Depuis plusieurs mois , beaucoup de Tunisiens espèrent voir un terrain d’entente entre la centrale syndicale et le gouvernement. Les déclarations du secrétaire général Noureddine Taboubi jugées « accablantes » par certains inquiètent plusieurs experts qui pensent que le bras de fer entre les deux parties peut aggraver la situation générale du pays et donc entraver la résolution de la crise économique et sociale en Tunisie. L’UGTT, un pas en avant deux en arrière, ne cesse d’appeler au dialogue mais elle continue maintenir la pression sur le gouvernement.
Mise en garde contre une décision unilatérale
La loi présentée par le gouvernement relative aux établissements publics compte plusieurs défaillances pouvant mener à la privatisation dans le secteur public, a indiqué mardi Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Taboubi a mis en garde, dans une déclaration accordée à l’agence TAP le 13 décembre 2022, contre une décision unilatérale adoptée par le gouvernement, provoquant ainsi différentes formes de militantisme pour défendre le secteur public.
Dans le même contexte, Taboubi affirmé n’avoir aucune idée sur le projet présenté par le gouvernement et qu’il s’agit seulement des concertations autour des négociations sociales. Et d’ajouter que la centrale syndicale appelle au dialogue et à une justice fiscale. Taboubi a estimé que le gouvernement mène des tentatives visant à habituer le tunisien à la hausse des prix. L’étape actuelle est extrêmement difficile a encore signalé le secrétaire général de l’UGTT expliquant que la cause principale de cet état des lieux est le manque de la transparence.
Contrats « tacites » et allégations ?
Le 12 décembre 2022, la centrale syndicale a exprimé à l’issue de la réunion de son bureau exécutif sa condamnation des allégations faites par le gouverneur de la banque centrale et la ministre des finances, ainsi que le ministre de l’économie et de la planification, relatives à une participation de l’UGTT à l’élaboration du programme du gouvernement. L’UGTT n’est pas appelée à respecter des accords auxquels elle n’a pas participé, et qui portent aussi atteinte à l’intérêt public. La centrale syndicale a réitéré son rejet de la levée des subventions et la privatisation des établissements publics. L’UGTT a également affirmé son attachement à préserver la pérennité des établissements publics et a mis en garde contre toute mesure unilatérale pouvant susciter la colère du peuple.
A noter que la centrale syndicale a réitéré son appel à préserver le droit du peuple, des organisations et des partis de prendre connaissance des contrats « tacites » conclus entre le gouvernement et les structures financières internationales.
Loi 89-9 !
Il est à mentionner qu’ en marge des travaux de la conférence tenue le 13 décembre axée sur l’examen de la loi n 89-9 du 1er février 1989 présentée par le gouvernement, Taboubi a rappelé la tenue d’une réunion du bureau exécutif, le 21 décembre courant et une autre le 22 décembre, regroupant les secrétaires généraux des fédérations pour prendre une décision adéquate concernant les questions nationales.
Il est réservé à l’Etat, aux collectivités publiques locales, aux établissements publics et aux sociétés dont le capital est entièrement détenu par l’Etat, dans les conseils d’administrations des entreprises auxquelles ils participent, un nombre de sièges proportionnel à leur participation respective, lit-on dans le premier article de la loi susmentionnée.
Les modes et les conditions de désignation des représentants de l’Etat, des collectivités publiques locales, des établissements publics et des sociétés dont le capital est détenu entièrement par l’Etat sont fixés par décret dans la mesure où des lois spécifiques ne prévoient pas de dispositions particulières à cet égard. Ces représentants sont dispensés de fournir un cautionnement et ne peuvent pas être personnellement actionnaires, d’après le deuxième article. Et d’ajouter que par dérogation aux dispositions de l’article 75 du code du commerce, l’Etat, les collectivités publiques locales, les établissements publics et les sociétés dont le capital est détenu entièrement par l’Etat sont dispensés de l’obligation de déposer des actions de garantie au titre de leurs représentants aux conseils d’administration des entreprises dans lesquelles ils participent.
Selon le sixième article, l’Etat est représenté aux assemblées générales par un mandataire spécial. La nomination en qualité de mandataire spécial dans une entreprise est incompatible avec celle de directeur général de l’entreprise. Les attributions et les conditions de nomination des mandataires spéciaux sont fixées par décret.
Ghada DHAOUADI