Selon l’Institut nationale de la statistique (INS), le taux d’inflation a confirmé sa tendance haussière pour le mois de novembre 2022 pour atteindre 9,8%. Une hausse expliquée par l’augmentation des prix de l’alimentation de 15,1% sur un an, notamment les prix des œufs, des viandes, des légumes frais, des huiles alimentaires…, l’augmentation des prix des produits manufacturés, qui ont augmenté de 9,8%… Le taux d’inflation atteindra bientôt les deux chiffres ce qui explique la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens et l’appauvrissement de la classe moyenne. La situation économique et sociale va de mal en pire. La majorité des secteurs sont en difficulté et cela se répercute directement sur les citoyens. Rajoutant à cela le projet de la levée des subventions sur les produits de base, ne fait que renforcer la crise. Comment est-ce possible de survivre avec les salaires actuels ?
Le SMIG à 1300 dinars, le vœu de Tabboubi
D’ailleurs, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT a assuré, cette semaine, que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Tunisie doit être à l’ordre de 1300 dinars, d’autant que le taux d’inflation augmente constamment. Taboubi a souligné dans une déclaration faite à une radio privée, que l’augmentation de la masse salariale et le recrutement dans la fonction publique doivent dépendre du taux de croissance et de la création de la richesse. Dans un tel contexte, Il n’est donc pas étonnant de remarquer que le taux de criminalité et de délinquance a augmenté récemment en Tunisie, ainsi que le nombre de personnes qui quittent clandestinement le pays chaque jour, et pire encore le nombre de diplômés qui cherchent par tous les moyens de trouver des opportunités de travail dans d’autres pays… enfin il n’est pas aussi étonnant que d’après le cabinet suisse Global Risk Profile (GRP), la Tunisie figure à la 82ème place du classement international de l’Indice mondial de corruption. L’indice mondial de corruption (ICG) couvre 196 pays et territoires et mesure l’état de la corruption et de la criminalité en col blanc dans le monde.
Espérons que l’année 2023 sera meilleure, et que choses iront pour le mieux, autrement c’est la famine qui guettera notre pays. Si en début de l’année, d’après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le nombre de pauvres dans le pays a atteint les quatre millions, soit le tiers de la population, à ce rythme-là ce chiffre risque d’atteindre la moitié de la population d’ici l’année prochaine si le gouvernement ne prenne pas les choses en main.
Leila SELMI